La première révision majeure de la plateforme VMware depuis le rachat par Broadcom est maintenant disponible pour tous les abonnés de VMware Cloud Foundation et VMware vSphere Foundation.
La plateforme VMware Cloud Foundation 9 (VCF 9) est désormais disponible après une année de battage médiatique et de promesses de Broadcom. VCF 9 est immédiatement installable par les abonnés de VMware Cloud Foundation et VMware vSphere Foundation sans frais supplémentaires, selon le fournisseur. Il n’y a pas de date limite pour mettre à niveau la version précédente de VCF, ont déclaré les porte-parole de Broadcom.
Évoqué pour la première fois par le PDG de Broadcom, Hock Tan, en août dernier lors de la conférence VMware Explore 2024, VCF 9 apporte une nouvelle console d’administration unifiée pour toutes les fonctionnalités, afin de mieux mimer l’expérience cloud, un déploiement plus rapide par rapport aux versions précédentes et une grande quantité d’optimisations, selon Broadcom.
« VMware est maintenant semblable à la technologie mainframe : une plateforme informatique très puissante, mais limitée aux clients qui ont beaucoup d’argent à dépenser. »
Jerome WendtAnalyste, Data Center Intelligence Group
À la manière de Dell qui défend l’idée d’une IA privée, Broadcom ne cesse de marteler que VCF est la plateforme qui permet de concrétiser le cloud privé, sous-entendu loin de la tutelle embarrassante des hyperscalers. Mais l’aura du titan des logiciels d’infrastructure, censé être utilisé jusque dans les plus grandes entreprises au monde, est toujours entachée par son passage aux mains de Broadcom.
« VMware est maintenant semblable à la technologie mainframe : une plateforme informatique très puissante, mais limitée aux clients qui ont beaucoup d’argent à dépenser et aux besoins spécifiques des grandes entreprises », commente Jerome Wendt, analyste chez Data Center Intelligence Group et manifestement nostalgique de l’époque où VMware s’adressait aux entreprises de toutes tailles.
« Les entreprises qui ont besoin des nouvelles fonctionnalités de VCF au prix de VCF sont déjà clientes de VMware. VCF 9 ne va pas attirer de nouveaux clients, comme le mainframe. Le mainframe a fini par devenir un marché de niche et c’est ce qui pend au nez de VMware », ajoute-t-il.
Du cloud privé plus rentable que le cloud public
VCF 9 se présente comme une plateforme logicielle servant à déployer un cloud privé, dans le datacenter d’un client, mais aussi par-dessus les infrastructures des clouds publics partenaires. Dans ce second cas, seules les puissances de calcul et capacités de stockage sont utilisées. Tout le reste (les services applicatifs et les consoles de pilotage des hyperscalers) est gommé derrière les fonctions que VMware a réinventées pour ses clients.
La nouvelle interface implémente un contrôle de l’informatique basé sur les rôles de ceux qui y accèdent. On y trouve des politiques de gouvernance, des déploiements préconfigurés par métier, une allocation dynamique de ressources pour les développeurs.
« Les clients vont devoir faire un compromis : doivent-ils utiliser les produits inclus dans l’abonnement parce que c’est économiquement plus intéressant ou les produits les plus efficaces du marché ? »
Naveen ChhabraAnalyste, Forrester
On grimpe bien plus loin dans les métiers qu’auparavant. De nouveaux services FinOps servent à surveiller le coût total de possession. Ils intègrent les licences logicielles, les opérations, les facturations du datacenter, les demandes de ressources de la part des collaborateurs. Il y a même un nouvel outil pour optimiser automatiquement le budget des ressources déployées et afin de dresser des rétrofacturations.
« De tels outils métiers étaient jusqu’ici édités par des fournisseurs tiers. Désormais, VMware les propose avec son abonnement. Les clients vont devoir faire un compromis : doivent-ils utiliser les produits inclus dans l’abonnement parce que c’est économiquement plus intéressant ou les produits les plus efficaces du marché ? Je ne sais pas si VCF 9 coche toutes les cases », commente Naveen Chhabra, analyste chez Forrester. Il pointe l’argument de Broadcom selon lequel l’infrastructure de cloud privé VMware reviendrait moins chère que l’utilisation de services en cloud public.
Des technologies de pointe et… des options
À l’inverse, on s’encombre moins qu’avant de la complexité des infrastructures. L’unification – c’est le maître mot de cette nouvelle version – va jusqu’à mettre au même niveau machines virtuelles et containers, les deux formats dans lesquels sont empaquetées les applications pour être exécutées. Le service vSphere Kubernetes les gère ensemble, via la même interface et le même mode opératoire. Comme chez Red Hat avec OpenShift.
Sous le capot, les fonctions restent de pointe. La sécurité, par exemple, reconnaît et utilise les circuits spécialisés dans les processeurs Intel et AMD. Côté stockage, la déduplication est généralisée à tous les volumes vSAN. Les SSD NVMe sont hiérarchisés selon leurs performances pour mettre les bonnes données dessus sans qu’on s’en inquiète. Un stockage vSAN d’un site se restaure automatiquement vers le stockage vSAN d’un autre site en cas de cyberattaque ou d’autre incident.
Plus étonnant, Broadcom commercialise à part des « services avancés » pour des besoins spécifiques. Les premiers services disponibles comprennent VMware vDefend contre les malwares, VMware Live Recovery pour la reprise d’activité et AVI Load Balancer pour équilibrer les charges de manière proactive. On pensait que l’intérêt de VMware sous Broadcom était d’avoir toutes les fonctions dans l’abonnement global, mais le fournisseur renoue visiblement avec la vente au détail des options.
« Il est discutable que l’on vous fasse payer le prix fort au prétexte que tout est inclus, mais que vous ayez à payer tout de même encore plus pour avoir ce qui n’est pas inclus. À mon avis, ces options sont uniquement là pour offrir aux clients une marge de négociation », estime Jerome Wendt.