Dell Technologies va passer ses VxRail en mode souscription

Le constructeur veut mettre la facturation de ses matériels au diapason du cloud hybride, en les louant selon leur usage mensuel plutôt qu’en les vendant une bonne fois pour toutes. Les analystes doutent.

Cet article est extrait d'un de nos magazines. Téléchargez gratuitement ce numéro de : STORAGE: Storage 22 : HCI : les machines bientôt facturées comme du cloud

Dell Technologies fait le pari que, puisque la mode est au cloud hybride, les entreprises préféreront qu’on leur facture matériels, logiciels et services sous la forme d’une souscription mensuelle. De fait, les machines hyperconvergées VxRail du constructeur, qui combinent des serveurs avec la pile logicielle VMware Cloud Foundation, ne seront désormais plus vendues, mais louées. L’intérêt ? L’entreprise peut éventuellement ne conserver des nœuds que pendant deux semaines. 

Cela dit, cette offre s’accompagnera tout de même d’un engagement sur une ou trois années. La souscription mensuelle est calculée selon le nombre de nœuds utilisés, avec un tarif de base de 70 $ par nœud et par jour. Selon Dell, l’avantage de cette formule serait de permettre aux entreprises de louer momentanément des nœuds supplémentaires, sans avoir à renégocier quoique ce soit. Sous-entendu : Dell jure qu’il n’augmentera pas le tarif de base durant toute la période d’engagement. En revanche, le constructeur se garde bien de préciser si l’entreprise cliente pourra, elle, obtenir des tarifs à la baisse au fil du temps.  

Ce nouveau modèle commercial démarre ces jours-ci aux États-Unis et devrait s’appliquer dans les mois qui viennent au reste du monde.

Minimiser le choix du matériel

Cette facturation en mode « cloud hybride » n’est pas une surprise. En novembre dernier, Dell Technologies avait ainsi lancé un programme Dell on Demand qui facturait l’infrastructure comme un service. Cette offre s’accompagnait d’un nouveau logiciel, PowerOne Controller, qui sert justement à contrôler le déploiement des infrastructures – en plus de les administrer.

L’été dernier, son concurrent HPE avait lui aussi donné les grandes lignes d’une transition de sa facturation vers un système orienté logiciel et service d’ici à 2022. Là aussi, il s’agirait de commercialiser les matériels sous la forme de différentes souscriptions, selon l’utilisation mensuelle. Cela dit, HPE a indiqué qu’il conserverait en parallèle un modèle de vente plus traditionnel, pour laisser le choix aux entreprises.

« Le nouveau modèle commercial de Dell est juste une réponse à celui que HPE est en train de mettre en place, via sa structure Greenlake. L’idée est de présenter la gestion du cycle de vie des machines comme un service parmi d’autres », commente Geoff Woollacott, analyste chez Technology Business Research.

« Ce qui change en pratique, c’est que l’on minimise le choix du matériel. Les entreprises vont décider des logiciels qu’elles utiliseront et on leur proposera des matériels pour les exécuter, en leur expliquant que le prix qu’elles paieront tous les mois par nœud est celui qui correspond à la puissance dont le logiciel a besoin pour répondre à leurs attentes », ajoute-t-il.

Des effets de bord qui ne sont pas encore très clairs

 « Il y a néanmoins un problème avec des offres aussi intégrées que la gamme VxRail : leurs composants internes évoluent rapidement. Qui plus est, la promesse de Dell, dans ce nouveau modèle, est de fournir du matériel restant synchrone avec les offres d’IaaS en cloud, lesquelles évoluent aussi régulièrement. Par conséquent, les entreprises vont devoir se retrouver à tester et valider le fonctionnement des machines régulièrement, mais cela va leur coûter du temps à chaque fois », dit pour sa part Holger Mueller, analyste chez Constellation Research.

« Il est indéniable que les utilisateurs veulent mieux contrôler la manière dont se combinent infrastructures sur site et ressources en cloud. Mais valider du matériel, puis s’assurer que la pile logicielle de cloud privé est toujours bien implémentée, va surtout ralentir les projets de cloud. Qui plus est chez les entreprises qui ont déjà eu du mal à concevoir un cloud hybride par-dessus le bagage historique de VMware » abonde Dave Bartoletti, analyste chez Forrester.

Dell prétend aussi que sa nouvelle formule commerciale vaudra autant pour les équipements à installer dans les datacenters des sièges que pour ceux à déployer dans les succursales. Selon ses dires, elle devrait même faciliter le redéploiement des flottes de machines.

« En effet, puisque tout est facturé comme un service global, il devient possible de travailler sur des nœuds au siège, de les configurer, de les valider, puis de les envoyer prêts à l’emploi dans une succursale. En théorie du moins. En pratique, comme le modèle ne fonctionne pour l’heure qu’aux USA, on ignore encore si l’envoi d’un nœud en Europe – où d’autres tarifs pourront être exercés – aura des conséquences financières », interroge Geoff Woollacott.

« Cette promesse de redéployer la flotte est de toute façon à prendre avec des pincettes. »
Geoff WoollacottAnalyste, Technology Business Research

« Cette promesse de redéployer la flotte est de toute façon à prendre avec des pincettes. Car, de même, si les nœuds ne peuvent pas non plus être renvoyés aux succursales aussi rapidement que les 14 jours auxquels s’engage d’ordinaire Dell pour ses livraisons, cela posera potentiellement un problème contractuel. À mon avis, le projet de marqueter cette nouvelle offre comme un bundle global pour toutes les machines a du plomb dans l’aile », ajoute-t-il.

Un autre aspect qui pose question est l’obligation pour l’entreprise de fournir en amont à Dell une étude sur les capacités qu’elle compte utiliser. Le constructeur n’invoque pas de raison particulière, mais on comprend qu’il souhaite se prémunir contre le risque de livrer des nœuds qui ne sont pas utilisés, puisqu’il ne facture plus qu’à l’usage, selon les mesures de PowerOne Controller. Il n’empêche, cela ajoute une contrainte pour les clients finaux. 

« Pour cette raison et pour d’autres, nombre d’entreprises préféreront acheter une bonne fois pour toutes leurs matériels plutôt que le louer mois après mois », conclut Jean Atelsel, consultante chez 451 Research.

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