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Grand chamboulement à la direction de Salesforce

Marc Benioff est de nouveau le seul PDG à la tête de Salesforce. Bret Taylor a démissionné, tout comme Steward Butterfield, le PDG de Slack, et Mark Nelson, le dirigeant de Tableau.

Il y a moins de trois mois, Marc Benioff et Bret Taylor, co-PDG de Salesforce, ont fait preuve de solidarité lors des discours et des sessions communes de la conférence annuelle Dreamforce. Le 30 novembre, Bret Taylor a révélé qu’il quittait son poste à compter du 31 janvier, apparemment pour lancer une autre startup.

Six jours après l’annonce de la démission de Bret Taylor, le cofondateur et PDG de Slack, Stewart Butterfield, a annoncé qu’il allait également quitter son poste, deux ans après l’acquisition de son entreprise par Salesforce pour 27,7 milliards de dollars. Il sera remplacé par l’ancienne cadre de Microsoft et de Sonos, Lidiane Jones, actuellement vice-présidente et directrice générale de Salesforce Experience Cloud. Lidiane Jones travaille pour Salesforce depuis 2019. Par ailleurs, le PDG et président de Tableau, Mark Nelson, a quitté l’entreprise le 1er décembre. Il avait remplacé Adam Selipsky après sa nomination à la tête d’AWS. Salesforce a indiqué qu’il n’y aura pas de successeur, puisque l’entreprise estime avoir terminé l’intégration des équipes de Tableau.

Le départ le plus surprenant demeure celui de Bret Taylor. Son mandat de 14 mois sera finalement plus court que celui du précédent co-PDG Keith Block, qui a duré 18 mois et est parti juste au moment où la pandémie s’est installée en 2020. Lors de la conférence téléphonique sur les résultats trimestriels de la société, le 30 novembre, M. Taylor a déclaré qu’il prévoyait de « revenir à ses racines entrepreneuriales ».

Bret Taylor a lancé le réseau social FriendFeed, qui a été racheté en 2009 par Facebook (aujourd’hui Meta), où il est devenu directeur technique. En 2012, il est parti lancer Quip, le concurrent de Google Docs, que Salesforce a acquis en 2016, marquant le début de son ascension au poste de co-PDG.

« Même après cette transition, je ferai toujours partie de cette entreprise », avance Bret Taylor, « et je ferai toujours partie de cette communauté ».

Marc Benioff a déclaré que le départ de Taylor était bouleversant et constituait un moment difficile pour Salesforce. Dans le même temps, il a ajouté que Taylor aura toujours un foyer chez Salesforce et lui a souhaité de démarrer une « troisième grande entreprise ».

« Vous ne pouvez pas garder un tigre sauvage dans une cage », a-t-il commenté. Il a poursuivi en s’adressant directement à Taylor : « Nous allons essayer de vous faire revenir d’une manière ou d’une autre ».

Le timing est logique si Bret Taylor prévoit effectivement de créer une autre entreprise, avance Jason Wong, un analyste de Gartner.

« Les ralentissements technologiques sont toujours un bon moment pour créer des startups, car malheureusement, avec tous les licenciements, vous avez des talents disponibles », constate Jason Wong. « Bret Taylor certainement son propre capital. Il n’a pas nécessairement besoin de lever des fonds ».

Le possible effet du rachat de Twitter

Les accords de codirection ne sont pas toujours efficaces à long terme, mais ils le sont parfois. Le mandat de M. Taylor a été marqué par l’acquisition et l’intégration de Slack dans la plateforme Salesforce et par le lancement récent de Genie.

Selon Liz Miller, analyste chez Constellation Research, Bret Taylor a mis Salesforce sur la bonne voie pour fournir plateforme composable. En général, la composabilité est possible lorsque les applications et l’infrastructure peuvent être adaptées aux besoins d’une entreprise individuelle à partir de modules standard. Dans le cas de Salesforce, les principaux composants composables comprennent Genie pour la veille client et Slack pour la collaboration.

Taylor a également présidé le conseil d’administration de Twitter lors de sa vente tumultueuse à Elon Musk, qui a ensuite licencié le conseil. Cela a peut-être joué un rôle dans son départ de Salesforce.

« Il doit être épuisé », estime Liz Miller. « Il a “Slackifié” Salesforce, tout en continuant à travailler pour obtenir l’accord concernant Twitter. Il mérite un an dans une villa isolée avec une vue imprenable. Mais d’après ce que j’ai appris de Taylor au fil des ans, il va revenir au cœur de la création et de la construction ».

Pas d’impact pour les clients, selon Gartner

Le départ de Bret Taylor n’aura probablement pas d’incidence sur les clients de Salesforce ou sur le pipeline de produits, selon Jason Wong. Salesforce, souligne-t-il, a depuis longtemps embauché des dirigeants expérimentés d’AWS, d’Oracle et d’autres géants technologiques pour maintenir son rythme d’innovation.

« Je ne pense pas qu’il y aura un impact important sur les clients, leur adoption et leur mise en œuvre », répète l’analyste de Gartner.

Liz Miller a prédit que Salesforce prendrait de nouvelles directions en 2023, alors que Marc Benioff, bientôt seul à la barre, « rêverait de son prochain rêve ». Mais les investisseurs le tiendront au courant de ses prédictions et de ses aspirations. Cela pourrait conduire à la nomination du prochain co-PDG de Salesforce.

« Marc Benioff a besoin d’un atout opérationnel solide et digne de ce nom, qui maîtrise la notion de plateforme, l’ingénierie et les affaires », estime Liz Miller. « Wall Street s’attend à de nouvelles mesures importantes et audacieuses pour s’assurer que la trajectoire de croissance de Salesforce est durable ».

Au troisième trimestre fiscal 2023, l’éditeur a réalisé un chiffre d’affaires de 7,84 milliards de dollars, en hausse de 14 % par rapport à l’année dernière, mais son bénéfice net est passé de 468 millions de dollars au Q3 2022 à 210 millions au Q3 2023. Au cours des neuf premiers mois de l’année calendaire 2022, il a réalisé un bénéfice net de 306 millions de dollars, contre 1,47 milliard de dollars sur la même période en 2021.

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