VMware consolide en une plateforme toutes les ressources de calcul

Avec son projet Monterey, Vmware entend simplifier l’utilisation des processeurs spécialisés.

Avec Monterey, VMware prend acte du fait que l’architecture informatique n’est plus uniforme, avec au centre un CPU.

À la fin des années 90, Intel avait tenté de tuer les fabricants de processeurs graphiques, avec son Pentium MMX (MultiMedia eXtension). Le CPU était suffisamment puissant pour tout faire : traitement graphique, musique, modem…

Au début du XXI siècle, les fabricants de puces graphiques ont résisté, avec des jeux en 3D temps réel aux détails époustouflants. Jusqu’à qu’on se rende compte que les puces de Nvidia s’avéraient extrêmement performantes pour des traitements mathématiques complexes, comme l’apprentissage automatique, qui là intéressaient le monde professionnel.

Même phénomène pour les calculs nécessaires à la sécurisation des informations : là où un processeur classique suffisait pour chiffrer/déchiffrer un algorithme 64 bits, les nouvelles techniques de sécurisation (256 bits généralisés, cryptographie sur courbe elliptique) ont rendu de nouveau nécessaire les circuits spécialisés de type FPGA.  

Désintégrer le cloud

Reste que l’emploi de ces circuits spécialisés engendre un cloisonnement des applications, et c’est ce que veut résoudre VMware avec son projet Monterey. L’idée générale est d’automatiser l’attribution des calculs d’une application aux processeurs adéquats (GPU, FPGA), sans que l’utilisateur ait à spécifier à quel processeur sont destinés les calculs. La première application est celle des SmartNIC.

Les circuits NIC ne sont pas nouveaux; ils déchargent certaines fonctions réseau du CPU. Les SmartNIC, dont l’un des spécialistes est Mellanox, racheté par Nvidia cette année, vont plus loin, que ce soit en termes de rapidité ou de prise en charge de fonctions, notamment au niveau des VxLAN. Les SmartNIC intègrent à cette fin un système Linux minimaliste. Minimaliste, mais avec tout de même des fonctions de pare-feu, permettant de protéger certains services spécifiques. 

L’accord que vient justement de signer VMware avec Nvidia concerne le DPU (Data processus unit). Issu de Mellanox, celui-ci se charge de toute la gestion des données des applications, qu’il s’agisse de leur stockage ou de leur transmission sur le réseau, mais n’est pas destiné à faire tourner des applications. VMware vise en particulier le BlueField-2 DPU, comportant un processeur ARM 64 bits 8 cœurs et une interface 200 Gbit.

VCF, V2

Dans la pratique, le projet Monterey nécessite une refonte de VCF – VMware Cloud Foundation, à savoir vSphere, vSAN, et NSX. Cela passe notamment par le support des serveurs bare metal. « En particulier, l’objectif est qu’une application puisse aller chercher les fonctions nécessaires sur les SmartNIC, sur les GPU disponibles, sans que l’utilisateur ait à s’occuper de quoi que ce soit. Concrètement, cela signifie de disposer de davantage de VM sur un seul serveur. Vous accélérez les serveurs en déportant certaines fonctions sur d’autres circuits spécialisés (GPU, FPGA) à distance. Et surtout, cela fonctionne avec des serveurs bare metal », décrit le COO chez VMware, Sanjay Poonen.

Pour cela, VMware s’appuiera sur son hyperviseur ESXi, qui supporte le bare metal. Mais cela implique également de nouvelles API, pour accéder aux diverses ressources physiques, expliquant que le projet Monterey ne sera pas disponible avant un an. D’autant qu’avec Monterey, VMware vise le secteur télécoms, et plus particulièrement la 5G.

Le CEO de VMware, Pat Gelsinger, n’a pas manqué de rappeler ironiquement qu’il était l’un des inventeurs du WI-FI, et que celui-ci allait plus ou moins disparaître, avec la 5G. Ce n’est donc pas un hasard si VMware a acquis dans la plus grande discrétion Mode.net, le 20 septembre 2020, spécialisée dans le SD-WAN dédié aux réseaux cellulaires.

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