
Joule, agents IA : SAP détaille sa feuille de route et ses ambitions
Alors que ses clients s’y mettent à peine, l’éditeur allemand a présenté une feuille de route très chargée en matière d’IA générative. SAP espère que ses clients feront de sa plateforme le hub de tous leurs agents IA.
Lors des éditions nord-américaines et européennes de Sapphire 2025, SAP a largement misé sur la présentation de ses assistants et agents IA. Pas moins de 34 000 clients utiliseraient ces capacités rassemblées dans la suite Business AI. Dans les faits, beaucoup de choses sortent à peine des cartons. Et les clients Private Cloud n’ont pas forcément adopté la bonne version de S/4HANA Cloud pour en profiter.
La jonction entre Microsoft Copilot et Joule se fait attendre
Il y a d’abord l’intégration bidirectionnelle entre Joule et Microsoft Copilot. Le déploiement de Joule dans Copilot est prévu pour le deuxième trimestre 2025, tandis que Joule sera disponible depuis Copilot au troisième trimestre 2025.
À la même période, l’assistant de SAP sera également « always on », c’est-à-dire accessible depuis une barre d’action au-dessus de certains de ses logiciels.
Cette barre d’action découle de l’acquisition de WalkMe. Ce même outil peut « augmenter » SAP GUI afin d’expliquer les éléments visuels présents sur l’interface. Pour l’instant, cette intégration est effectuée au niveau de l’UI, selon Victor Alvarez, responsable product marketing pour Joule chez SAP. En clair, il faut encore configurer l’ancrage des réponses avec les différentes solutions de l’éditeur.
D’ici au troisième trimestre 2025, Joule s’accompagnera de solutions pour accomplir certaines tâches dans Ariba Procurement, Fieldglass, Signavio, le cockpit de la BTP, CX, Business Data Cloud, DataSphere, SAP Mobile Start, et Analytical Insights.
D’autres solutions Joule spécifiques à Field Service Management et Integrated Business Planning seront accessible à la fin de l’année.
1600 actions à déclencher depuis Joule
Mais l’assistant Joule doit aussi pouvoir exécuter des tâches nommées « skills ». Il y en aurait 1600 aujourd’hui, « environ 80 % des flux de travail les plus utilisés dans SAP », d’après Philipp Herzig, directeur technique de l’éditeur. Environ 300 de ces déclencheurs viennent d’être ajoutés. Ces actions couvrent les aspects « finances, supply chain, RH et d’autres ». Concrètement, elles permettent d’afficher, d’agréger, de superviser, de modifier des objets, des documents et des entrées dans les produits SAP. « L’accès aux compétences dépend du périmètre SAP du client et de l’offre IA qu’il a choisi », précise Victor Alvarez.
À partir de Joule Studio, les entreprises pourront développer des « skills » personnalisés. Il faudra encore attendre le troisième trimestre 2025.
« Ces skills produisent des résultats spécifiques, configurables en fonction du paysage client », selon SAP. « Les compétences peuvent s'appuyer sur d'autres composants de SAP Build, tels que des automatismes préconstruits et des applications personnalisées, l'accès à des intégrations tierces et des modèles d'IA ».
« Nous avons également élargi la gamme de produits destinés aux consultants et aux développeurs, aidant déjà des dizaines de milliers de consultants et de développeurs chaque année, chaque jour, à réaliser des scénarios d'IA dans l'ensemble de notre suite d'applications », indique Philipp Herzig. « Aujourd'hui, 230 scénarios prêts à l’usage sont déjà disponibles dans la suite et, d'ici à la fin de l'année, nous serons en mesure de proposer 420 scénarios d'IA générative ».
Une dizaine d’agents IA disponibles d’ici au quatrième trimestre 2025
Outre son assistant, ses « skills » et ses scénarios, SAP développe ses agents Joule. Selon Victor Alvarez, il y aurait actuellement 14 agents disponibles en bêta. Ceux-là couvriraient des besoins en matière de CX, de logistique, de RH, de procurement et de Finance.
11 agents entreront en disponibilité générale entre le deuxième et le quatrième trimestre 2025. Ils couvriront les thématiques suivantes :
- Gestion et création de propositions commerciale,
- Optimisation de catalogue produit,
- Planification de la maintenance,
- Supervision des ateliers,
- Répartition des missions FSM,
- Préparation de voyage de groupe,
- Aide à la validation de rapport de dépense,
- Sourcing de produits,
- Aide au règlement des litiges,
- Traitement des comptes débiteurs,
- Suivi des objectifs et de la performance des collaborateurs.
Au total, SAP prévoit de « lancer » 40 agents d’ici à la fin de l’année 2025, selon Philipp Herzig. Le directeur technique n’a pas précisé quand ils entreront en disponibilité générale.
