Stockage : HPE n’équipera pas ses Primera d’Optane avant fin 2020

Le constructeur a dévoilé lors de son événement parisien HPE Discover More la stratégie autour de ses nouvelles baies de disques et a battu en brèche la communication technophile de ses concurrents.

HPE, qui avait été le premier à proposer des unités Flash Optane DC P4800X sur ses baies de disques 3Par 9450, sera aussi le dernier à le faire sur sa nouvelle gamme. Les baies Primera, qui ont été lancées cet été et dont les livraisons ont démarré en septembre dernier, ne seront pas fournies avec cette option avant fin 2020, alors que Dell EMC et Pure Storage se targuent de l’avoir déjà à leurs catalogues. HPE est à contre-courant de l’euphorie technologique qui s’empare de ses concurrents : il n’équipera pas non plus ses Primera d’une connectique NVMe-over-Fabrics avant 2021.

« Il n’existe tout simplement pas de demande pour ces technologies, pas à l’heure actuelle », lance Michel Parent, directeur des produits de stockage primaire chez HPE, lors du salon HPE Discover More que le constructeur a organisé cette semaine à Paris pour réunir ses clients.

« Concernant Optane, les seules applications qui en tirent parti sont celles qui ont besoin d’accéder à leurs données en moins de 10 microsecondes. C’est un cas d’usage extrêmement marginal ! Y compris chez nos clients qui exécutent des traitements critiques. » Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir, HPE n’a d’ailleurs jamais réussi à vendre en France de baie 3PAR équipée de modules Optane, alors que la configuration est toujours au catalogue.

« Quant au NVMe-over-Fabrics, il ne sert à rien si les serveurs et le stockage ne sont pas reliés par une infrastructure Fiber Channel en 32 Gbit/s. Nos clients, eux, sont en FC 8 ou 16 Gbit/s », ajoute-t-il. Et de brandir une étude d’IDC selon laquelle HPE aurait été le plus gros vendeur de stockage Flash en France au second trimestre de cette année, histoire de dire que le constructeur est tout à fait en phase avec les attentes du public en matière de performances.

Parier plutôt sur la simplicité d’administration

Pour HPE, pas besoin de surfer sur les tendances dernier cri. Sa nouvelle gamme Primera aurait d’autres atouts, bien plus pragmatiques.

Successeurs technologiques des baies de la gamme 3Par, les Primera bénéficient d’un système d’exploitation PrimeraOS 4.0 qui n’a plus rien à voir avec l’actuel 3ParOS 3.3.1. D’abord, il a été entièrement réécrit en mode user-space. Outre faciliter le travail de HPE pour développer de futures fonctionnalités, ce détail signifie qu’il n’est plus nécessaire de redémarrer les nœuds à chaque mise à jour du système.

Ensuite, PrimeraOS exécute désormais lui-même la machine virtuelle d’administration : plus besoin d’aller maintenir sur un cluster VMware externe une VM Service Processor pour chaque baie 3Par en production.

« Désormais, la baie est autonome. Elle se connecte à notre service SaaS Infosight, y télécharge ses mises à jour qu’elle installe toute seule, et exécute elle-même des fonctions appelées Workload Insight et Performance Insight, qui diagnostiquent les temps de réponse des disques et adaptent les accès pour améliorer en continu la performance, mais aussi garantir 100 % de disponibilité », avance Michel Parent.

« Nous nous donnons six mois d’observation durant lesquels, nous – ou nos intégrateurs – venons configurer les machines chez nos clients. Mais au-delà, nous pensons pouvoir laisser nos clients installer eux-mêmes les baies », ajoute-t-il.

« Au-delà de l’aspect technique, il est vrai que nous avions choisi de nous équiper en baies de stockage 3Par parce qu’elles nous simplifient la vie. »
Thierry SchaalAdista

« Au-delà de l’aspect technique, il est vrai que nous avions choisi de nous équiper en baies de stockage 3Par parce qu’elles nous simplifient la vie », témoigne Thierry Schaal, directeur de l’offre ITaaS chez le prestataire Adista. « Ces solutions nous aident beaucoup pour alléger notre charge d’administration système et parvenir à offrir à nos clients des services comme la haute disponibilité ou, demain, un portail à partir duquel ils activeront à la demande des ressources parmi les infrastructures que nous hébergeons. »  Il indique que ses équipes évaluent en ce moment les nouvelles Primera, mais qu’il est trop tôt pour savoir quand il en déploiera.

Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir lors de l’événement HPE Discover More de Paris, HPE devrait maintenir encore pendant au moins un an les 3Par à son catalogue, afin de continuer à servir ses clients qui ont validé l’adoption de ces baies il y a quelque temps, mais qui échelonnent leurs achats au fil du temps.

Jusqu’à 4 Po de données par baie, avec des disques SAS accélérés par de la RAM

Sur le plan matériel, la mémoire est à présent unifiée. Elle était coupée en deux sur 3Par ; il y avait une partie dédiée aux processeurs et à l’OS, et une autre qui servait uniquement de cache aux ASICs, des puces spécifiques, pour accélérer les entrées-sorties. « Unifier la mémoire nous permet d’ajuster dynamiquement la quantité de RAM dédiée à telle ou telle fonction et, plus concrètement, servira à proposer sous peu des services de stockage très rapides, comme le NAS », dit-il, en précisant que NAS et stockage objet arriveront bientôt – sans doute au premier semestre 2020 - avec de nouvelles mises à jour de l’OS.

