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MLOps, cloud, intégration : les chantiers de TIBCO en 2022

En 2022, TIBCO prolongera le développement de ses trois portfolios Connect, Unify et Predict, selon Nelson Petracek, son CTO. En France, les clients adoptent davantage les solutions Connect et Unify pour migrer vers le cloud et poursuivre les efforts liés au déploiement de S/4HANA.

TIBCO Software a plusieurs casquettes, un portfolio riche et donc complexe de logiciels. « Le principal enjeu pour nos clients est de gérer les données. Il ne s’agit pas seulement de savoir comment les stocker, comment vous les gouvernez, comment vous les utilisez, la manière d’améliorer leur qualité, de les diffuser, de les sécuriser. Notre priorité en 2022 sera d’aider nos clients à relever leurs défis liés aux données, si vous me permettez ce slogan un peu marketing », affirme Nelson Petracek, CTO de TIBCO, auprès du MagIT.

L’entreprise ne compte pas mettre de côté l’une ou l’autre des trois branches de son portefeuille. « D’un point de vue technique, cela veut dire que nous allons enrichir nos différents portfolios dédiés à l’intégration (Connect), le data management (Unify) et l’analytique (Predict) », présume le CTO.

En 2022, répondre aux promesses faites en 2021

« Si je passe en revue les trois piliers (Connect, Predict, Unify), il s’agit toujours d’apporter des API, des services et de la composabilité », déclare-t-il. « Le temps réel demeure d’actualité. Du côté de l’analytique, il ne s’agit pas seulement de construire des modèles, mais de savoir comment collecter les données, les stocker, les cataloguer, les préparer… bref, comment effectuer toutes ces choses en amont ? Et puis en aval, comment rendre le modèle opérationnel ? Comment mesurer ses performances, comment le surveiller, etc. ? », poursuit-il.

En amont, cela passe par la qualité des données. « La qualité des données connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, elle est revenue sur le devant de la scène. Je pense que les gens se rendent compte que des données de mauvaise qualité ne servent à rien, surtout si vous les diffusez plus rapidement », commente Nelson Petracek.

« La qualité des données connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, elle est revenue sur le devant de la scène. »
Nelson PetracekCTO de TIBCO

Pour cela, TIBCO poursuit le travail d’intégration des produits IBI (rachetée en octobre 2020), dont Omni-Gen. « OMNI-Gen va devenir une solution standalone qui pourra être utilisée en corrélation avec des produits TIBCO ou en dehors de notre périmètre, et nous continuerons à concevoir des solutions pour des verticaux spécifiques », rappelle-t-il. Là, rien de nouveau : l’éditeur avait déjà précisé qu’Omni-Gen rejoindrait une famille de produits créée pour l’occasion, TIBCO Data Quality, et s’intégrerait avec le MDM EBX.

Concernant WebFocus, un autre produit IBI dédié à la création d’applications BI, les avancées seront plus flagrantes en 2022. « Nous allons poursuivre les intégrations entre WebFocus et d’autres produits TIBCO. Il s’agit par exemple d’inclure et exécuter des modèles analytiques dans WebFocus à travers ModelOps. Nous souhaitons ajouter WebFocus dans l’environnement TIBCO Cloud, mais nous voulons également le proposer en single tenant sur la plateforme CIC (Connected Intelligence Cloud) ».

En aval, ModelOps, une plateforme CI/CD dédiée à la livraison d’algorithmes analytiques et de machine learning, est sans doute la solution la plus attendue par les observateurs du marché. En outre, TIBCO ne veut pas la rattacher uniquement à sa plateforme Spotfire ou à TIBCO Cloud. « L’intention est de permettre aux entreprises d’exécuter leurs modèles analytiques de quelque manière que ce soit, où ils le veulent », indique Nelson Petracek. « Vous pouvez l’utiliser comme un pipeline de données pour pousser un modèle Python ou bien servir quelque chose depuis TIBCO Data Science, dans un environnement de cloud privé. C’est une plateforme ouverte, avec des fonctionnalités de glisser-déposer et low-code. Vous pouvez réaliser la préparation des données, invoquer les modèles, les gérer et suivre leur performance », rappelle-t-il.

Des clients triés sur le volet testent ModelOps depuis quelques mois, mais l’éditeur compte le proposer depuis un tenant de sa plateforme TIBCO Cloud et compléter les fonctionnalités. « Nous allons ajouter le support de différents types de modèles et de frameworks populaires chez nos clients. Nous voulons nous assurer que nous supportons une gamme de technologies aussi large que possible », confirme Nelson Petracek. Le CTO n’a pas précisé la date de disponibilité générale, mais déclare que ModelOps sera accessible à « l’ensemble de la base client TIBCO » cette année.

