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SAP revendique un premier trimestre 2021 « exceptionnel »
S/4 a gagné 400 clients, « Rise with SAP » a convaincu 100 entreprises et le cloud progresse « doucement, mais sûrement ». À part Intelligent Spend, tous les voyants sont au vert pour SAP, qui tacle sévèrement Oracle.
Sur le premier trimestre 2021, SAP affiche un chiffre d’affaires (CA) de 6,35 milliards d’euros, en hausse de 2 % par rapport au même trimestre de l’année précédente. Son CA dans le cloud a augmenté de 1 % pour atteindre 2,147 milliards d’euros (34 % du total).
L’éditeur revendique 400 nouveaux clients au cours du trimestre pour son ERP de nouvelle génération S/4HANA, soit 16 400 entreprises en tout (+2,5 % par rapport au trimestre précédent). Sur le quatrième trimestre de 2020, 900 nouveaux clients avaient signé pour S/4.
Rise with SAP : 100 contrats
Ce trimestre a été marqué par le lancement en janvier du programme « Rise with SAP », un « chemin simplifié permettant aux clients de transformer leur entreprise en allant dans cloud » (sic). SAP a signé 100 contrats pour ce programme au premier trimestre 2021. Parmi les entreprises (ou filiales d’entreprises) qui l’ont choisi, l’éditeur cite Carrefour Brazil, le constructeur allemand de voitures électriques Sono Motors, KIA Chili, le fournisseur américain de technologie médicale Hill-Rom (2,9 mds $ de CA), ou encore le groupe de distribution de produits métallurgiques Grupo Ferromax (Amérique centrale).
Le PDG de SAP Christian Klein « constate une très forte croissance des commandes dans l’ensemble de notre portefeuille d’applications. Et cela ne fait que commencer […] Nous sommes bien dans les temps de passage de notre stratégie de croissance avec le cloud ».
« Un trimestre exceptionnel »
« Ce premier trimestre a été exceptionnel à bien des égards », renchérit Luka Mucic, directeur financier de SAP. « Nous avons enregistré la plus forte croissance depuis cinq ans des commandes pour notre cloud et pour nos logiciels – tout en ayant la plus forte progression de notre résultat opérationnel et de notre marge depuis dix ans », se félicite-t-il. « À moyen terme, l’accélération de notre passage au cloud appuiera la croissance de notre CA et augmentera de manière significative notre résilience et la visibilité sur notre activité ».
Dans la foulée, SAP cite plusieurs « clients gagnés » – toutes offres confondues – comme IKEA, BMW, BioNTech, Unilever, Toshiba Corporation ou encore AstraZeneca. Sans oublier les mises en production effective (go live) chez Google et Bosch Siemens Hausgeräte.
Le communiqué officiel de SAP fait également état de « succès importants face à la concurrence dans les domaines de l’ERP, de la chaîne d’approvisionnement (SCM) et pour l’ensemble de son portefeuille de solutions cloud ».
Cette communication répond à la litanie de clients gagnés sur SAP (ou supposément gagnés, selon SAP) égrenée par le fondateur de son concurrent Oracle, Larry Ellison, lors de ses résultats trimestriels de mars.
SAP réfute les « allégations infondées » d’Oracle
À l’époque, SAP avait déjà publié une réponse officielle : « Nous avons déjà entendu ces affirmations par le passé. Elles étaient fausses, elles ne sont pas plus vraies aujourd’hui. Notre priorité est d’aider nos clients à réussir, pas de les mettre au milieu d’une guerre de communication. D’ailleurs nos chiffres parlent d’eux-mêmes : notre part de marché continue de croître dans l’ERP ; et cette part de marché est aujourd’hui – environ – deux fois plus grande que celle de notre plus proche concurrent ».
Lors de son échange avec les analystes financiers sur le trimestre, Christian Klein a confirmé que, pour lui, ces déclarations d’Oracle étaient des « allégations infondées ».
« Je considère cela comme très positif que l’un de nos principaux concurrents passe autant de temps à parler de SAP lors de la présentation de ses propres résultats », tacle le PDG.
« Nous avons regardé avec attention la liste des clients [revendiqués par Larry Ellison], nous avons vérifié leurs affirmations une à une. Je vous encourage à faire de même », continue-t-il. « Les données récentes d’IDC permettent aussi de bien remettre les choses en perspective. Elles montrent que SAP a gagné des parts de marché significatives dans l’ERP depuis le lancement de S/4HANA en 2015 ».
SAP Intelligent Spend : en attendant la reprise
Les chiffres de SAP semblent donc très bons. Mais ils sont à tempérer, prévient Andrew Bartels, analyste de Forrester Research. Certes le CA a augmenté de 2 % par rapport à la même période de l’année précédente, mais ce trimestre 2020 était très faible.
« SAP parle d’une progression de son cloud. C’est bien. Mais n’oubliez pas qu’un Salesforce ou d’autres acteurs SaaS ont (ou vont) annoncé une croissance de l’ordre de 20 à 25 % », compare-t-il.
Logiquement, une des faiblesses des résultats de SAP est à chercher du côté de son unité « Intelligent Spend » (qui regroupe Ariba, Fieldglass et Concur).
« Une grande partie des revenus de Concur vient des dépenses de voyages et des notes de frais. Or des voyages d’affaires… il n’y en a plus beaucoup », constate l’analyste de Forrester. « Les revenus d’Ariba sont liés aux transactions sur le Ariba Network. Quant aux revenus de Fieldglass, ils sont liés aux pourcentages pris par SAP sur les prestations de travail externes [N.D.R. : indépendants, etc.]. Ces deux activités aussi ont été ralenties par la crise ».
Cette unité fortement impactée actuellement sera cependant un fort levier de croissance pour SAP quand l’activité repartira, entrevoit Andrew Bartels.
SAP reprend 30 % de sa valeur boursière
Trevor WhiteDirecteur de recherche, Nucleus Research
Reste que SAP a repris 30 % de sa valeur boursière en 6 mois (depuis novembre 2020), et que son action tutoie ses plus hauts historiques.
« Dans l’ensemble [sur ce trimestre], la dynamique qu’espérait SAP s’est confirmée », explique Trevor White, directeur de recherche chez Nucleus Research. « Leurs clients commencent à s’intéresser sérieusement au cloud ».
« Ils ont fait ce qu’il fallait pour bien se positionner afin de faire passer leur base installée de clients vers le cloud. Doucement, mais sûrement », avance l’analyste. Pour lui, en tout cas, SAP a réussi à mitiger « le risque énorme de voir partir ses clients chez Oracle ou chez d’autres ».