ERP cloud : le groupe Leonhart partage son bilan après trois ans en production
Spécialiste alsacien de l’extraction de sable et de la fabrication de béton, le groupe Les Sablières J. Leonhart revient sur cinq ans d’adoption de S/4HANA Public Cloud, dont trois en production.
Né en 1920 à Sélestat en Alsace, le groupe Les Sablières J. Leonhart s’est d’abord spécialisé dans l’extraction du sable, des concassés et des granulats. Puis, il s’est lancé, à partir des années 1960, dans la fabrication de béton. En 2000, il ajoute à ses deux activités la vente de pierres naturelles. L’année suivante, le groupe crée Transports Leonhart, une filiale consacrée au déplacement de ses propres matériaux et ceux des autres. Une cinquantaine de véhicules parcourent majoritairement le grand Est, l’Allemagne et la Suisse. Enrobés, pavés autobloquants pour l’aménagement extérieur, le groupe Les Sablières J. Leonhart a ainsi décliné son activité autour du béton.
Le groupe compte aujourd’hui près de 600 salariés rattachés à 17 sites. Il a extrait plus de 980 000 tonnes de granulats, livré plus de 100 000 mètres cubes de béton. Il réalise un chiffre d’affaires annuel proche des 140 millions d’euros.
Cette évolution, à travers des cycles de croissance externe, a un revers. Il y a six ans, l’entreprise sent qu’elle est dépassée par l’hétérogénéité de son système d’information, composé de nombreux outils spécifiques.
Un gros grain de sable dans l’activité : l’ERP legacy
Il faut unifier et standardiser les processus métier cœurs. Mettre en place une plateforme commune aux entités du groupe. D’autant plus que son ERP était devenu un gros grain de sable dans les rouages de son activité.
Le DSI a défini un cahier des charges avant de démarcher les intégrateurs.
« Nous avons décidé d’harmoniser notre système d’information au travers d’un nouvel ERP autour duquel nous pourrions structurer nos processus, tout en améliorant la qualité de nos données », expliquait Nicolas Battesti, directeur administratif et financier du groupe Leonhart en 2023. « Nous cherchions une solution pérenne, capable de nous accompagner dans le temps. Une offre qui soit accessible sur tous nos sites en sécurité et pour un coût connu à l’avance ».
Différentes solutions disponibles sur le marché sont étudiées à travers un appel d’offres lancé à la fin de l’année 2020.
Le groupe Leonhart arrête son choix sur S/4HANA Public Cloud. La promesse d’une plus grande simplicité de mise à jour en mode SaaS et la possibilité de s’appuyer sur des processus standards séduisent les parties prenantes du projet.
Pour la mise en place, il fait appel à Nagarro, un intégrateur allemand doté d’une entité française, basée à Entzheim, une ville située à un peu moins de 40 km de Sélestat. « La présence du prestataire en Alsace était un critère de choix », souligne Nicolas Battesti lors d’une présentation se déroulant dans le cadre de la convention USF 2025, à Lyon.
Les premiers ateliers sont lancés en février 2021. Il s’agit d’analyser avec les équipes de l’intégrateur et des « utilisateurs clés » le degré de pertinence des processus standards proposés par SAP. Une démarche « fit to standard » est lancée. Les processus liés à l’extraction, le négoce, la finance, aux achats, le contrôle de gestion, la logistique, la relation client doivent être couverts par l’ERP cloud.
En revanche, pour la gestion de ses ponts-bascules, Leonhart demande à Nagarro de lui développer une application spécifique. Elle est hébergée sur la plateforme SAP BTP. Il s’agit d’automatiser la pesée des camions à l’aide de l’IoT de la vision par ordinateur. Un autre spécifique permet de gérer la création des bons de livraison et la facturation automatique.
« L’ancien ERP ne donnait plus satisfaction aux utilisateurs finaux. C’est ce qui a permis une adoption rapide du projet », affirme Nicolas Battesti. « De ce fait, nous n’avons pas eu de grande difficulté sur la conduite du changement ». Environ 80 employés ont accès à S/4HANA Public Cloud. Une campagne de formation a été menée lors des derniers mois du déploiement.
Deuxième facteur de réussite, le soutien de la direction. « Le fait que la direction soit impliquée et motrice a vraiment aidé », assure le DAF. « De plus, nous avons eu beaucoup de soutien de la part de SAP et de notre prestataire Nagarro ».
Le nécessaire redressement des données
Néanmoins, il a fallu faire face à quelques difficultés. « L’implémentation a duré quatorze mois. Nous devions normalement en mettre dix », indique Nicolas Battesti. Le go live a été réalisé le 2 mai 2022. L’ancien ERP a été maintenu jusqu’en avril. Seules les balances comptables ont été transférées vers S/4HANA Public Cloud.
« Nous avons beaucoup travaillé sur la mise à jour de nos bases de données. C’est l’un des points les plus difficiles sur le projet ».
Nicolas BattestiDirecteur administratif et financier, groupe Leonhart
Parmi les points qui ont freiné le déploiement, les données. « Nous nous sommes rendu compte aux premiers UAT [tests de validation utilisateurs, N.D.L.R.] que la qualité des données à notre disposition n’était pas au rendez-vous », constate Nicolas Battesti. « Nous avons beaucoup travaillé sur la mise à jour de nos bases de données. C’est l’un des points les plus difficiles sur le projet ».
