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Sobloo : le Paas de Capgemini, OBS et Airbus dédié au géospatial
En course avec OVH, Atos/T-Systems et les polonais de CloudFerro, le consortium Airbus, OBS et Capgemini ont dévoilé Sobloo, leur service cloud de diffusion des images satellite du programme européen Copernicus, mais l'ambition du consortium français va bien au-delà.
Désigné par l'ESA comme l'un des 4 consortiums choisis par l’Europe afin de diffuser les images de ses satellites Sentinel, Airbus, Orange Business Services et Capgemini ont livré fin juin la première version d’un service finalement baptisé Sobloo. Il s'agit, avec le portail EOCloud de CloudFerro, de l'un des premiers projets à être mis en ligne.
« Sobloo a ouvert ses portes fin juin, à l'occasion du vingtième anniversaire du programme Copernicus. La plateforme a ouvert avec une partie des données, les images de Sentinel 1, 2 et 3 et deux des services Core Copernicus » explique Wendy Carrara, conseillère pour le développement du secteur spatial au niveau européen chez Capgemini. « L'idée est de partir de cette base afin d'accroître l'offre de données et couvrir l'ensemble de la constellation Sentinel, et l'ensemble des services Core Copernicus. De plus, nos partenaires auront la possibilité de télécharger leurs données et s'installer sur la partie Cloud afin de travailler au plus près de la donnée. »
Plus d'un million d'images à la mise en ligne du site
Cette version 1 de Sobloo compte déjà 1,3 million de clichés satellites, des images prises depuis avril 2018 mais l'ingestion de données se poursuit à un rythme rapide. A terme, l'ensemble des données Sentinel occuperont 40 Po, mais à elle seule, cette flotte de satellites produit la bagatelle de 10 To d’images par jour.
Denis Dallez, responsable spatial et contrôle aérien de Capgemini ajoute : « Ce qui est important dans le contexte Sobloo et dans le cadre du consortium Airbus / Orange / Capgemini, c'est la capacité d'apporter de nouvelles sources de données, dont ces données télécom, des entrepôts de données et des archives issues d'autres constellations satellite. L'idée est de mélanger les données gratuites et accessibles à tous, mises à disposition par le Programme européen Copernicus avec des données commerciales de plus haute résolution, avec des sources de données in-situ, de l'IoT. Agréger un nombre important de fournisseur de données, c'est toute la force de l’environnement alliant infrastructure et puissance de calculs que nous mettons en place. »
Outre Sentinel et Copernicus, des images issues d'Airbus OneAtlas rejoindront ce corpus d'ici au mois de décembre 2018 et au-delà de cette date, bien plus de données pourront enrichir les référentiels de données de Sobloo.
Ce sera notamment le cas de données collectées par Orange, comme l'explique Alain Berry, directeur du développement Sobloo chez Orange Cloud for Business qui révèle que son offre Flux Vision va rejoindre Sobloo : « Flux Vision donnera la possibilité de travailler avec les données anonymisées issues des mobiles. Cela permet d'avoir les origines des déplacements, le genre de la personne titulaire de l'abonnement, les catégories d’utilisateurs, etc. On peut ainsi visualiser le réseau de transport utilisé par les abonnés lors de leurs déplacements par une triangulation précise en temps réel. »
Pour les partenaires du projet Sobloo, la valeur ajoutée du projet par rapport à ses concurrents directs réside aussi dans sa capacité à croiser des données d’origine différentes. « Nous avons bâti une solution qui permet d'exploiter la richesse de l'ensemble des données spatiales, pour stocker, organiser, outiller et faciliter les accès et usages à l'industrie, la recherche et aux citoyens » explique Alain Berry. Agriculture, tourisme, sécurité, santé, industrie, protection de l’environnement, la plateforme Sobloo se veut ouverte, scalable (évolutive) et apte à d'intégrer de nouveaux outils, et composants.
Objectif : créer un écosystème
La plateforme s’appuie sur le IaaS d’OBS (Orange Business Services) et l’architecture mise en place, basée sur Open Stack, repose sur l’expérience de Capgemini dans le domaine spatial : « Nous avions déjà l’expérience de la mise en œuvre de ce type de services, notamment dans l’accompagnement du CNES dans l’élaboration de son pôle de données THEIA, plateforme thématique dédiée aux surfaces continentales dont les problématiques sont proches » rappelle Denis Dallez.
Reste désormais à attirer clients et partenaires sur la plateforme. Wendy Carrara explique comment ceux-ci vont pouvoir exploiter ces ressources : « Nous cultivons une double approche. Nous avons d’un côté un volet DIY, avec des API qui sont compatibles avec les standards OGC (Open Geospatial Consortium) et des outils de traitement des données à la volée du domaine géospatial à disposition des utilisateurs, mais aussi une plateforme Kubernetes qui permet de Dockeriser les applications dans les tenants mis à la disposition de nos clients au niveau du cloud Sobloo. »
Le second volet de cette stratégie est plus classique. Capgemini et OBS vont accompagner leurs partenaires et clients peu familiers avec le domaine géospatial et ses outils de traitement. Ce sera aussi le cas des startups et des éditeurs qui ont déjà développé des outils de traitement de données et qui pourront les intégrer au catalogue Sobloo.
Une condition du succès commercial futur de la plateforme résidera dans le dynamisme de cet écosystème et Capgemini compte s’appuyer sur son expérience dans le développement d’algorithmes d’analyse d’images satellites : « Nous avons déjà développé de nombreux algorithmes, notamment dans le contexte du suivi des cultures agricoles, en collaboration avec des partenaires de recherche et dans le cadre de projets internationaux » rappelle Wendy Carrara.
Elle rajoute : « Les algorithmes de surveillance de la production de riz dans le delta du Mékong, par exemple, sont scalables et nous avons aujourd’hui des discussions sur le suivi de parcelles agricoles en France. Nous disposons des algorithmes qui permettent de reconnaitre les types de cultures, faire un suivi de la pousse d’arbres en milieu forestier comme nous le faisons au Royaume-Uni, etc. Ces services seront aussi proposés dans le cadre de Sobloo pour accompagner les entreprises et les institutionnels dans le développement de leurs algorithmes sur la base des données satellites. »
La plateforme s'adresse tant aux startups qu'aux grandes entreprises et aux institutionnels et collectivités locales qui consomment de la donnée géospatiale. Mais parmi les premiers utilisateurs de la plateforme ST Corp., se trouvent une startup néerlandaise spécialisée dans le domaine du traitement de données, ainsi que le consortium NextGEOSS qui compte 27 partenaires dans 11 pays.