Restructuration surprise chez Cisco

Suite aux soudains abandons de postes de deux hauts dirigeants, l’équipementier se réorganise en cinq divisions qui semblent favoriser l’infrastructure au détriment des logiciels.

Cisco va se restructurer en profondeur. L’équipementier a décidé de se recentrer sur l’infrastructure en se réorganisant en cinq nouvelles unités. Cette annonce fait suite au départ surprise du directeur général, David Goeckeler, qui a déclaré le 4 mars partir pour aller prendre la tête de Western Digital. On constate aussi l’abandon de poste d’Amy Chang, encore censée diriger les logiciels de collaboration

En poste depuis plus de sept ans, David Goeckeler avait incité Cisco à baser une plus grande part de ses revenus sur le logiciel. Dernièrement, cette stratégie n’a pas empêché le chiffre d’affaires de reculer. Les ventes du trimestre précédent étaient en baisse de 6 % et celles du trimestre en cours devraient encore afficher une progression négative, a priori entre -1,5 et -3,5 %.

Une division commerciale pour les équipements réseau et une autre « pour le reste »

Parmi les nouvelles unités, les deux plus importantes sont Enterprise Networking & Cloud, d’une part, et Security & Applications, d’autre part. La première sera dirigée par Todd Nightingale, qui avait jusque-là en charge les produits estampillés « Cloud », c’est-à-dire principalement les matériels Meraki plutôt destinés aux PME, TPE et autres points de vente.

« Mettre Todd Nightingale à la tête de tous les équipements réseau démontre la volonté de Cisco d’aller vers plus de solutions automatisées et administrées grâce au cloud. »
Rohit MehraIDC

La particularité de ces équipements réseau, surtout, est de se configurer automatiquement depuis un portail en SaaS.

« Mettre Todd Nightingale à la tête de tous les équipements réseau [solutions pour datacenters comprises, N.D.R.] démontre la volonté de Cisco d’aller vers plus de solutions automatisées et administrées grâce au cloud. De nombreuses entreprises se transforment en adoptant une approche “cloud-first”. En érigeant Todd Nightingale, ils montrent que cette stratégie est désormais dans leur ADN », a commenté Rohit Mehra, analyste chez IDC.

La seconde unité n’a pas encore de patron. On sait juste qu’elle est censée vendre « tout le reste », c’est-à-dire faire le grand écart entre, d’un côté, des plateformes de sécurité qui se greffent sur les équipements réseau et, de l’autre, les logiciels de collaboration qui n’ont rien à voir avec l’infrastructure. Ces logiciels de collaboration sont mis sous la tutelle commerciale de Sri Srinivasan, l’ancien lieutenant d’Amy Chang qui était plus particulièrement en charge du catalogue Webex.

Mettre l’accent sur les ASICs et les futurs équipements optiques

À cela s’ajouteront les divisions Mass-Scale Infrastructure, Core Hardware Platforms et Emerging Technologies & Incubation. Mass-Scale Infrastructure aura en charge les plus importants contrats d’équipements : grands fournisseurs de cloud public, télécoms et autres grandes entreprises financières sont évoqués. Cette division est une extension de l’ancienne branche Service Provider Business, qui ne concernait que la vente de produits aux télécoms. Elle sera d’ailleurs dirigée par la même personne : Jonathan Davidson.

La division commerciale Mass-Scale Infrastructure est censée fournir les équipements les plus innovants pour les projets d’avant-garde. C’est à elle que reviendra la tâche de vendre à l’unité les ASICs qui sont d’ordinaire intégrés dans les routeurs Cisco, mais aussi de nouveaux boîtiers censés démocratiser des connexions optiques à très haut débit.

L’unité Core Hardware Platform sera le pendant R&D de la division précédente. C’est elle qui mettra au point les prochains ASICs et qui se chargera de la production des prochains systèmes optiques. Il s’agit là aussi d’une extension de l’existant : son patron, Eyal Dagam, dirigeait auparavant l’équipe de R&D en charge des ASICs.

Liz Centoni toujours en charge des serveurs ?

Enfin, Emerging Technology & Incubation est pour l’heure un mystère. Officiellement, cette division est censée réfléchir aux nouvelles opportunités de marché et se charger de nouer des partenariats technologiques dans des domaines périphériques aux réseaux. Mais elle sera dirigée par Liz Centoni, jusqu’ici grande patronne des activités serveurs et IoT.

À date, Cisco n’explique pas clairement si cette nouvelle unité commercialisera les célèbres machines UCS et les infrastructures hyperconvergées HyperFlex, ou si celles-ci seront plus vraisemblablement confiées à la division Enterprise Networking & Cloud. Dans l’éventualité de la seconde option, certains observateurs se demandent si Liz Centoni, une proche de David Goeckeler, n’aurait pas été poliment mise sur la touche.

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