Trois modèles de Primera sont disponibles. L’entrée de gamme Primera 630, de taille 2U, contient deux nœuds « contrôleurs », chacun avec 1 processeur Xeon, 1 ASIC et 12 disques. Le milieu de gamme 650, de taille 4U, a quatre de ces nœuds, soit un total de 48 disques. Le haut de gamme 670 est similaire au 650, soit 4U et 48 disques, mais chacun de ses nœuds est doté de deux Xeon et 4 ASICs. Il est possible d’étendre la quantité de disques au moyen de tiroirs 2U contenant 24 disques supplémentaires.

« Sur 3Par, nous proposions des configurations avec huit contrôleurs. Mais, en fait, les clients ne les prenaient pas, de peur que cela augmente le risque de pannes. Nous nous sommes donc limités ici à quatre contrôleurs, ce qui n’empêche pas d’enchaîner les baies Primera en réseau », commente Michel Parent.  

« Nous pensons qu’il ne sert à rien de proposer aujourd’hui des contrôleurs avec uniquement des unités NVMe, car cette connectique sature plus rapidement les processeurs. »
Michel ParentHPE

Dans tous les cas, les disques sont reliés par défaut en SAS, mais chaque nœud supporte que 4 de ses disques soient connectés en NVMe. Le cache pour les écritures comme pour les lectures est uniquement constitué de barrettes mémoire, chaque nœud pouvant avoir 128 ou 256 Go de RAM.

« Nous pensons qu’il ne sert à rien de proposer aujourd’hui des contrôleurs avec uniquement des unités NVMe, car cette connectique sature plus rapidement les processeurs. Avec la génération actuelle de Xeon, les disques NVMe sont rentables s’ils sont présents en petite quantité. Mais une baie avec 48 disques NVMe ne va pas plus vite qu’une baie avec 48 disques SAS. Non, la vraie force de nos baies 3Par et Primera est d’accélérer les accès en amont, avec des ASICs dédiés et une quantité de RAM record. »

Les machines sont soit fournies avec uniquement des disques SSD (famille A, alias « All Flash » : A630, A650, A670) pour un maximum de 1,6 Po de capacité brute, soit équipées d’un mix de disques mécaniques 10K et SSD (famille C, alias « Converged Flash » : C630, C650 et C670) pour un maximum de 4 Po de capacité brute, tiroirs de disques externes compris. Plusieurs modèles de disques sont proposés, avec des capacités allant de 1,92 à 15,36 To.

D’ici à 2021, de l’Optane juste pour les métadonnées et du NVMe-oF pour le back-end

La mémoire RAM, qui grimpe jusqu’à 1 To, ainsi que les puces propriétaires ASIC Gen 6 sont les caractéristiques qui permettent à une baie Primera 670 d’atteindre 2,3 millions d’IOPS, un débit de 75 Go/s et une latence inférieure à la milliseconde.

Comparativement, une baie PowerMax 2000 de Dell EMC, également en 4U, mais avec seulement 24 disques, atteint 1,7 million d’IOPS et 300 microsecondes de latence sans Optane ni NVMe-over-Fabrics. Elle passe en revanche à 7,5 millions d’IOPS et moins de 100 microsecondes de latence quand elle est équipée de ces deux technologies.

« Nous proposerons des unités SCM [Storage-Class Memory, N.D.R.] d’ici à la fin 2020 », indique Michel Parent, sans toutefois préciser s’il s’agira des SSD Optane DC d’Intel, des équivalents que Micron vient de lancer, ou encore d’autre chose.

« Mais ne vous attendez pas à ce que nous fournissions des nœuds avec une classe de stockage SCM, ou que nous utilisions ces unités en guise de cache alternatif pour les entrées-sorties. Non, les SCM, lorsque nous les mettrons au catalogue, ne serviront qu’à contenir des métadonnées pour accélérer les services de stockage que nous proposerons d’ici là. »

« Le NVMe-over-Fabric arrivera d’ici à 2021, sur le back-end, c’est-à-dire pour relier les contrôleurs Primera à des tiroirs de disques Flash équipés de disques NVMe lorsque les processeurs seront assez puissants pour le permettre, mais aussi pour relier deux Primera entre elles à des fins de réplication encore plus rapide. Et il s’agira dans ce cas d’un NVMe-over-RoCE, c’est-à-dire avec des liens Ethernet », indique Michel Parent, en contournant tous les efforts du MagIT pour savoir quand serait disponible une connectique NVMe-over-FC sur le front-end, c’est-à-dire entre les serveurs et les Primera, via des liens Fiber Channel.

« Nous choisissons de l’Ethernet dans un premier temps, car il est plus simple d’obtenir des pilotes stables, qui garantissent les performances. Sur Primera, grâce à la nouvelle structure de l’OS, nous parvenons ainsi à répliquer deux baies entre elles via deux ports Ethernet 10 Gbit/s plus rapidement que nous ne le faisons sur 3Par avec quatre ports FC 16 Gbit/s », conclut-il.

Pour approfondir sur SAN et NAS

Close