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Le Cloud public, le SaaS et la GenAI font enfler la facture IT (étude Capgemini)
Dans une étude, Capgemini Research Institute constate que les directions IT peinent à maîtriser le coût des technologies à la demande (cloud public, SaaS, GenAI cloud). Le contexte inflationniste explique en partie ce phénomène, mais les entreprises manquent encore d’une stratégie FinOps.
Selon une étude menée en mai par l’institut de recherche de Capgemini auprès de 1000 entreprises présentes dans 14 pays et 12 secteurs, 77 % d’entre elles voient l’élasticité du cloud comme un élément central de leur croissance économique et de différenciation face à la compétition.
Le rapport publié en septembre remarque toutefois un écart de croyance franc entre deux catégories de sociétés. Il y a, d’un côté, celles qui ont en grande partie adopté le cloud. De l’autre, celles qui ont encore une empreinte conséquente sur site. Plus de 80 % des 615 dirigeants IT d’entreprise « cloud first » perçoivent des impacts positifs en matière de productivité opérationnelle, d’innovation et de diminutions des coûts grâce aux services IaaS et PaaS. La moitié ou moins de la moitié (45 % à 50 %, suivant les cas) des 385 DSI gérant majoritairement des instances sur site font le même constat. Concernant l’IA générative (diminution des coûts, d’amélioration de la satisfaction employée et de la qualité de service), cette dichotomie perdure. En revanche, la pertinence des services SaaS semble mettre tout le monde d’accord.
Ces impacts perçus pourraient justifier à eux seuls la hausse des dépenses dans les services à la demande (cloud public, SaaS, IA générative dans le cloud) au cours de l’année à venir. Ces technologies représenteront alors 41 % des budgets IT des DSI, contre 29 % cette année.
Les technologies à la demande occasionnent des dépassements de budget IT
Un autre phénomène amplifie cette tendance. D’après 82 % des sondés, le cloud public, le SaaS et les services de GenAI engendrent une hausse marquée de la facture IT.
Au cours des douze derniers mois, plus de trois quarts d’entre eux (76 %) affirment qu’ils ont dépassé leur budget consacré au cloud public de 10 % (en moyenne, 35 % au maximum). Environ 68 % des répondants font la même observation concernant l’IA générative (11 % en moyenne, 18 % au maximum), et un peu plus de la moitié (52 %) en matière de SaaS (un excès de 11 % en moyenne, 25 % au maximum). En cause, le manque de visibilité (65 %), l’absence de gouvernance des coûts (56 %), des ressources inutilisées (50 %), l’augmentation des prix par les fournisseurs (50 %) et les contrecoups de processus d’achat décentralisé.
Sans trop de surprise, 59 % des dépenses associées à l’IA générative sont attribuées aux entités métier, tout comme 48 % des dépenses dans le SaaS. Problème, 12 % des achats de services à la demande se feraient sans l’accord préalable de la DSI. Une pratique admise par 98 % des dirigeants métier. La plupart le font toutefois de manière occasionnelle (58 %) ou rare (31 %).
En conséquence, 64 % des responsables IT expriment être dans l’incapacité de prévoir avec certitude leur budget cloud. Pour 59 % d’entre eux, le gaspillage de ressources réservées est un défi important. Une majorité de ces professionnels de l’IT (58 %) vont même jusqu’à confirmer l’affirmation selon laquelle les technologies à la demande représentent un « gros trou noir ». Qui plus est, et ce, malgré plus de dix ans d’adoption progressive du cloud, 56 % des DSI se disent encore choqué par leur facture, à cause de pics d’usage qu’ils n’avaient pas anticipé.
Selon Karine Brunet, directrice des services Cloud Infrastructure de Capgemini et membre du Comité exécutif du Groupe, les technologies à la demande « offrent une commodité inégalée », mais elles « ont un coût ».
Cette banalisation serait l’avantage principal de ces services disponibles en cloud public. Or, les retours sur investissement promis sont parfois exagérés, suggèrent les résultats de l’étude.
Un retour sur investissement discutable (et un retour sur site envisagé)
Près de 29 % des sondés disent avoir réalisé les économies qu’ils anticipaient au moment d’adopter des services SaaS. Seuls 33 % affirment obtenir la qualité de service cloud attendu, quand 38 % d’entre eux constatent une accélération de l’innovation grâce à l’IA générative.
Pire. Pas moins de 61 % des responsables interrogés énoncent que les coûts non contrôlés rognent la profitabilité de leur organisation.
En conséquence, 55 % des sondés expliquent que leur entreprise est prête à migrer des charges de travail d’un cloud public à un autre, tandis que 45 % d’entre eux envisagent un retour en cloud privé. Ils réagiraient là à des exigences financières, de conformité et des inquiétudes en matière de souveraineté, dixit Capgemini Research Institute. Dans un même temps, les tensions géopolitiques auraient poussé 46 % des répondants à incorporer le cloud souverain dans leur stratégie cloud. Près de 42 % de ceux-là allèguent que leur organisation serait prête à payer en moyenne 11 % de plus pour bénéficier de services localisés ou strictement souverains.
De manière générale, la question des dépenses associées aux technologies à la demande s’envisage après coup, d’après 54 % des sondés. C’est particulièrement vrai chez les acteurs du secteur public (65 %), de l’aéronautique et de la défense (63 %) et du manufacturing (61 %).
Une adoption parcellaire de l’approche FinOps
Cela se reflète dans les réponses concernant l’adoption de l’approche FinOps. Une majorité (60 %) de dirigeants IT dit utiliser un outil de gestion des coûts cloud, mais uniquement 37 % d’entre eux évaluent son impact et prennent des décisions à partir des informations obtenues.
En outre, 45 % des personnes interrogées énoncent que leur société a défini des indicateurs clés de performance relatifs à l’optimisation des coûts des services à la demande.
Si plus des trois quarts (76 %) des répondants assurent que leurs entreprises ont mis ou sont en train de mettre en place une stratégie de gestion des coûts, seuls 29 % des sondés ont une équipe FinOps.
Or, la moitié des 219 personnes qui ont soutenu que leur organisation dispose d’une équipe FinOps disent également qu’elle se concentre exclusivement sur le cloud. Environ 38 % d’entre eux signalent qu’elle couvre les dépenses cloud et SaaS, quand 9 % témoignent d’une supervision des frais cloud et GenAI. Seuls 2 % des répondants de cette sous-catégorie affirment que leur équipe FinOps pilote les coûts de toutes ces technologies.
Ces équipes technico-financières ont essentiellement des fonctions opérationnelles et de gestion de contrats (63 %). Les groupes FinOps ayant une vision stratégique et des missions de prévision et de planification des coûts demeurent minoritaires (28 %). Si bien qu’ils peinent à influencer les décisions d’achat.
Pas moins de 60 % des sondés identifient le manque de collaboration interne comme la raison principale du fait que leur entreprise n’arrive pas à tirer profit des bénéfices des technologies à la demande.
C’est pourtant bien une gouvernance des coûts, un alignement des objectifs technologiques, métiers et financiers qu’il faut mettre en place pour disposer à plein du cloud, selon Capgemini. Une vision holistique des dépenses, l’optimisation des coûts et l’intégration de la durabilité sont autant d’éléments à prendre en compte. La remontée de données devrait être automatisée, tandis que l’IA peut aussi aider à accélérer les choses. Un projet d’envergure qui rebute la plupart des entreprises.