Cet article fait partie de notre guide: Le grand guide de l’Oracle CloudWorld 2023

Oracle : « les annonces d’OCW2023 s’articulent bien avec les attentes françaises »

Dans cette interview, Christophe Négrier, DG d’Oracle France, explique que les solutions IA et cloud que le fournisseur vient de présenter répondent à des besoins d’innovation et de vitesse aussi présents en France qu’aux USA.

Dans les grandes lignes, le dernier salon Oracle CloudWorld 2023 qui s’est tenu à Las Vegas fin septembre avait vocation à prouver qu’Oracle propose des fonctions inédites sur le marché en matière de cloud et d’intelligence artificielle.

« Sur notre cloud OCI en lui-même, l’une des différences les plus intéressantes par rapport à nos concurrents hyperscalers est le réseau que nous utilisons pour interconnecter nos machines. C’est un réseau RDMA. Cela signifie qu’une machine peut accéder la mémoire d’une autre machine sans devoir lui taper sur l’épaule et négocier une communication. Cela permet de déplacer les données de manière incroyablement rapide », a entamé Larry Ellison (en photo en haut de cette page), à la fois fondateur d’Oracle et son actuel directeur technologique, lors d’une keynote.

« Tout le monde veut savoir ce qui va arriver après ChatGPT. Je vous réponds : une course mondiale pour proposer la meilleure IA. OCI est le cloud le plus puissant et le moins cher pour entraîner des modèles », a-t-il ajouté, en parlant de clusters géants bardés de plus de 100 000 GPU Nvidia H100, le tout dernier modèle, mais aussi de serveurs plus économiques basés sur les nouveaux processeurs AmpereOne, la déclinaison présentée comme la plus puissante des processeurs ARM.

Le patron historique a enchaîné sur le nouvel enrichissement des applications SaaS d’Oracle avec force assistants d’intelligence artificielle. « Ces capacités d’IA vont libérer les salariés des tâches chronophages, manuelles, en déverrouillant le contenu qui a du sens pour eux, en leur prodiguant des conseils et des métriques depuis des interfaces d’automatisation et de conversation », a-t-il dit, en promettant une cinquantaine de nouveaux cas d’usage par application.

Le discours enflammé de Larry Ellison a sans nul doute galvanisé le public américain. Mais il aura néanmoins laissé quelques questions en suspens parmi les visiteurs européens. Ils n’ont manifestement pas été très convaincus par la déferlante d’exemples futuristes à propos du sacro-saint logiciel Cerner, qui, grâce à l’IA, va enrichir les vendeurs de soins médicaux dans un pays où la Sécurité Sociale n’existe pas. Et ils n’ont pas non plus été tout à fait éclairés sur l’objectif d’un cloud OCI, qui serait, d’un côté, meilleur que les autres tout en étant inféodé à son concurrent Azure et, de l’autre, plus souverain en Europe, mais sans pour autant être présent dans tous les États membres.

Pour comprendre comment toutes ces annonces s’articulent avec les attentes des entreprises françaises, LeMagIT est parti à la rencontre de Christophe Négrier, le Directeur général d’Oracle France. Interview.

LeMagIT : Quelles sont exactement les attentes des clients français d’Oracle en matière de cloud ?

Christophe Négrier : Le cloud est un sujet au cœur des préoccupations de nos clients, car il porte l’enjeu de l’innovation. Cependant, après plusieurs années d’existence des hyperscalers, le constat de nos clients est sans appel : il n’existe pas sur le marché un acteur qui soit capable de répondre à toutes les demandes. C’est pourquoi nous répondons à cette problématique avec la complémentarité entre OCI et Azure. Car la bonne réponse, c’est le multicloud.

Photo de Christophe Négrier, Directeur général d’Oracle France.
Christophe Négrier, Directeur général d’Oracle France.

Alors, en effet, avec Microsoft Azure, nous sommes à la fois partenaires et concurrents. Mais ce n’est pas paradoxal. Ce qui fait les particularités d’OCI, les processeurs Ampere, les GPUs que nous annonçons ne sont pas sur Azure. Ce que vous retrouverez en revanche, c’est le cas d’usage très courant d’utiliser de la puissance de traitement applicatif chez Azure tout en approfondissant les données sur OCI. C’est ça le cas d’usage de nos clients. Et c’est pourquoi nous avons mis en place une architecture qui rapproche nos clouds respectifs.

Comme le disait Larry Ellison sur scène, notre grande idée avec Microsoft est que les clouds devraient être ouverts, connectés. Il faut que Microsoft Office, OpenAI, Salesforce puissent discuter avec une base de données Oracle. L’idée est de standardiser les services. Comme ça vous pouvez les automatiser, ce qui permet d’éliminer l’erreur humaine.