TIBCO étend sa stratégie « polycloud »

Le directeur technique défend une stratégie similaire en matière d’adoption du cloud. TIBCO a connu une longue adoption de cette technologie, lancée en 2014. « Nous avons beaucoup travaillé pour nous assurer que nous pouvons réarchitecturer nos produits et les rendre disponibles de manière très “cloud native” », indique-t-il. « Les clients peuvent déployer nos produits dans des environnements de clouds privés sur Kubernetes. Nous avons commencé avec Docker et Docker Swarm, mais nous et nos clients avons fait la transition vers les services des hyperscalers AWS et Microsoft Azure, dont EKS et AKS. Nous utilisons également des offres comme Fargate pour fournir des capacités serverless ».

« Nous avons beaucoup travaillé pour nous assurer que nous pouvons réarchitecturer nos produits et les rendre disponibles de manière très “cloud native”. »
Nelson PetracekCTO de TIBCO

Et si l’accent est désormais mis sur la plateforme SaaS TIBCO Cloud, perçue comme « une couche de fonctionnalités supplémentaires s’appuyant sur AWS ou Azure », l’éditeur veut s’assurer de « proposer un large panel d’options dans la manière dont les clients déploient et consomment les produits », insiste le CTO.

Dernièrement, EMS, devenu TIBCO Cloud Messaging, et Mashery, TIBCO Cloud API Management ont rejoint la plateforme managée.

 « Attendez-vous donc à voir plus de produits sur le TIBCO Cloud en 2022 et ensuite une évolution continue pour s’assurer que nous pouvons exécuter les logiciels sur les environnements clouds privés, clouds publics, hybrides, polycloud et toutes ces choses que nos clients recherchent, et ce sans exiger un grand nombre de changements dans le code », promet Nelson Petracek.

Le cloud, un point d’entrée commercial de plus en plus commun

Il faut dire que, hormis quelques cas particuliers (les institutions publiques), le cloud devient « de plus en plus le point d’entrée privilégié par les clients de TIBCO ». « La manière de consommer les services diffère cependant », nuance le CTO. « Certains veulent adopter des services à la demande, d’autres préfèrent gérer les produits eux-mêmes dans plusieurs clouds suivant leur stratégie d’entreprise ou la culture de l’organisation ».

 « Ensuite », poursuit-il, « ils se disent : “très bien, mais que fais-je de mon existant ?”. Dans ce cas, il s’agit de bâtir des architectures hybrides, voire polycloud, vouées à exister plusieurs années ou de faire en sorte que certains systèmes apparaissent plus modernes qu’ils ne le sont réellement [pour s’intégrer avec les nouvelles instances] ».

Évidemment, la question des usages se pose. Selon le responsable, les entreprises qui utilisent TIBCO Data Science sont davantage en mesure d’adopter le cloud, « parce que c’est là où leurs données résident ». En revanche, « en raison de sa nature même », l’intégration réclame encore des déploiements on-premise ou hybrides.

« Les clients se demandent : “J’ai une application que je maintiens depuis des années, comment puis-je construire des API et les lier à mes flux d’intégration ?” ou “j’ai un mainframe qui fournit encore certaines capacités commerciales critiques. Comment puis-je le relier à mes flux d’intégration globaux ?” », illustre le CTO.

« Puis, il y a la gestion des métadonnées, les données de référence principales, la virtualisation des données, en particulier pour les cas d’usage liés à la migration ».

Le move to cloud et S/4HANA, les deux sujets principaux en France

« Il y a toujours un point d’entrée par lequel le client fait appel à nous. »
Christian DupratRegional VP, TIBCO Software France et Benelux

Et ce qui est vrai pour les mainframes, l’est aussi pour les ERP. Ainsi, les passages à S/4HANA et au cloud seraient des moteurs de l’activité en France, selon Christian Duprat, Regional vice-président chez TIBCO Software France et Benelux. « Le move to cloud et la migration vers S/4HANA sont les deux sujets principaux que nous observons en ce moment sur le marché français », annonce-t-il. Les stratégies data driven correspondent à une troisième tendance, un peu moins avancée.

« Certains clients ont depuis longtemps opté pour nos produits d’intégrations dans le cadre de leur programme de migration vers S/4HANA, c’est le cas de L’Oréal », affirme-t-il. « Et c’est dans la continuité de ce programme que les dirigeants ont sélectionné notre Master Data Management EBX ».

Si une première phase a consisté à connecter les systèmes en place avec S/4HANA, la deuxième vise à gouverner le MDM lié au projet d’ERP. « Il y a toujours un point d’entrée par lequel le client fait appel à nous. C’est aussi le cas d’Arkema qui a choisi notre MDM et avec qui nous avons des discussions pour étendre notre relation », poursuit le dirigeant.

En France, la moitié des grands groupes auraient adopté les produits Connect de TIBCO et Christian Duprat évoque plus de 70 clients ayant déployé EBX. « À nous de faire en sorte qu’à l’avenir ces capacités soient utilisées depuis notre nouvelle architecture cloud », conclut-il.

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