« C'est mal connaître Salesforce de penser que nous voulons enfermer nos clients » (Olivier Derrien)

En juin dernier, Mike Capone, PDG de Qlik publiait une tribune visant Salesforce et Google après le rachat de Tableau et de Looker. Il les accusait de vouloir rendre les clients captifs du cloud. Olivier Derrien, PDG de Salesforce France, considère cette réaction comme une forme de frustration de la part du dirigeant.

« Ces deux acquisitions vont à l’encontre des notions de choix et de flexibilité du multi-cloud, et il est crucial pour les clients d’en être conscients », avertissait Mike Capone en juin dernier.

« La promesse du cloud était d’éviter le verrouillage des données, or il semble que certains fournisseurs cherchent à répéter les modèles du passé », renchérissait le PDG de Qlik.

L'enfermement dans le cloud préoccupe les clients français

La dernière intervention du Cigref, l’association regroupant 150 grandes entreprises et administrations publiques françaises, converge en ce sens. « Certains grands fournisseurs mondiaux de services cloud [...] défendent le cœur de leur activité commerciale et leur capacité d’enfermement de leurs clients », écrit-elle dans une tribune. Elle dénonce avant tout un manque de considération de la part des éditeurs SaaS pour leurs clients.

 Lors de Dreamforce, Salesforce a insisté sur l’unification de ses produits au sein de l’offre Customer 360. Celle-ci doit permettre aux utilisateurs du CRM de profiter d’une vision omnisciente des consommateurs et des clients. Techniquement, les différents PaaS et SaaS de l’éditeur sont hébergés uniquement sur le cloud. Suivant les technologies déployées, Salesforce a des accords avec AWS, Google Cloud Platform et Microsoft Azure.

 Le numéro 1 du CRM a donc une approche multicloud, mais les dirigeants l’admettent eux-mêmes : celle-ci résulte d’une succession d’acquisitions. De fait, pour analyser les enregistrements dans Salesforce, il faut les importer dans le nuage. Si les clients peuvent exiger que leurs données soient hébergées dans certains datacenters, chacun des services est dépendant d’un fournisseur spécifique.

Salesforce se dit « ouvert » dans approche technologique

« C’est mal connaître Salesforce de penser que nous voulons enfermer nos clients. [...] Ceux qui disent le contraire, j'ai l'impression qu'ils sont un peu frustrés. »
Olivier DerrienPDG, Salesforce France

Pour autant, l’éditeur réfute l’idée de la notion d’enfermement. « C’est mal connaître Salesforce de penser que nous voulons enfermer nos clients », déclare Olivier Derrien, PDG de Salesforce France. « Depuis 21 ans, il y a une notion d’ouverture fondamentale chez Salesforce. Personne n’a que nos solutions dans son système d’information, comme l’a répété à l’envi Marc Benioff lors de la conférence d’ouverture. Ceux qui disent le contraire, j’ai l’impression qu’ils sont un peu frustrés. Nous sommes très ouverts dans notre culture, notre état d’esprit et nos technologies », répond-il à ses détracteurs.

Cependant, le dirigeant illustre ces propos avec des exemples récents, en mentionnant des produits acquis il y a moins de deux ans.

« Avec le rachat de Tableau et de Mulesoft, nous allons pouvoir faire des choses qui sont pas directement liés au CRM. Nous pouvons intégrer des SAP, Oracle ou Microsoft avec Mulesoft sans Salesforce et nous faisons des analyses très intéressantes sur le contrôle de gestion ou autre avec Tableau », assure Olivier Derrien. La plateforme d’intégration Anypoint de Mulesoft est, en effet, disponible pour des environnements sur site, hybride et dans le cloud. C’est la technologie qui fait maintenant le pont entre les différentes PaaS de Salesforce.

« Une des grandes batailles qui se mène actuellement, c’est celle de la gestion de la donnée au sens large. « Quand nous achetons Mulesoft [l’éditeur d’une iPaaS, N.D.L.R.], c’est pour pouvoir mieux intégrer et mieux fluidifier la donnée consommateur chez nos clients. L’intégration de Tableau et toutes les annonces faites autour de la Customer 360 Truth et 360 Audience vont aussi dans cette direction », justifie Sébastien Zins, Senior vice-président, Retail Sales, Salesforce France.

Tableau propose de son côté un logiciel à installer sur site, la licence Desktop. Pour l’instant, cette édition est maintenue. La mise à jour la plus récente date du 6 novembre 2019.

Ce n’est pas forcément dans l’intérêt de Salesforce de se couper de la base de solutions déployées. Si un tel service on premise venait à disparaître, cela pourrait faire les affaires de Qlik et de Power BI de Microsoft, comme le pressentait Mike Capone en juin dernier.

Edouard Beaucourt, PDG France de Tableau estime aller « là où sont les données » de ses clients. Selon lui, elles convergent dans le cloud public.

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