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Agdatahub reçoit 3,2 millions d’euros de la part de Bpifrance

Agdatahub SAS, filiale d’API-Agro, vient d’annoncer l’obtention d’un financement public auprès de Bpifrance afin de poursuivre le développement de sa plateforme d’échanges de données agricoles. Cette réserve lui permettra de développer sa brique de centralisation de consentement adressée aux agriculteurs.

À l’initiative des réseaux des chambres d’agriculture (APCA) et des instituts techniques agricoles (ACTA), la plateforme SaaS d’échange de données API-Agro a grandi sous la responsabilité, d’une holding éponyme. Annoncé comme un projet en 2019, AgDataHub doit fournir cette « infrastructure technologique souveraine et mutualisée » pour le partage et l’échange de données agricoles reposant sur les technologies de partenaires : Dawex, 3DS Outscale, GS1 France, NumAgri et Orange Business Services.

Lancée au salon de l’agriculture de février 2020, la mise en œuvre du projet s’est matérialisé par la création d’une filiale en novembre 2020, AgDataHub SAS, dirigée par Sébastien Picardat, aussi CEO d’API-Agro. À cette occasion, les associés de la holding (une trentaine de partenaires privés et publics dont les chambres d’agriculture, l’institut Terre Inovia, l’éditeur de logiciels Smag ou encore les investisseurs Unigrains et Sofiproteol/Avril), et la Banque des Territoires ont confié 2,5 millions d’euros de fonds propre à la société nouvellement fondée.

Deux financements coup sur coup

AgDataHub a annoncé aujourd’hui bénéficier d’un financement public octroyé par Bpifrance dans le cadre de l’appel à projets « Accompagnement et transformation des filières (ATF) ». Les 3,2 millions d’euros accordés par la banque d’investissement doivent permettre de poursuivre le développement de la plateforme qui réunit désormais un peu moins d’un millier d’utilisateurs. Pour l’instant, le logiciel SaaS fournit l’accès ouvert ou payant, suivant le modèle de licence, à des jeux de données disponibles en téléchargement ou via des API.

Ces data sets sont proposés par des acteurs comme le ministère de l’Agriculture (dose de référence IFT, rendements, productions animales par département, etc.), le spécialiste de la météorologie localisée Weather Measure, les instituts des réseaux ACTA, ou encore le groupement d’intérêt public GEVES (groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences).

Si ce n’est que le début, le portail d’échange propulsé par Dawex et hébergé chez 3DS Outscale est fonctionnel pour les professionnels de l’agtech, les semenciers et les chercheurs, entre autres. Les données peuvent non seulement servir à développer des applications, mais également des algorithmes de machine learning dédiés à ce secteur.

Mais afin de satisfaire ses ambitions européennes, AgdataHub SAS veut se concentrer sur un autre volet de son activité : la centralisation du consentement des producteurs agricoles via Agri-Consent. Il s’agit de faciliter la gouvernance de leur identité numérique et de la valorisation de leurs données. L’objectif premier est d’encourager le partage d’informations et leur traçabilité sur des plateformes comme API-Agro.

Une blockchain pour gérer le consentement des agriculteurs

Agadatahub s’appuie sur une architecture de référence issue du projet Multipass, lancé en 2018. Cette initiative a été conduite par le ministère de l’Agriculture, les instituts techniques (ARVALIS, ACTA, FIEA, IDELE, IRSTEA), OBS et Smag. Elle a abouti au routeur Multipass, qui lui-même se repose sur la définition des acteurs concernés et des règles de consentement. Le routeur est pensé comme une brique interopérable entre différents gestionnaires de consentement accessible depuis une IHM pour les agriculteurs. Il communique avec des administrateurs de données de références, d’identité numérique, des applications via API Rest pour qu’in fine, l’exploitant puisse accepter ou révoquer un partage d’informations.

Le module d’identité numérique est développé en co-innovation avec Orange Business Services (OBS). Selon une porte-parole d’Agdatahub, OBS travaille pour l’instant sur un prototype reposant sur une blockchain par nature décentralisée. De son côté, la jeune société œuvre à la refonte du routeur pour l’adapter à son infrastructure. Les développeurs améliorent la documentation des API, mettent à jour le code, tandis que certaines règles de gestion ont évolué. La phase d’industrialisation du routeur a démarré il y a peu. Elle dépendra de sprints de deux semaines pour une disponibilité de la solution prévue à la fin du premier trimestre 2021. La société compte faire de ce composant une référence et ainsi aider à router le consentement de 50 000 agriculteurs d’ici à 2022, selon Sébastien Picardat.

Agdatahub SAS devra en parallèle présenter la solution Agri-Consent et tenter de réunir un écosystème de fournisseurs de services prêts à y connecter leurs briques de gestion de consentement. Par ailleurs, la startup entend poursuivre une mission d’accompagnement des projets numériques agricoles en proposant ses services et son « expertise technique » et en « coordination de projets ».

« Une infrastructure d’échanges de données comme Agdatahub, [...] est importante pour faciliter techniquement la circulation des données et pour conforter la confiance des agriculteurs ».
François MoreauMinistère de l’Agriculture et de l’Alimentation

Un tel projet profite pleinement du soutien de l’État français qui, malgré des couacs en interne, veut favoriser le partage de données de manière raisonnée. « Les échanges de données agricoles sont une opportunité pour l’innovation au service des agriculteurs, de l’environnement et des consommateurs, et pour l’optimisation des chaînes logistiques. Mais ils ne seront possibles que si les producteurs savent que les données qu’ils mettent à disposition ne seront utilisées que pour les usages et par les personnes qu’ils acceptent », déclare François Moreau, Délégué ministériel au Numérique et à la Donnée du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans un communiqué.

« Une infrastructure d’échanges de données comme Agdatahub, qui permet d’organiser des échanges maîtrisés (souveraineté des données, respect du consentement du producteur de la donnée), est importante pour faciliter techniquement la circulation des données et pour conforter la confiance des agriculteurs ».

Ce n’est qu’à cette condition qu’Agdatahub pourra favoriser la monétisation des données sur sa plateforme. La société doit correctement identifier les acteurs prêts à échanger des informations. « Je vais un peu casser le mythe de l’or noir de la data, notamment dans le monde agricole. Aujourd’hui les échanges de données monétisées sont une tendance dans tous les secteurs d’activité, mais elle sera généralisée dans trois à cinq ans », estimait Sébastien Picardat lors d’une conférence en ligne menée par Bpifrance, Hello Tomorrow et France Industrie en juillet dernier.

Les enjeux sont loin d’être négligeables. Autour des 285 000 exploitations agricoles françaises s’organise un écosystème de 85 000 entreprises (coopératives, industriels agroalimentaires, société d’import-export, startups, etc.). Ces grands groupes veulent eux aussi utiliser ces données à des fins commerciales ou d’information auprès des consommateurs.

 De son côté, 3DS Outscale évoque souvent l’approche Agdatahub pour illustrer son engagement au sein du projet de référentiel IT européen GAIA-X.

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