Jakub Jirsk - Fotolia

VMware : Telefónica évite l’inflation avec des licences d’occasion

La filiale allemande de l’opérateur télécom ne voulait ni se lancer dans le nouvel abonnement hors de prix imposé par Broadcom, ni abandonner VMware. Pour équiper ses nouveaux serveurs, elle s’est donc mise en quête d’anciennes licences perpétuelles.

Les ramifications du changement de stratégie de Broadcom concernant VMware, principalement le fait de remplacer l’achat de licences par un abonnement à un lot entier de logiciels, conduisent de nombreux services informatiques à réorienter leur approche de la solution.

Si VMware va probablement rester un élément fondamental de l’infrastructure des centres de données dans un avenir proche, certains responsables informatiques envisagent d’autres hyperviseurs pour la virtualisation des serveurs.

Red Hat et Nutanix font partie des entreprises qui ont profité des changements chez VMware pour promouvoir leurs hyperviseurs. Mais toute migration vers une plateforme différente présente des risques en matière de formation, et potentiellement la nécessité de tester et de recertifier les applications commerciales pour avoir la garantie qu’elles fonctionnent toujours.

Telefónica Allemagne a adopté une approche différente. Au lieu de remplacer VMware, l’opérateur a réussi à éviter de payer l’augmentation du prix, imposée par l’abonnement à VMware Cloud Foundation (VCF), en rachetant des licences perpétuelles de VMware sur le marché de l’occasion. Et en allant chercher auprès d’un tiers le support qui va de pair.

Ce n’est pas une première pour l’entreprise. Elle avait précédemment économisé 15 millions d’euros en 2022 sur le support de ses bases de données relationnelles Oracle 19i, en s’adressant à l’ESN Spinnaker plutôt qu’à Oracle lui-même.

Si l’abonnement à VCF est vécu comme une augmentation de tarif, c’est essentiellement parce que son coût est lié à la fourniture d’une multitude de composants logiciels dont nombre de clients VMware n’ont pas besoin. En particulier lorsque l’utilisation se limite aux modules de base pour virtualiser des serveurs dans un centre de données.

Dire non à l’abonnement

Selon Holger Berndt, responsable professionnel de la gestion des actifs logiciels chez Telefónica Allemagne, Broadcom lui avait initialement intimé de s’abonner à la suite VCF pour tous ses serveurs.

« Broadcom voulait que nous abandonnions nos licences perpétuelles à la faveur d’un nouvel abonnement annuel. »
Holger BerndtResponsable professionnel de la gestion des actifs logiciels, Telefónica Allemagne

« Broadcom voulait que nous abandonnions nos licences perpétuelles à la faveur d’un nouvel abonnement annuel qui couvrirait l’ensemble de notre parc de serveurs, ceux qui fonctionnent déjà sous VMware et les quelques nouveaux que nous devions déployer. Il n’était pas possible de négocier. Nous devions payer 20 millions d’euros par an. Nous avons dit non », raconte-t-il.

En l’occurrence, Telefónica Allemagne souhaitait faire fonctionner sous VMware 10 000 serveurs, sachant que 7 500 d’entre eux disposaient déjà d’une ancienne licence perpétuelle et qu’il fallait donc juste s’équiper de 2 500 nouvelles licences. « C’est à ce moment que nous avons décidé de partir sur le marché de l’occasion pour trouver ces nouvelles 2 500 licences perpétuelles. En ce moment, il y a beaucoup de licences sur le marché de l’occasion, parce que tout le monde fuit VMware et Broadcom », dit-il.

La deuxième étape nécessaire pour faire l’impasse sur les abonnements VMware consistait à ne pas renouveler le contrat de maintenance auprès de VMware et à chercher ailleurs un prestataire capable de proposer un service similaire. À la suite d’un appel d’offres, en janvier 2025, c’est une nouvelle fois l’ESN Spinnaker qui a été la mieux-disante.

Sécuriser VMware sans VMware

Comme pour d’autres produits dont l’assistance passe dans les mains d’un fournisseur tiers, Telefónica Allemagne a dû télécharger tous les correctifs VMware avant de mettre fin à son contrat d’assistance initial.

Bien que Telefónica Allemagne n’ait désormais plus accès aux derniers correctifs de sécurité de VMware, la moitié des vulnérabilités découvertes au fur et à mesure dans le produit sont dues à une mauvaise configuration. « Ces vulnérabilités ne sont jamais colmatées par des correctifs logiciels, mais juste par des reconfigurations », lance Martin Biggs, le directeur général de Spinnaker.

Dans les faits, Spinnaker travaille de manière rapprochée avec l’équipe de Telefónica Allemagne pour renforcer sans cesse l’infrastructure informatique, sur la base des critères du Center for Internet Security (CIS) et sur les bonnes pratiques partagées publiquement par Broadcom.

« Nos ingénieurs s’occupent systématiquement d’implémenter les correctifs qui répondent aux avis de sécurité que Broadcom publie. Nous disposons pour ce faire d’une équipe dédiée, capable d’intervenir dans le monde entier », précise Martin Biggs.

Un modèle à suivre ?

« Dans les autres pays où Telefónica opère, nos décideurs informatiques étudient [...] la viabilité de l’utilisation de licences VMware d’occasion avec une assistance tierce. »
Holger BerndtResponsable professionnel de la gestion des actifs logiciels, Telefónica Allemagne

Le fait que Telefónica Allemagne ait pu augmenter son parc de licences perpétuelles VMware en achetant des logiciels d’occasion montre que les entreprises peuvent continuer à utiliser VMware sans se lancer dans un douloureux projet de migration vers un hyperviseur concurrent.

« Dans les autres pays où Telefónica opère, nos décideurs informatiques étudient l’approche que nous avons adoptée, à savoir évaluer la viabilité de l’utilisation de licences VMware d’occasion avec une assistance tierce », se félicite Holger Berndt.

De nombreux rapports indiquent que VMware a aussi augmenté les tarifs de son assistance. Le recours à une assistance tierce offre aux responsables informatiques avisés un moyen de contourner ce problème. Du moins, s’ils sont prêts à mettre en place les mesures de sécurité requises pour faire fonctionner le logiciel sans les correctifs de Broadcom..

Pour approfondir sur Virtualisation de serveurs