Cegid se désengage du secteur public

Dans le cadre de sa stratégie d’hypercroissance, Cegid recentre son activité sur le secteur privé. Cegid Public – a priori moins porteur – est cédé à un fonds français. L’équipe dirigeante de l’unité suit le mouvement.

Depuis son rachat par des fonds anglo-saxons et le changement de sa direction, l’éditeur lyonnais d’ERP a entamé une longue route pour devenir un leader européen.

Pour atteindre ce but, les axes de développements suivis sous la houlette de Pascal Houillon (ex de Sage et successeur de l’historique Patrick Bertrand) sont nombreux. Poursuite de la cloudification, multiplication des rachats (dont Qualiac, Loop ou Cylande, et début août de Meta4), simplification de la gamme (restructurée en trois catégories clefs : DAF, RH, Retail), clarification de l’offre ERP (avec une marque unique « XRP »), exploration de l’intelligence artificielle, approfondissement des partenariats (Azure, IBM, et peut-être demain Google) et signature de nouveaux accords (Cegid est devenu revendeur exclusif d’Acumatica en France en toute discrétion), sans oublier des velléités plus fortes dans le HCM/SIRH.

Cette stratégie ambitieuse s’incarne désormais aussi – officiellement – par un recentrage sur le secteur privé (« les marchés cibles »).

Cegid Public cédé à Azulis Capital

Dit autrement, Cegid n’entend plus proposer de solution dédiée au secteur public. Il va revendre (transaction en cours) son unité Cegid Public au fonds français Azulis Capital.

« Cegid a décidé de concentrer son activité sur le secteur privé qui représente la grande majorité de son chiffre d’affaires » justifie le communiqué de l’éditeur sans plus de précision sur le revenu généré par cette unité.

On peut imaginer que d’autres raisons expliquent aussi cette cession, comme la plus grande lenteur des prises de décision dans le secteur public alors que Cegid s’est lancé dans une croissance très rapide. Cegid a en effet réalisé 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017, 400 millions en 2018 et Pascal Houillon vise les 600 millions dès 2021 – soit un doublement du CA en moins de 5 ans.

Autre piste d’explication, les migrations du secteur public vers le cloud – en plus du changement culturel – sont plus « sensibles ». Et même si Cegid bénéficie de partenaires techniques solides avec IBM et Microsoft, les deux infrastructures sont légalement soumises aux « ACT » (Patriot ACT, CLOUD Act, etc.), même si elles sont localisées en France. Les métiers du privé peuvent ne pas s’en préoccuper – laissant souvent l’IT, le légal et le RSSI devant le fait accompli – mais la chaîne de décision du public peut être plus tatillonne (sur les gros contrats en tout cas) et exiger des options de chiffrements complémentaires (comme la gestion des clefs en propre).

Quoi qu’il en soit, Cegid Public n’entrait plus dans les plans d’investissement de l’éditeur comme le laisse entendre en creux Laurent Leenhardt, directeur de la BU ERP, lorsqu’il déclare qu’« en rejoignant Azulis Capital […] l’équipe bénéficie ainsi de toutes les ressources nécessaires à son potentiel de développement ».

On retrouve la même analyse entre les lignes des déclarations d’Azulis Capital : « nous avons la volonté d’accompagner Cegid Public dans la poursuite de son développement [...] en complétant, si nécessaire, sa gamme de produits pour mieux servir ses clients », promet Nicolas Cosson, directeur Associé d’Azulis Capital.

Un capitaine chez Cegid depuis 24 ans 

L’équipe dirigeante du navire Cegid Public quitte également la flotte lyonnaise pour voguer sous son nouveau pavillon puisqu’elle devient associée au capital au sein de sa nouvelle entité.

« Les investissements nécessaires pour développer les futurs produits et les ressources adéquates sont prévus dans le plan de développement, qui sera conduit par l’équipe dirigeante emmenée par Régis Baudouin » synthétise en une phrase le communiqué officiel de l’opération.

Régis Baudouin était chez Cegid depuis 24 ans.

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