Cloud hybride : Cisco s’allie à Hitachi Vantara pour mieux contrer HPE et Dell

En unissant les serveurs et le réseau de l’un avec les baies de stockage de l’autre, sous une console d’administration commune et un contrat de vente global, les deux constructeurs espèrent compter dans les projets de cloud hybride.

Alors que s’ouvre cette semaine, à Amsterdam, le salon Cisco Live, Cisco a annoncé en amont s’associer avec Hitachi Vantara pour proposer une offre d’infrastructure globale qui comprend stockage, serveurs et équipement réseau. Administré par une seule console et facturé, comme le cloud, à l’usage, ce bundle concurrence davantage les offres globales de HPE et Dell dans le cadre du cloud hybride.

Le nom commercial – et à rallonge – de cette offre est « Hitachi EverFlex with Cisco Powered Hybrid Cloud ». Le bundle comprend des baies de stockage VSP d’Hitachi Vantara, de serveurs UCS de Cisco et des boîtiers réseau Nexus de Cisco.

La console d’administration qui gère l’ensemble est le portail SaaS Hitachi Infrastructure Orchestration as a Service (HIOaaS), enrichi avec les métriques de monitoring du logiciel Cisco Intersight.

Le nom EverFlex est celui du contrat commercial d’Hitachi Vantara qui permettait déjà aux entreprises de louer mensuellement ses baies de stockage, en les payant selon l’usage qu’elles en font. En l’occurrence, il s’agit plutôt d’installer sur site une capacité excédentaire, de ne payer que pour la capacité utilisée et de pouvoir débloquer les ressources supplémentaires d’un clic de souris ; à la manière du cloud où il suffit d’un simple reparamétrage pour bénéficier en un rien de temps de capacité supplémentaire. Cisco ne proposait pas un tel contrat pour ses équipements.

« Dans un contexte de cloud hybride, il est particulièrement complexe pour plus de la moitié des entreprises d’étendre les ressources de stockage de telle marque et les serveurs de telle autre d’un data center vers des services d’IaaS. Nous offrons ici un moyen de réduire cette complexité », déclare Kimberly King, la responsable des alliances chez Hitachi Vantara.

« L’offre commune sera disponible chez nos revendeurs respectifs. Ce qui fait de ce programme l’un des business les plus en croissance sur le marché » se félicite Alexandra Zagury, la directrice des ventes indirectes de Cisco.

« Ce bundle représente une opportunité très intéressante pour les intégrateurs et les revendeurs, car il amplifie notre capacité à proposer aux entreprises des solutions de cloud hybride. »
Axel HeitmannDirecteur des services datacenter et réseaux, Computacenter

« Il est clair que ce bundle représente une opportunité très intéressante pour les intégrateurs et les revendeurs, car il amplifie notre capacité à proposer aux entreprises des solutions de cloud hybride », commente Axel Heitmann, directeur des services datacenter et réseaux chez le prestataire de services Computacenter, au micro de nos confrères anglais de Computer Weekly.  

 Mieux servir les entreprises dans un contexte de cloud hybride

Le phénomène de cloud hybride dans lequel s’inscrit cette annonce consiste à permettre aux entreprises de répartir leurs applications et leurs données entre des data centers (dont elles maîtrisent les coûts et la sécurité) et des services en cloud. Ces derniers leur donnent accès plus facilement à certaines applications et leur permettent de lisser leurs investissements via des facturations à l’usage.

Pour autant, le cloud hybride a deux défauts. D’une part, les infrastructures physiques et virtuelles ne s’administrent pas d’emblée avec les mêmes outils. Jongler entre les interfaces des unes et des autres est d’autant plus pénible lorsqu’une entreprise cumule aussi plusieurs marques de matériel, chacune avec sa propre console d’administration.

D’autre part, conjuguer les coûts mensuels d’une infrastructure en ligne avec le prix d’achat de matériels censé être amorti le plus longtemps possible est un casse-tête particulièrement épineux.

Pour résoudre cette problématique, les marques d’équipements pour datacenters ont développé depuis le début des années 2020 des consoles d’administration en SaaS globales, qui gèrent dans la même interface leurs matériels et, par procuration, les services en ligne.

Elles ont aussi remplacé leurs contrats de vente par un modèle de facturation à l’usage similaire à celui des hébergeurs de cloud public. Ce type de contrat permet aux entreprises de lisser leur investissement en infrastructure tout au long de la carrière d’un matériel, plutôt qu’acheter au prix fort ce matériel et espérer le rentabiliser dans le temps.

À ce jeu, Dell et HPE, avec leurs programmes respectifs Apex et GreenLake, sont les grands gagnants puisqu’ils ont dans leurs catalogues des matériels équivalents à tous les services IaaS des hyperscalers. Et, mieux, ils se proposent de revendre eux-mêmes les services en ligne des hyperscalers pour qu’il n’y ait plus qu’une seule comptabilité.

Imiter le modèle global de HPE et Dell

Chez HPE, par exemple, le marketing n’hésite même plus à promouvoir la revente de services AWS, Azure ou GCP sous la marque GreenLake comme s’il s’agissait d’un « cloud HPE » imaginaire. Ou comment replacer les marques historiques du data center au centre des discussions, alors qu’elles étaient parties pour être ringardisées par les services en cloud.

Dès lors, une entreprise qui souhaite vider son datacenter pour gagner de l’espace locatif et réduire son électricité va sur la console Apex ou GreenLake afin d’y cocher les serveurs et baies de stockage qu’elle veut migrer en cloud. Elle continuera de payer à Dell ou HPE le même équipement tous les mois, avec les mêmes règles d’accès, les mêmes capacités, les mêmes contenus, mais n’aura plus de serveurs physiques.

Et l’opération inverse est tout autant possible lorsqu’elle souhaite rapatrier des traitements dans un datacenter privé pour des questions de confidentialité. Tout se fait en quelques clics ; les fournisseurs s’engagent à migrer les données et à venir installer les matériels dans les plus brefs délais.

Les grands fabricants de stockage, dont NetApp et Hitachi Vantara, ont emboîté le pas en apportant dans leurs consoles d’administration des possibilités de répartir les données entre cloud et data center, comme on les répartit entre des tiers de stockage : l’un sert pour les sauvegardes, l’autre pour la production dans certaines applications, tantôt historiques, tantôt « cloud native ».

Pour autant, ces services sont limités au stockage et contribuent moins à réduire la complexité que les offres de Dell et de HPE. Le risque est que, à terme, les revendeurs et les intégrateurs qui promettent du cloud hybride aux entreprises favorisent les solutions globales. En s’unissant, Hitachi Vantara et Cisco se donnent les moyens d’incarner une solution globale.

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