« Un agent Joule est un système semi-autonome propulsé par un LLM qui utilise au moins trois skills », précise Victor Alvarez. Et de mentionner que les clients pourront développer leurs propres agents depuis Joule Studio à partir du quatrième trimestre 2025. Ces agents pourront s’appuyer sur le knowledge graph de SAP HANA Cloud.
Auprès du MagIT, Victor Alvarez a rappelé que SAP participe déjà au développement du protocole Agent2Agent (A2A) proposé par Google. Le responsable n’a toutefois pas précisé la manière dont les agents Joule communiqueront entre eux. Les démonstrations présentées lors de l’événement ont prouvé que des ponts vers l’extérieur, notamment vers Gemini Workspace et ServiceNow, sont prévus. Pour l’instant, l’éditeur envisage d’abord d’intégrer l’assistant Joule dans des logiciels tiers à travers sa surcouche WalkMe.
Avant cela, dès le troisième trimestre 2025, l’éditeur lancera un système de workflows agentique « dynamique » qui permettra à un agent de déterminer quelles sont les meilleures skills disponibles pour effectuer une tâche exprimée en langage naturel. « Nous voulons que ce soit le plus simple possible pour les métiers », avance le responsable du marketing produit.
Sous le capot, SAP utiliserait différents modèles de langage et de raisonnement du marché, propriétaire ou « open weight », sélectionné suivant un rapport performance-coût. Pendant Sapphire 2025, l’éditeur a annoncé des partenariats avec Mistral AI et Google Cloud (Gemini) afin d’accéder à leurs modèles respectifs.
Outre cette gestion dynamique des skills, Philipp Herzig a présenté la préversion privée de Prompt Optimizer, un outil pour adapter ou convertir les prompts préalablement utilisés pour d’autres LLM ou des versions plus récentes du même grand modèle de langage.
SAP fait de LeanIX le hub des agents IA
Le gestionnaire d’architecture d’entreprise SAP LeanIX deviendra la terre d’accueil du hub agentique de SAP. En clair, l’éditeur entend proposer une solution pour gouverner les agents IA, ceux bâtis sur sa plateforme et des systèmes tiers. Un accès anticipé a été annoncé plus tard cette année.
« L’AI Agent Hub vous permet de cartographier chaque agent IA et de le lier à chaque processus métier que nous prenons en charge », assure Philipp Herzig. « Vous pouvez identifier des fossés d’automatisation et découvrir de nouveaux agents pour les combler. Ou vous pouvez suivre si vos agents AI respectent vos standards éthiques et de conformité ».
Et le CTO d’assurer que les « métiers seront les managers des agents IA » : ils resteront dans la boucle pour valider les tâches automatisées. Les porte-parole de l’éditeur ont par ailleurs présenté aux clients les moyens de contenir au maximum les hallucinations et les biais des modèles. « Avec la mécanique RAG, un Knowledge Graph, l’IA neuro-symbolique qui est un grand mot pour dire que nous combinons un LLM avec un moteur de règles, des garde-fous, etc., il est possible d’obtenir des résultats très satisfaisants », assure le directeur technique de SAP.
Le partenariat avec Perplexity serait le fruit de cette même réflexion. Selon Victor Alvarez, il s’agit d’enrichir des réponses de Joule avec des données externes à l’entreprise. « Par exemple, un logisticien peut anticiper un événement climatique et demander à Joule des recommandations pour éviter des ruptures dans sa supply chain », illustre-t-il.
Dans ce cas-là, les éléments confidentiels de la demande sont anonymisés, la requête est soumise au moteur de recherche IA. Aucune donnée confidentielle n’est envoyée vers Perplexity », assure le responsable marketing produit. Le moteur de recherche propulsé à l’IA renvoie une réponse. Joule corrèle cette réponse avec les données de l’entreprise présente dans SAP. « C’est un bon moyen de faire un pont entre des données internes et externes », vante Victor Alvarez. SAP prévoit une disponibilité générale de cette fonctionnalité au quatrième trimestre 2025. Au plus tard, au premier trimestre 2026. D’autres partenariats de ce type sont à prévoir, anticipe Victor Alvarez.
Combiner IA agentique et robotique
Malgré le petit retard pris par rapport aux acteurs du marché, les responsables du groupe allemand n’ont pas su s’empêcher de vouloir épater la galerie. De manière plus prospective (et plus anecdotique), SAP a donc annoncé un partenariat « stratégique » avec Neura Robotics et Nvidia.
La startup allemande Neura Robotics fabrique des robots (humanoïdes ou non) qui embarqueront les agents Joule. SAP et Neura prévoient de déployer ces systèmes dans des usines, par exemple pour réaliser la maintenance de ligne de production. Avant cela, les opérations gérées par les agents Joule à travers les robots Neuma (eux-mêmes pilotés par des modèles d’IA spécifiques) seront testées au sein de l’environnement Isaac Sim de la gamme de simulation Nvidia Omniverse.