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Teams lié à Office 365 : Slack attaque Microsoft pour pratiques anticoncurrentielles

Slack saisit le service antitrust de l’Union Européenne. Il accuse Microsoft de tirer parti de sa position dominante dans les entreprises avec Office 365 pour imposer Teams. Il demande que Teams devienne un produit indépendant de cette suite.

Ce mercredi, Slack a lancé une procédure auprès des services antitrust de l’Union Européenne contre son concurrent Microsoft Teams. Slack accuse Microsoft de pratiques anticoncurrentielles.

Le numéro 1 du logiciel mondial domine largement le marché de la bureautique (Word, Excel, PowerPoint, etc.) et de la collaboration d’entreprise (Outlook, Sharepoint, etc.). Ces offres sont depuis plusieurs années proposées dans un « package » tout en un, sur abonnement, avec un espace de stockage de type Dropbox ou Box (OneDrive).

Cette suite, Office 365, est en constante évolution. Elle s’est par exemple enrichie de la solution de communication unifiée et de travail d’équipe Microsoft Teams. Teams propose une messagerie instantanée, la visioconférence (ex-Skype), des appels audios, le webinar ou encore le partage d’écran, parmi d’autres fonctionnalités classiques de ce type d’outils.

Si Microsoft est leader de la collaboration au sens large, il ne l’est pas dans le domaine particulier de la collaboration d’équipes. La concurrence est rude avec Slack et Zoom, qui ont passé une alliance pour offrir une couverture fonctionnelle similaire voire supérieure à Teams (gestion des clefs de chiffrement par les clients, choix des espaces de stockage).

Mais la puissance de frappe commerciale de Microsoft est énorme et sa capacité à pousser des produits sur sa base installée via le « bundle » Office 365 est critique.

C’est ce point qui a poussé Slack à entamer une procédure, comme le révèle aujourd’hui le Wall Street Journal.

Slack affirme en résumé que Microsoft oblige (sic) les utilisateurs d'Office 365 à installer Teams, qu’il bloque sa suppression et qu’il entrave l'interopérabilité avec ses concurrents.

« Nous continuons à considérer Slack comme une offre parmi ce qui se fait de mieux en termes de messagerie d'équipes et qui a la faveur de la communauté technique, mais nous nous attendons aussi à ce que Microsoft continue de tirer parti du lien entre Teams et Office 365 pour favoriser son adoption, créant ainsi un potentiel compétitif plus important », écrivait en juin Heather Bellini de Goldman Sachs.

L’analyse est partagée par d’autres dans la communauté financière. Nancy Tengler, Chief Investment Officer de Laffer Tengler Investments, s’exprimant sur CNBC, va dans le même sens. « Oui, la technologie [de Slack] est meilleure que celle de Microsoft, mais Microsoft a une base installée de 258 millions [d'utilisateurs] et le fait que ce secteur [de la collaboration d’équipe] soit devenu stratégique se traduit dans les chiffres récents », explique celle qui invitait alors à échanger les actions Slack contre celles de Microsoft. « En mars et en avril, la croissance de Microsoft a été dix fois supérieure à celle de Slack. A titre de comparaison, en 2018, Slack connaissait une croissance quatre fois supérieure à celle de Microsoft ».

Le constat est aussi visiblement celui de Slack. L’éditeur demande aujourd’hui à l’Union Européenne que Teams devienne un produit commercialisé indépendamment d’Office 365 (en stand alone).

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