Workday

Workday de plus en plus implanté en France

Après un nouveau module local pour la paie, un module LMS et une brique comptabilité devraient suivre pour la France, pays où l’éditeur a gagné Sanofi et Lafarge comme clients. Dans le monde, la société fondée par le créateur de PeopleSoft dépasse le milliard de chiffre d’affaires.

La gamme de Workday vient de s’enrichir d’un module paye (payroll) adapté aux entreprises françaises. L’éditeur proposait déjà une offre RH sur le marché local composée d’un pan HCM (gestion administrative, gestion des performances et des talents, gestion des rémunérations, planning des ressources) et d’un pan outils de recrutement. La paie s’ajoute donc aujourd’hui à cet ensemble et sera suivie, d’ici septembre, d’un quatrième pan dédié à la formation (LMS).

Une présence de plus en plus forte en France

Cette sortie témoigne d’une montée en puissance de l’éditeur SaaS qui s’est lancé dans un chantier ambitieux d’adaptation de son offre aux législations et réglementations locales (ô combien différentes).

La brique payroll était jusqu’ici disponible aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. La version française a été développée par les équipes parisiennes de Workday. Dans la Ville Lumière, l’éditeur américain compte d'ailleurs une cinquantaine d’employés - dont une petite vingtaine dédiée au développement et au test. C’est cette équipe qui a adapté le moteur de paie.

Une des nouveautés centrales de cette version annoncée en mai 2015 est évidemment la prise en charge de la déclaration sociale nominative (DSN), mensuelle et obligatoire cette année. Elle remplace l'ensemble des déclarations sociales adressées par les employeurs aux organismes de protection sociale et sert à signaler des événements divers (maladie, attestation destinée à Pôle emploi, etc.).

Un autre segment de la gamme Workday est également en cours d’adaptation. La localisation de l’offre comptabilité est en effet en cours de finalisation et devrait sortir officiellement d’ici la fin de l’année.

Rappelons que Workday – qui ne se présente pas comme un éditeur d’ERP – se focalise sur trois grands champs de gestion : la RH et la comptabilité donc, et la gestion financière.

Pour son offre RH, l’éditeur 100 % Cloud vise les entreprises de plus de 1.000 employés sur un marché de remplacement où il se positionne face à SAP et Oracle. « Sur chaque marché, nous avons également un troisième concurrent local », explique au MagIT Laurent Botella, en charge du développement produit monde chez Workday et de passage en France pour l'occasion. En France, il s’agit par exemple de HR Access, ou aux Etats-Unis d’Infor.

Face au duo SAP-Oracle, Laurent Botella note une double tendance. 

La première concerne une appétence des entreprises pour des outils plus simples à utiliser et à supporter, et plus rapidement déployables. « Il y a une tendance forte pour le Cloud », constate-t-il. Or les offres SaaS des deux géants sont encore composées de briques éparses, avec dans certains cas des briques qui ne sont pas disponibles (« il y a un module paie dans PeopleSoft, mais pas dans Fusion »), d'autres qui ne le sont que sur site (la paie de SuccessFactor), et avec des interfaces différentes pour des fonctionnalités différentes.

La deuxième – et même si Laurent Botella ne le dira pas aussi directement – est une volonté de ne plus dépendre totalement d’un même et unique éditeur.

Résultat, avec une solution configurable « sans recours à un prestataire » (l’ajout d’un champ, d’une règle ou d’un process peut se faire par les opérationnels après une courte formation), un « continuous delivery » (officialisé d’un point de vue marketing par deux releases annuelles), des connecteurs (pour Salesforce, etc.) et plus de 300 process métiers pour des verticaux particuliers (aéronautique, manufacturing, laboratoire pharmaceutique, etc.), Workday est « aujourd’hui considéré dans tous les appels d’offres ».

Et ce, même si, à la différence de Salesforce, d’un SAP ou d’Oracle, il ne dispose pas d’un PaaS pour créer des extensions maisons. « En fait, nos meilleurs vendeurs, ce sont nos clients. Nous avons un taux de satisfaction de 98% ».

1,16 milliard de CA

Mieux, dixit Laurent Botella, lorsque la solution n’est pas choisie du premier coup, « les entreprises viennent souvent nous revoir quelques mois plus tard... et là nous avons un très bon taux de winback sur ces négociations ».

Le cas classique est celui où une société a un existant sous SAP ou Oracle. « Arrive le moment de le mettre à jour. Et là, souvent, les problèmes commencent ». Autrement dit, face à des offres complexes et longues à upgrader, Workday tire son épingle du jeux. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle, dans les bases de données, de MarkLogic dont 50% des revenus sont issus de projets commencés sur Oracle, mais finalisés par l'éditeur créé (lui aussi) par des anciens employés de Larry Ellison.

Laurent Botella distingue deux cas de figures différents de consommation du SaaS. Les sociétés du Mid-Market (de 1.000 à 3.000 employés) sont visiblement séduites par la suite entière. Inversement, les multinationales prennent telle ou telle fonctionnalité de Workday pour l’intégrer à leur legacy (Taleo, etc.) dans une optique « best of breed » - quoi qu’en dise Oracle. C’est le cas, par exemple, de Bank of America, de Philips ou de HP, tous clients de Workday.

En France, Workday peut déjà se targuer d’avoir accroché deux très gros clients à son tableau de chasse : Sanofi (ex-SAP) et Lafarge.

Aujourd’hui, l’éditeur entrevoit ses premiers bénéfices et se positionne en deuxième place dans le classement des revenus SaaS, derrière Salesforce.com avec 1,16 milliard de dollars de CA. Un chiffre en progression de quasiment 50% sur 12 mois.

Workday : PeopleSoft Spirit v2016

Cette « success story » n’a pas été initiée par un inconnu et ne doit pas grand chose au hasard. Workday a en effet été fondé par David Duffield, homme d’affaires américain dont la fortune personnelle s’élève à 6,8 milliards de dollars et créateur de… PeopleSoft.

Après le rachat de sa société par Oracle en janvier 2005, David Duffield n’attendra que deux petits mois pour lancer un concurrent « pur SaaS » - à une époque où Larry Ellison voyait dans le Cloud un simple écran de fumée. Avec à la clef une architecture IT complètement repensée (In-Memory, plateforme interne de développement orienté objet, etc.) et un investissement massif dans des centres de données – en Europe (à Dublin et en Hollande).

Laurent Botella, français parti s’exiler en Californie depuis vingt ans, a suivi le même parcours. Ancien de PeopleSoft, il est passé par la case Oracle avant de rapidement rejoindre Workday. L’histoire pourrait sembler anecdotique. Mais elle témoigne d’un autre atout qui semble-t-il, séduit aussi les entreprises. « A l’époque de PeopleSoft, notre devise c’était d’être "PeopleFriendly", c’est ce que l’on retrouve chez Workday aujourd’hui ».

Et lorsque l’on interroge des clients comme Opera Software, cette culture d’entreprise moins commercialement agressive que chez d’autres éditeurs fait - aussi - la différence dans les décisions d’achat.

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