Taiwan refuse de partager la production de puces d’IA avec les USA

Alors que le gouvernement des USA se targue de négocier avec Taiwan le transfert sur son sol de la moitié de la production des puces de TSMC, la vice-première ministre taiwanaise rétorque qu’elle n’était pas au courant et qu’elle s’oppose même à une telle idée.

Incident diplomatique. La vice-première ministre de Taiwan, Cheng Li-chun, tout juste rentrée d’un déplacement à Washington ce jeudi, a appris à sa descente d’avion que l’actuel secrétaire au Commerce américain, le milliardaire Howard Lutnick, avait prétendu dans la presse avoir discuté avec elle d’une répartition à 50-50 de la production de puces entre les deux pays. Problème, ce sujet n’a selon elle pas été abordé. Son voyage concernait les taxes réciproques sur les exportations. Pire, elle se dit fermement opposée à un tel projet.

Le gouvernement de Taiwan a même dû se fendre d’un communiqué officiel qui précise : « nous n’avons jamais fait de promesse de type 50-50 et nous n’accepterons pas de telles conditions. Nous allons redoubler de vigilance à ce sujet (...) Le dossier qui est toujours en discussion est celui des tarifs douaniers entre les USA et Taiwan. Le projet de modifier la chaîne mondiale d’approvisionnement des puces est la seule idée des USA. »

En l’état, les exportations taiwanaises sont toujours momentanément taxées à 20% en attendant de trouver un accord. Et l’administration Trump menace toujours de porter cette taxe à 100% concernant les puces qui entrent sur son territoire. Taiwan est le berceau de TSMC, le numéro un mondial de la gravure de semiconducteurs, qui fabrique notamment tous les processeurs et GPU de Nvidia, AMD ou encore Apple.

Howard Lutnick, par ailleurs président du fonds d’investissement Cantor Fitzgerald et ardent défenseur des taxes sur les importations américaines, a déclaré au média américain NewsNation : « mon objectif, et celui de cette administration, est de délocaliser significativement la production de puces électroniques – nous devons fabriquer nos propres puces. L’idée que j’ai présentée à Taïwan était : atteignons un équilibre de 50-50. Nous produisons la moitié, et vous, l’autre moitié. »

TSMC peu enclin à transposer sa production aux USA

Le souhait de relancer l’industrie des semiconducteurs sur le sol américain date de la précédente administration Biden. Elle avait eu l’idée d’un grand plan de financement public, le CHIPS Act, pour motiver les professionnels du secteur à développer leur activité aux USA. L’administration Trump, considérant ensuite que ces aides étaient une erreur, a préféré actionner la menace de taxes punitives sur les semiconducteurs qui ne seraient pas fabriqués aux USA.

Les aides promises par Joe Biden et pas encore versées persistent sous la nouvelle forme d’investissements contre une prise de participation du gouvernement fédéral américain dans le capital des sociétés bénéficiaires. Un montage qui n’a pour l’instant fonctionné qu’avec le fondeur américain Intel. Celui-ci appartient désormais à hauteur de 10% aux USA, lesquels comptent se rembourser l’aide accordée par le versement annuel d’autant de dividendes.

Le coréen Samsung et le taiwanais TSMC ont fait preuve de bonne volonté dans un premier temps, annonçant quelques projets d’usines américaines. Mais l’ambition initiale a été douchée quand ils ont révélé n’avoir nullement l’intention d’y faire fabriquer des semiconducteurs de dernière génération. Pire, pour compenser le prix élevé de la main-d’œuvre américaine, les puces bas de gamme fabriquées aux USA seraient vendues plus cher que celles fabriquées en Asie.

Pour approfondir sur Hardware IA (GPU, FPGA, etc.)