LeMagIT : Mais tout de même, quid de la concurrence entre les hyperscalers ? Vos clients n’attendent-ils pas qu’OCI s’aligne sur les offres d’AWS, Azure ou GCP avec des tarifs attractifs ?

Christophe Négrier : Nous lisons comme vous ces témoignages d’entreprises qui disent dans la presse que tel cloud est trop cher, qu’ils veulent faire jouer la concurrence entre les hyperscalers, dans le but de pouvoir quitter l’un pour un autre plus économique. Mais ce n’est jamais ce qu’il se passe. Dans la pratique, nous observons que la maturité consiste plutôt à répartir les charges de travail entre différents clouds pour satisfaire des enjeux économiques.

Alors, bien entendu, il y a des contre-exemples. Dans sa présentation, Capgemini expliquait que le Groupe Suez a fait le choix d’OCI et pas d’un autre cloud parce qu’il leur a paru plus simple et plus rapide de migrer l’architecture VMware de leur datacenter chez nous, plutôt que chez un autre hyperscaler. Nous nous en félicitons. Mais, sans m’avancer sur les projets de ce client, il est probable qu’il s’agisse d’une étape.

« La majorité de nos clients sont dans une stratégie cloud-first. Et même plutôt SaaS-First. Cela signifie pour eux que toute nouvelle application est en SaaS. »
Christophe NégrierDirecteur général d’Oracle France

LeMagIT : Justement. Pourriez-vous nous donner un aperçu des tendances chez vos clients ? Combien migrent leur existant en cloud ? Quelle part de nouveaux clients OCI vous amène-t-il ?

Christophe Négrier : La majorité de nos clients sont dans une stratégie cloud-first. Et même plutôt SaaS-First. Cela signifie pour eux que toute nouvelle application est en SaaS. Puis, le SaaS est éventuellement enrichi avec des services PaaS (analytique, IA) pour éviter l’obsolescence. Ce sont des clients nouveaux, comme des clients historiques.

La plus grande part de nos revenus actuels provient de nos clients historiques. C’est-à-dire des clients qui veulent déplacer leur existant du datacenter au cloud. L’attente qu’ils nous expriment est que cette migration doit servir à améliorer la sécurité, la performance, la gestion de l’obsolescence, la gestion de l’empreinte carbone de chaque application. Car ces caractéristiques sont toujours meilleures en cloud que chez une entreprise dont le métier industriel n’est pas d’être hébergeur.

Cette catégorie de clients, donc, déplace des serveurs en cloud, puis, module par module, remplace ses machines virtuelles par des services SaaS. Ils le font avec l’idée de bénéficier d’une innovation continue. Une innovation qui, selon les cas d’usage, se basera tantôt plus sur les services que nous avons à leur offrir, tantôt sur ceux d’autres hyperscalers.

LeMagIT : Que pouvez-vous nous dire de la maturité de l’IA chez les entreprises françaises ?

Christophe Négrier : Je n’ai jamais vu une révolution technologique aller aussi vite. Nous voyons aujourd’hui, en France, comme partout ailleurs, des petites sociétés qui sont très actives sur les LLM, mais qui doivent dépenser des dizaines de millions d’euros pour entraîner leurs modèles. Ces sociétés ont besoin de trouver des moyens pour diviser la facture. C’est-à-dire que les entreprises ne se posent même plus vraiment la question de l’adoption, elles s’interrogent déjà sur la compétitivité.

Cela dit, pour décrire plus précisément les tendances que nous observons, nous avons trois typologies de clients en ce qui concerne l’IA. Il y a d’abord des clients qui cherchent de la capacité d’infrastructure, avec le meilleur ratio performances/prix possible. Ce sont des entreprises qui font l’IA, qui créent des modèles, qui ont des questions de coût et auxquelles nous répondons avec les nouvelles capacités IaaS d’OCI.

Ensuite, nous voyons des clients qui développent par-dessus cette IA, qui ont besoin de trouver sur OCI et ses partenaires des algorithmes. La notion ici est celle de la compétence en IA.

La troisième typologie des clients est celle des entreprises qui ont besoin de consommer l’IA, c’est-à-dire des entreprises qui utilisent des applications et qui souhaitent que ces applications reposent sur une IA qui les assiste dans leurs actions. La notion, cette fois-ci, est celle de l’accès à l’IA. Nos annonces sur l’enrichissement de nos solutions Fusion répondent à ces préoccupations.

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