S/4HANA : des intentions de mises en œuvre « très mitigées » en France, selon l’USF

L’association des Utilisateurs SAP Francophones vient de dévoiler les résultats d'une enquête, réalisée par TNS Sofres, auprès des entreprises françaises, sur leur perception de S/4HANA.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de cette enquête sur S/4HANA, le nouvel ERP de SAP qui s’appuie sur sa base In-Memory HANA, sont mitigés. Pas mauvais, mais très tièdes.

Plus de visibilité demandée sur S/4HANA

Sur les 210 entreprises qui ont répondu (dont 22 du CAC 40, 42 du SBF 120 et 28 entités publiques), 8 sur 10 regrettent un manque d’information sur la couverture fonctionnelle de la solution – ce qui a poussé la direction à tenter de clarifier sa feuille de route au dernier SAPPHIRE NOW - et 9 sur 10 ont des interrogations majeure sur les aspects commerciaux. 90% des répondants estiment en effet ne pas disposer d’informations suffisantes sur le modèle de licences et les droits d’usage de SAP S/4HANA.

Pire, plus de la moitié considèrent ce niveau d’information comme mauvais.

Mais pour l’USF, l’enseignement essentiel de l’étude est ailleurs : 78 % des entreprises interrogées sont insatisfaites sur la visibilité des retombés sur les métiers, sur les processus et sur l’organisation.

« Ce dernier chiffre est sans doute le plus important. Car la justification de se lancer dans S4/HANA ne pourra en aucun cas être technologique », analyse Claude Molly-Mitton, du Ministère des Finances et président de l’USF. « S/4HANA doit être un projet métier. Les clients devront donc trouver des cas d’usage ».

Le renforcement des audits de licences ne va pas apaiser la relation commerciale entre SAP et ses clients
Claude Molly-Mitton

Or cette migration en douceur – processus par processus en fonction des sorties de SAP – ne pourra se faire qu’en y voyant « bien plus clair en matière de licensing S/4HANA, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui ».

Un point sur lequel Claude Molly-Mitton enfonce le clou. « Le renforcement des audits de licences comme outil de pression commerciale menés par SAP en France ne va pas aider à apaiser le sujet de la relation commerciale entre SAP et ses clients ».

La boite de Pandore

Résultat, selon l’enquête, les intentions de mise en œuvre de S/4HANA sont très mitigées en France.

Dans le détail, un quart des utilisateurs envisage de mettre en œuvre S/4HANA dans les 3 ans à venir, un tiers l’envisage à plus long terme… et 40% ne l’envisagent pas du tout.

Pour Claude Molly-Mitton, il ne s’agit pas forcément d’une mauvaise nouvelle. « Si un quart des clients SAP France migrent au moins en partie sur S/4HANA dans les 3 ans, ce sera déjà beaucoup, et il n'est pas dit qu'il y ait assez de ressources compétentes en France au sein de SAP et de ses partenaires pour assumer un tel volume de projet… ».

Plus préoccupant pour SAP, le président de l’USF pense que les entreprises qui ne sont pas du tout intéressées par S4/HANA pourraient bien, tout bonnement, aller voir ailleurs. « On peut se poser la question de savoir s’ils ne vont pas trouver que c’est le bon moment pour remettre sur la table le choix même de SAP en tant qu’ERP, au moins partiellement pour certains process métier ».

Et de conclure sur ce point « SAP sait pertinemment qu’il a ouvert une boite de Pandore et qu’il prend un risque ».

Reste que la majorité des entreprises sondées par l’USF admettent que S4/HANA est une solution innovante et que l’ERP représente une stratégie globalement adaptée aux besoins du marché.

Mais « même si la valeur ajoutée technologique de S4/HANA est largement reconnue, ce n’est absolument pas suffisant pour se lancer dans un tel projet. La clé sera ailleurs, elle sera dans la valeur et l’usage métier » persiste et signe Claude Molly-Mitton.

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