ERP : Koch croque Infor, bonne nouvelle pour les clients (analystes)

La deuxième plus grosse société non cotée des États-Unis était déjà actionnaire majoritaire d’Infor. Le rachat des parts qui lui manquaient semble éviter l’introduction en bourse prévue de l’éditeur et promet une stratégie d’investissement à long terme.

L’éditeur new-yorkais d’ERP et d’applications métiers Infor va devenir une filiale autonome du géant américain, Koch Industries, suite à un accord annoncé ce mardi.

Koch était déjà un investisseur majeur d’Infor et un de ses plus gros utilisateurs. Le rapprochement des deux sociétés est cependant passé à la vitesse supérieure cette semaine. Koch Equity Development, la branche investissement du groupe Koch, a en effet conclu un accord aux termes duquel il rachète le reste des parts qui ne lui appartenaient pas et qui étaient détenues par Golden Gate Capital.

Le fonds Golden Gate Capital était l’actionnaire historique d’Infor, un éditeur qu’il a grandement aidé à construire à coup d’acquisitions successives – dont l’éditeur allemand Infor, puisque initialement Infor s’appelait Agilisys (un ERP pour l’industrie laitière) avant de changer de nom et de reprendre celui de cette acquisition en 2007.

Le géant industriel Koch était déjà présent au capital d’Infor à hauteur de 4 milliards de dollars (2,5 Md $ en 2017 et 1,5 Md $ en 2019).

Pas d’IPO : une bonne nouvelle pour les clients

Récemment, Infor avait nommé son DAF au poste de PDG, ce qui confirmait des velléités d’introduction en bourse, même si le nouveau patron de l’éditeur (Kevin Samuelson), comme l’ancien (Charles Philips), répétait – à raison – que rien n’était décidé et qu’il fallait laisser le temps au temps.

Selon plusieurs analystes, l’annonce du rachat total d’Infor par Koch plutôt qu’une entrée en bourse (IPO) serait très positive pour les utilisateurs et les clients.

Premièrement, les expériences concrètes de nombreux secteurs et les très profondes connaissances industrielles de Koch devraient aider le développement des ERP d’Infor.

Ensuite, dans cette opération, Koch n’est pas dans une optique purement financière. Il voit au contraire Infor comme un relais de croissance et de diversification à faire monter en puissance. Koch devrait donc continuer à investir massivement dans Infor, selon les analystes.

« À long terme, cela sera bénéfique pour les clients. Koch a les poches bien remplies et investit pour sa croissance », estime Ray Wang, analyste principal chez Constellation Research. « Si Infor était entré en bourse, les marchés l’auraient systématiquement puni dès qu’il aurait décidé de faire un pari à long terme, ce qui pouvait affaiblir la société à court terme ».

Le modèle d’investissement de Koch est à long terme

À l’inverse, la stratégie d’investissement de Koch a toujours eu une vision à long terme. Selon Trevor White, analyste chez Nucleus Research (Boston), Koch sélectionne des entreprises à capitaux privés « et il investit vraiment dedans ».

Pour lui aussi, l’acquisition serait une bonne nouvelle pour les clients d’Infor. D’autant plus que ces utilisateurs se posaient de plus en plus de questions sur l’impact potentiellement négatif d’une introduction en bourse (ralentissement des développements, coupes dans les équipes locales, hausse des prix, etc.), ajoute-t-il.

Le modèle économique général de Koch – qui n’est pas un groupe coté malgré sa taille immense – consiste a contrario à réinvestir le plus possible ses bénéfices dans ses filiales, et « je ne vois pas pourquoi ils ne le feraient pas avec Infor aussi », insiste Trevor White.

Même son de cloche, volontairement rassurant, chez Kevin Samuelson (PDG d’Infor), qui souligne bien dans sa déclaration d’annonce du rachat que Koch « réinvestit 90 % de ses bénéfices dans ses entreprises ».

Comme si Saint-Gobain rachetait Cegid ou Divalto

Infor avait dévoilé, en 2017, que Koch Industries avait déployé sa CloudSuite pour la gestion financière et les RH. Vue d’Europe, l’annonce n’avait pas marqué les esprits, mais aux États-Unis, où Koch est très connu, elle montrait qu’Infor pouvait se positionner en vrai concurrent d’Oracle, de SAP ou de Microsoft.

Koch était entré au capital d’Infor la même année – un peu comme si, en France, Saint-Gobain avait massivement investi dans Divalto ou dans Cegid aux côtés des fonds anglo-saxons pour l’aider à grandir. « Ces technologies en arrivent au point où elles vont transformer les industries. Nous voulons être ceux qui mènent cette transformation plutôt que ceux qui sont ringardisés à cause d’elles », avait expliqué Charles Koch, un des fondateurs et dirigeants du groupe, lors de l’Inforum 2017 (cf. photo du MagIT en haut de l’article).

Koch est un géant industriel présent dans les secteurs de l’énergie, du raffinage, de l’électronique, de la chimie, de la finance, du courtage de matières premières, etc. Le groupe emploie près de 130 000 personnes dans le monde. Son chiffre d’affaires annuel dépasse les 110 milliards de dollars, ce qui en fait la deuxième plus grosse société non cotée des États-Unis (derrière Cargill).

Infor, basée à New York, emploie 17 400 personnes et revendique 68 000 clients pour un CA de 3,2 milliards $. En Europe, Infor affiche une croissance de 15 % de ses revenus et de 65 % du cloud en France.

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