Nimbus Data lance un SSD de 64 To… qui coûte 10 900 dollars

Ce SSD permettrait à ce point de réduire l’électricité, l’espace et la climatisation dans les datacenters qu’il serait rentable. Mais la longévité serait meilleure sur le modèle 100 To à 40 000 $.

Cet article est extrait d'un de nos magazines. Téléchargez gratuitement ce numéro de : STORAGE: Storage 24 : Demain les SSD contribueront à la puissance de calcul

Nimbus Data, l’un des pionniers des disques Flash vient de lancer un SSD 3,5 pouces de 64 To. Cette très grande capacité a un coût : 10 900 dollars l’unité. Mais le plus étonnant est que ce SSD, l’ExaDrive NL, est présenté comme la version économique de l’ExaDrive DC, un SSD sorti précédemment et qui offrait une capacité de 100 To pour… 40 000 dollars. Notons que les SSD pour les serveurs et baies de disques sont habituellement considérés comme très capacitifs quand ils atteignent 7 à 15 To.

Disponibles avec une connectique SATA ou SAS classique, ces SSD ont vocation à remplacer les disques durs traditionnels des baies par des unités plus capacitives – les disques durs atteignent d’ordinaire 18 To – et qui consomment beaucoup moins d’électricité. Accessoirement, ces SSD sont aussi plus solides, puisqu’ils ne sont pas sujets aux cassures intempestives des têtes de lecture/écriture.

« Certes, l’ExaDrive NL coûte, par Go, trois à quatre fois le prix d’un disque dur classique. Mais cet inconvénient est rattrapé sur l’électricité, la climatisation et l’espace qu’ils font économiser dans le datacenter. Ils sont aussi bien plus légers, ce qui facilite leur maintenance », estime Marc Staimer, analyste pour le cabinet de conseil Dragon Slayer Consulting, au micro de nos confrères de TechTarget US.

Selon Nimbus Data, ces SSD serviront à construire des baies légères pour remplacer les tiroirs 4U qui contiennent jusqu’à 96 disques durs. Ce type de stockage est notamment utilisé par les acteurs des médias pour diffuser en ligne leur imposante vidéothèque numérique. On s’en sert aussi pour stocker un énorme datalake dans lequel les outils d’analytique ou les moteurs de Machine Learning viennent puiser leurs renseignements. Un autre usage classique est d’utiliser ces baies très capacitives pour stocker durablement des archives.

Le point important est que, dans tous les cas d’usage éprouvés, ce type de baies n’est pas utilisé pour les accès intensifs. C’est tant mieux, car les ExaDrive de Nimbus ne sont pas du tout adaptés à la vitesse promise d’ordinaire par les SSD. Et le nouvel ExaDrive NL encore moins que son prédécesseur en ce qui concerne les écritures intempestives.

Un SSD QLC « plus économique »

Les ExaDrive DC et NL atteignent des performances de 500 Mo/s - 114 000 IOPS en lecture et 460 Mo/s - 105 000 IOPS en écriture. C’est mieux que les 150 Mo/s – 1500 IOPS d’un disque dur SAS ou les 60 Mo/s – 900 IOPS d’un disque SATA. En revanche, cela reste très inférieur aux 4,3 Go/s – 489 600 IOPS en lecture et 3,2 Go/s – 222 000 IOPS d’un SSD comme le KIoxia PM6, qui utilise une nouvelle connectique SAS.

Plus classiquement, on pourra aussi comparer l’infériorité des ExaDrive en SAS/SATA aux SSD qui sont de plus en plus fournis avec une connectique NVMe. Citons par exemple l’UltraStar DC-SN840 de Western Digital, qui affiche 3,5 Go/s – 780 000 IOPS en lecture et 3,3 Go/s – 257 000 IOPS en écriture, ou encore le D7-5000 d’Intel qui atteint 7 Go/s – 1 million d’IOPS en lecture et 4,3 Go/s – 130 000 IOPS en écriture.  

Le nouvel ExaDrive NL est présenté comme une version économique parce qu’il est constitué de composants NAND QLC peu chers, tandis que l’ExaDrive DC précédent repose sur des composants MLC qui s’usent beaucoup moins vite. En clair, l’offre ExaDrive DC propose de payer 400 $ par To pour un disque garanti cinq ans, quel que soit le nombre d’écritures par jour. Tandis que la nouvelle offre ExaDrive NL propose de payer 170 $ par To pour un disque qui durera cinq ans, à condition de ne pas écrire sur plus de 20 % de sa surface par jour.

La durée de vie – ou plus exactement la perte de conductivité des cellules NAND sous les assauts des charges électriques – est le talon d’Achille des disques SSD. Les cellules MLC supportent trois niveaux de tension pour représenter quatre états, soit deux bits d’information par cellule. Les cellules QLC supportent 16 niveaux de voltage, pour se mettre dans autant d’états différents, ce qui correspond à 4 bits par cellule. En clair, les cellules QLC offrent deux fois plus de capacité que les MLC, ce qui signifie qu’il y a deux fois moins de composants NAND dans le SSD à capacité égale, mais elles vieillissent cinq fois plus vite.

« Les entreprises pensaient initialement que les SSD à base de NAND QLC ne seraient jamais assez résistants pour équiper sérieusement les serveurs et les baies de leurs datacenters, malgré leur coût inférieur à ceux des SSD MLC et TLC [trois bits par cellule, N.D.R.]. Mais les algorithmes des contrôleurs ont progressé et leurs fonctions d’optimisation du stockage se montrent assez efficaces pour limiter la vitesse d’usure », commente Jim Handy, un spécialiste des semi-conducteurs pour le cabinet d’études Objective Analysis.

Pure Storage et IBM également dans la course aux SSD capacitifs

Nimbus n’est pas le seul à proposer des SSD très capacitifs. Il y a peu, Pure Storage a annoncé préparer une unité DirectFlash de 49 To, également à base de cellules QLC, pour équiper ses baies de stockage SAN FlashArray//C. En février, IBM avait annoncé l’arrivée d’une nouvelle unité FlashCore Module de 38,4 To pour ses baies Storwize, toujours à base de cellules QLC. Les capacités sont inférieures aux SSD de Nimbus, mais pas la vitesse.

Les SSD de Pure et d’IBM sont en effet des modèles avec connectique NVMe prévus pour équiper des baies SAN. Uniquement les leurs, en l’occurrence, alors que les ExaDrive sont censés être utilisables par tous les fabricants de serveurs ou de baies de disques. Dell EMC, HPE, Lenovo, Cisco et Supermicro les auraient déjà validés.

La meilleure capacité des modèles de Nimbus tient à leur format. Le boîtier des ExaDrive est de type 3,5 pouces, contre 2,5 pouces pour tous les autres SSD d’entreprise. À l’intérieur, quatre cartes remplies de NAND sont superposées au-dessus d’une carte de contrôle. L’entassement d’autant d’électronique a supposé de percer de multiples aérations dans le boîtier pour dissiper la chaleur dégagée, laquelle resterait néanmoins inférieure à celle des disques durs. La consommation électrique varie de 10 à 14 Watts.

L’ExaDrive NL est également disponible dans des capacités inférieures, en 32 et 16 To, respectivement aux prix de 5 600 et 2 900 $.

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