Le déploiement en mode projet de l’ERP cloud, par nature interdisciplinaire, était également une grande première pour l’ETI familiale. « Ce n’était pas habituel pour le groupe. Malgré la volonté de la direction, cela a pris un peu de temps à se mettre en place, à décloisonner les équipes afin de provoquer une émulsion », note le DAF.
Enfin, les utilisateurs clés, la plupart étant des experts métier, ont été remplacés tardivement quand ils étaient mobilisés sur l’adoption de l’ERP cloud.
« Pour l’avoir fait avec ECC par le passé, je craignais que nous n’y arrivions pas en dix mois. Finalement, quatorze mois, c’est tout à fait honorable », se félicite Nicolas Battesti. « Nous avons tout de même réalisé un big bang sur tous nos métiers, dans tous nos processus ».
Des processus standards qui ont fait leurs preuves
Le jour J, un lundi, le directeur administratif et financier s’attendait à être submergé d’appels. « Le go live s’est plutôt bien passé. Les processus de base ont fonctionné. Nous avons utilisé quelques bons papiers pour des opérations que nous n’avions pas imaginées ou qui bloquaient un peu », raconte-t-il. « Je suis rentré chez moi en me disant : “ce n’est pas grave, ça cassera demain”. Le lendemain, rien. Et ce fut comme cela le reste de la semaine ».
Les processus standards éprouvés par SAP et ses clients ont globalement tenu.
« Nous avons tout de même vécu une période de stabilisation d’environ neuf mois », signale Nicolas Battesti. « Des petites choses ici ou là ne fonctionnaient pas comme prévu. Après cette période, nous avons diminué nos appels à Nagarro ».
« Nous avons beaucoup de discussions très intéressantes avec les opérationnels, depuis que nous récoltons les données plus rapidement dans notre système ».
Nicolas BattestiDirecteur administratif et financier, groupe Leonhart
La quantité de tickets relative au déploiement « commençait à décroître de manière importante ». L’intégrateur d’origine allemande est resté le prestataire des Sablières après la fin du projet. « Cela se passe bien avec Nagarro, nous n’avons pas de raison de changer ».
Et trois ans plus tard ? « Aujourd’hui, nos processus sont stables », note le DAF. « Cela a apporté une forme de rigueur dans nos équipes. Les données sont plutôt fiables et comme nous avons eu du mal à les mettre à jour, nous nous assurons de les maintenir en cohérence », poursuit-il.
En sus d’êtres plus fiables, elles sont plus accessibles. « Nous avons beaucoup de discussions très intéressantes avec les opérationnels, depuis que nous récoltons les données plus rapidement dans notre système ».
En 2024, le groupe Leonhart s’est conformé à une écotaxe affectant son secteur. « Comme les équipes étaient encore en mode projet, nous nous sommes mis en ordre de marche pour ajuster nos processus. Nous avons réussi à le faire en quelques semaines ». Nagarro l’a aidé à modifier sa facturation et sa compta en conséquence.
Pour autant, il n’a pas eu besoin de développer davantage de spécifiques au cours des trois dernières années. Son périmètre d’activité n’a pas foncièrement évolué.
Des montées de version moins anxiogènes, mais pas sans accroc
Concernant les montées de version bisannuelles – l’une des grandes questions pour les entreprises intéressées par S/4HANA Public Cloud –, le DAF observe qu’elles sont bien moins complexes qu’avec un ERP on premise.
« Le plus pénible, c’est que la deuxième montée de version de l’année se fait en août, quand il n’y a personne. »
Nicolas BattestiDirecteur administratif et financier, groupe Leonhart
« Une montée de version sur deux, nous avons de petits accrocs dans un processus ou dans un autre, mais pour l’instant, ça n’a jamais été véritablement problématique », témoigne Nicolas Battesti.
« Le plus pénible, c’est que la deuxième montée de version de l’année se fait en août, quand il n’y a personne. SAP nous donne quinze jours à quatre semaines pour que nous nous organisions ». Les tests de non-régression sont effectués à l’aide des utilisateurs clés, manuellement.
Le groupe avait, dans un premier temps, fait le choix de mettre à jour la BTP en même temps que S/4HANA Cloud. « Nous sommes revenus sur ce point. Quand régression il y avait, il était plus difficile d’identifier son origine », remarque le DAF.
En trois ans, le directeur administratif et financier évoque deux indisponibilités résolues en moins d’une heure lors des horaires d’activité du groupe (7 h 30 – 17 h). Dans le cas présent, les instances S/4HANA Public Cloud sont déployées dans un data center SAP à Waldorf, soit un peu plus de 330 km de Sélestat.
La suite pour Les Sablières J. Leonhart consiste à réduire son empreinte carbone. « Nous avons développé des produits innovants. Nous avons investi dans des usines pour remplacer le granulat par des copeaux de bois. Nous avons des installations de granulats recyclés qui sont plus performants que ce qu’ils pouvaient être auparavant », liste le DAF. « Le groupe met tous ses investissements sur sa réduction de l’empreinte carbone. Et nous espérons pouvoir tirer profit des logiciels SAP pour travailler sur cette trajectoire ».
L’entreprise arrive au terme de son contrat de trois ans en fin d’année. Elle prépare le renouvellement (et la négociation) auprès de l’éditeur allemand.