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La France veut insuffler « un nouvel élan » à sa stratégie nationale pour le cloud

Appel à projets pour répondre à ses besoins cloud et IA, aide à la qualification SecNumCloud, PIIEC européen, commande publique. En 2024, l’État relance sa stratégie, initiée en 2021, pour accroître sa « souveraineté technologique » et développer la « compétitivité économique » du pays.

La secrétaire d’État chargée du numérique, Marina Ferrari, et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement ont annoncé trois « dispositifs » afin de renforcer l’offre française et européenne dans le cloud et l’intelligence artificielle.

L’annonce a été faite le 22 mars lors des Journées numériques de Strasbourg organisées par deux associations majeures du numérique français : le CIGREF et Numeum.

Ces trois dispositifs ont pour objectif de renforcer à la fois la compétitivité économique de la France et la souveraineté technologique de l’Europe, dixit le communiqué officiel du ministère de l’Économie et des Finances.

Doubler le nombre de soutiens pour SecNumCloud

La première action est l’accompagnement de 27 nouvelles entreprises pour la qualification SecNumCloud 3.2. Cette promotion porte à 48 le nombre total de startups et de PME accompagnées dans leur montée en compétence cyber.

Autrement dit, le nombre d’offres qui seront aidées par l’État pour obtenir la longue et coûteuse qualification de l’ANSSI devrait plus que doubler.

Le budget mobilisé pour cette action est de 9 M€. Le but affiché est « d’élever le niveau de sécurité des offres SaaS et PaaS » et de faciliter l’accès à la qualification afin d’« accroître la diversité d’offres SecNumCloud ».

Ce point est d’autant plus important que la doctrine de l’État « cloud au centre » impose des « clouds de confiance » qui eux-mêmes requièrent ce label.

Mais, rétorquent plusieurs institutions, à juste titre, semble-t-il, il n’y a pas suffisamment d’offres éligibles pour répondre aux besoins du secteur public.

Plus d’acteurs, sur plus de couches cloud (SaaS et PaaS en plus du IaaS), devraient apporter un début de réponses à ces objections – qui débouchent régulièrement sur l’usage de services d’hyperscalers américains en contradiction avec la doctrine initiale affichée par l’État (Office 365 en étant le symbole régulièrement dénoncé par le député centriste Philippe Latombe).

L’Europe met un PIIEC dans le cloud

La deuxième action est le coup d’envoi du PIIEC Cloud (Projets importants d’intérêt européen commun) ce 21 mars.

Ce PIEEC est porté par la France et l’Allemagne. Dans ce cadre, trois « grands projets » français sont chapeautés respectivement par Orange, Atos et Amadeus.

Pour mémoire, un PIIEC (ou IPCEI) n’est pas un programme de financement de l’Union européenne, mais la possibilité laissée aux états membres de dépasser les limites réglementaires d’aides publiques pour soutenir certains projets, à la condition qu’ils soient « innovants » et susceptibles de créer de la valeur pour un écosystème européen.

Un nouvel appel à projets dans France 2030

Enfin, la troisième action est la publication d’un nouvel appel à projets « Renforcement de l’offre de services cloud » dans le cadre de France 2030.

Ouvert jusqu’au 2 octobre, il sera géré par Bpifrance. Les entreprises qui souhaitent proposer « une offre de cloud et d’IA répondant aux besoins spécifiques de l’État » peuvent déjà candidater. Une première relève sera faite le 14 mai.

« Les projets candidats doivent contribuer de manière significative à répondre aux besoins fonctionnels en matière de cloud de confiance identifiés auprès des administrations par la DINUM », souligne un communiqué officiel. « [Ils] seront évalués par rapport à l’atteinte des cibles techniques et fonctionnelles via un “démonstrateur” construit par la DINUM ».

L’appel à projets veut également soutenir la filière de l’IA – et notamment l’IA générative – avec la commande publique, ajoute Bercy.

L’État souhaite par ailleurs faire émerger des consortiums. « [Pour] rassembler les écosystèmes cloud et IA, [des] sessions de matchmaking (mise en relation) seront organisées », assure le Ministère.

La continuité de la stratégie nationale pour le cloud

Ces « dispositifs » s’inscrivent dans la continuité de la stratégie nationale pour le cloud, lancée en mai 2021.

Depuis trois ans, elle s’est concrétisée par plusieurs actions de « soutien à l’innovation » (sic) au sein de France 2030, coordonnée par la Direction générale des Entreprises (DGE), ainsi que par un appel à manifestation d’intérêt (AMI).

Cet AMI « a permis de faire émerger et de soutenir 18 projets sur toutes les thématiques du continuum cloud-edge », se félicite aujourd’hui Bercy. L’investissement total de cette action s’est élevé à 208 M€, dont 131 M€ de soutien public (60 %).

Autre initiative – avec Office 365 en tête – trois projets de suites collaboratives SaaS ont été soutenus financièrement. Wimi, Jamespot et Interstis se sont partagé un montant de 23 M€ « pour passer à l’échelle » et pour continuer à faire mûrir leur offre face à l’hégémonie de Microsoft.

« Souveraineté numérique » et « commande publique volontariste »

Ces actions – passées et à venir – sont complétées par « un effort constant », insiste l’État.

Un effort pour mettre plus de concurrence dans le cloud en soutenant la création de réglementations européennes (DMA, DGA, Data ACT) et françaises (projet de loi « Sécuriser et réguler l’espace numérique »).

Un effort aussi pour « structurer l’écosystème » avec Gaia-X ou le Comité stratégique de filière (« solutions numériques de confiance »).

Pour la secrétaire d’État chargée du numérique, Marina Ferrari, les annonces de ce mois de mars 2024 constituent en tout cas « un nouvel élan […] à la stratégie cloud ».

Elles montrent « notre détermination à poursuivre, sur le chemin de la souveraineté numérique, le développement d’offres compétitives, en lien avec une politique de commande publique volontariste », résume-t-elle.

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