Infor Inspire 2019 : Data Sciences, Supply Chain prédictive et promesses de RPA

Lors de son évènement européen, l'éditeur new-yorkais d'ERP a confirmé la progression de sa transition vers le cloud. Il a également ouvert ses données aux data scientists, infusé du machine learning dans Nexus, et dévoilé ses projets d'automatisation robotique.

IPO ? Pas IPO ? La question d'une possible introduction en bourse (Initial Public Offering, ou IPO en anglais) a plané sur l'évènement clients européen d'Infor qui s'est tenu cette année à Amsterdam.

Son président, Charles Phillips, a même pris les devants lors de son intervention sur la scène du Inspire 2019. En substance, l'éditeur d'ERP et de solutions métiers basé à New-York envisage bien cette option, mais il attend les bonnes conditions macroéconomiques pour se lancer. « Nous gérons Infor comme si nous étions déjà une société cotée », a-t-il lancé. Attendre est un luxe qu'il peut se permettre depuis que le géant industriel Koch est entré au capital à hauteur de 4 milliards de dollars (2,5 Md$ en 2017 et 1,5 Md$ en début d'année) - un peu comme si, en France, Saint-Gobain avait massivement investi dans Cegid aux côtés des fonds anglo-saxons pour l'aider à grandir.

Depuis, Infor continue - sereinement - sa croissance, notamment dans le cloud. Le cloud est d'ailleurs un des trois thèmes qui auront marqué cette édition 2019 avec la data Science, la supply chain (Nexus) et le RPA.

Un bon quart de revenus cloud

Infor a été un des premiers acteurs historiques de l'ERP à jouer la carte du SaaS. Aujourd'hui, il revendique 9.000 clients (et 77 millions d'utilisateurs) dans le cloud, avec un taux de croissance des revenus SaaS de +36 % en 2018.

Interrogés par LeMagIT, Charles Phillips et son directeur financier estiment qu'un gros quart du chiffre d'affaires d'Infor vient désormais du cloud.

La majorité des ventes de l'éditeur - toute ligne de produits confondus (ERP, CRM, HCM, EAM) - se font aujourd'hui sur ces offres. Et la moitié de ces clients cloud n'étaient pas du tout clients d'Infor, se réjouit le CTO Soma Somasundaram (ces « net new » sont 56 % sur M3 en cloud, 65 % pour LN, et 40 % pour l'EAM).

 La montée en puissance dans le SaaS a plusieurs intérêts indirects pour l'éditeur.

D'une part, ce mode de déploiement lui permet en retour de collecter de plus en plus de données d'utilisation pour alimenter son Data Lake. Et donc, dans un deuxième temps, pour nourrir son intelligence artificielle maison, Coleman.

D'autre part, l'arrivée à maturité de plusieurs micro-verticaux de sa CloudSuite - notamment pour l'industrie manufacturière - lui permet de plus attaquer le segment des PME. « Notre croissance est uniformément répartie (NDR : entre PME, Midmarket et grands comptes) », souligne aujourd'hui le directeur financier Kevin Samuelson.

Côté infrastructure, Infor reste 100 % AWS. La réticence du secteur de la distribution n'a pas fait changer d'avis l'éditeur - là où d'autres ont décidé de mettre un pied chez Microsoft ou Google. Questionné sur ce point par LeMagIT, Charles Phillips ne ferme pas la porte à l'option GCP ou Azure sur le long terme, mais elle n'est pas dans les projets actuels.

Conclusion : son Data Lake est, et restera, uniquement sur S3.

Ouverture à la Data Science « sur mesure »

Cette alliance exclusive se traduit également dans l'Intelligence Artificielle où son bot - et ses algorithmes infusés dans son SaaS - sont intimement liés au PaaS d'AWS. L'arrivée de l'assistant vocal Coleman en français dépendra par exemple des travaux d'Amazon pour mettre à jour ses APIs avec le support de notre langue.

En contrepartie, ce choix permet à Infor de travailler sa technologie (en particulier son middleware) afin de l'optimiser pour l'infrastructure d'AWS. Ne pas avoir de datacenter en propre lui permet aussi « de concentrer tous les investissements dans les applications, et pas sur des serveurs, du stockage, du réseau, une base de données ou un système d'exploitation », dixt Charles Phillips dans une attaque sibylline contre SAP et Oracle.

Toujours au crédit de cette alliance, Infor va lancer dans le courant du printemps un « Coleman AI on SageMaker ».

Évoqué rapidement sur scène, Charles Phillips nous a précisé l'objectif de cette nouvelle offre PaaS. En substance, il s'agit de donner la main aux data scientists des clients qui souhaiteraient développeur leurs propres algorithmes de Machine Learning et les appliquer - via AWS SageMaker - au datalake d'Infor.

« Les clients peuvent faire eux-mêmes leur propre Coleman, comme nous le faisons », résume le président d'Infor.

Nexus & supply chain prédictive

Infor se positionne également de plus en plus sur la chaine logistique inter-entreprises avec Nexus (ex-GT Nexus).

L'idée est assez semblable à la collaboration entre différents acteurs d'une chaine de valeur que l'on retrouve dans certains projets blockchain. Mais avec plusieurs grosses différences. « Nexus est un registre centralisé, entre acteurs qui se connaissent déjà », compare Charles Phillips.

Le numéro un d'Infor précise toutefois que l'éditeur ne cherche en aucun cas à imposer Nexus à un écosystème. « Il s'agit au contraire de renforcer les relations qui existent déjà entre des acteurs. Ce que nous leur disons c'est "si vous voulez travailler ensemble, les uns avec les autres, nous avons une plate-forme à vous proposer" ».

Les informations de Nexus - qui permettent par exemple de suivre des containers sur un cargo et d'anticiper les conséquences d'un retard de livraisons - sont intégrées dans l'ERP.

Infor va également faire du prédictif « en appliquant du Machine Learning sur douze années de données [de Nexus] ».

Promesses de RPA

Parmi les autres évolutions clef, on retiendra qu'Infor aura officiellement parlé de RPA (Robotic Process Automation) à cet Inspire 2019 d'Amsterdam.

Dans un premier temps, le « robot » automatisera des tâches simples, « les points de douleurs clairement identifiés », nous confirme Charles Phillips. « Dans un deuxième temps, [le RPA] pourra donner des idées pour de nouvelles optimisations », sous-entendu en les découvrant lui même en analysant les workflows et les procédures du client.

Ce « deuxième temps » n'est pas pour tout de suite. Charles Phillips constate en effet que le RPA en est encore à sa première phase, qui touche surtout des procédures très standardisées « comme l'optimisation des inventaires », « les phases entre une commande et la livraison » ou certaines opérations comptables. Mais la direction du développement est donnée.

Les clients garderont néanmoins la main. « Une notification sera envoyée quand le RPA repèrera des workflows qui peuvent être automatisés pour demander à l'utilisateur s'il veut qu'il le soit », nous précise Charles Phillips.

Le RPA d'Infor sera « bientôt disponible », sans plus de précision sur le calendrier. L'annonce laisse néanmoins penser que l'outil sera opérationnel pour septembre et l'évènement annuel de l'éditeur aux Etats-Unis.

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