Infinidat, le défenseur des disques durs, lance des baies SSD

Le fournisseur, qui jure rivaliser avec les solutions Flash à partir de baies à disques durs bien moins chères, a cédé aux demandes de ses clients, pour couvrir les 5 % de cas d’usage qui lui échappaient.

Infinidat, le fabricant des baies de stockage SAN/NAS Infinibox, lance un nouveau modèle, l’InfiniBox SSA, entièrement équipé de SSD. Et c’est plutôt une surprise dans le sens où le fournisseur se spécialisait jusque-là dans les baies uniquement dotées de disques durs mécaniques, argumentant qu’il parvenait à leur faire atteindre les mêmes performances que les baies Flash pour bien moins cher, dès lors que la capacité dépassait le pétaoctet.

Son secret de fabrication tenait dans l’utilisation d’une zone de cache en amont, constituée de barrettes de DRAM et d’un banc de plusieurs SSD SAS/SATA. Ce cache, qui prend la forme de plusieurs nœuds physiques auxquels sont reliés les tiroirs de disques durs, rend la solution bien plus rapide qu’une baie uniquement composée de SSD.

Surtout, pour limiter la quantité de barrettes mémoire dans ces nœuds et, donc, le prix global de la solution, Infinidat a mis au point des algorithmes d’apprentissage qui optimisent le contenu du cache. En analysant en permanence les flux de données, ces algorithmes seraient meilleurs que ceux de la concurrence pour mettre en avant les informations qui ont réellement besoin d’être accédées rapidement.

Seulement voilà : de plus en plus d’entreprises ont réclamé au fournisseur un modèle utilisant des SSD derrière le cache de DRAM. Elles avancent que ce type d’unités leur permettrait, si ce n’est d’augmenter plus encore les débits de lecture/écriture, de réduire la latence. Minimiser la latence, c’est-à-dire les quelques fractions de seconde qui séparent l’ordre de lecture de la découverte d’une information, est particulièrement utile dans les grandes bases de données.

« Attention. Nous ne renions pas nos fondamentaux. Il faut plutôt voir l’arrivée de ce nouveau modèle InfiniBox SSA comme une extension de notre catalogue. Son but est de servir les 5 % de cas d’usage qui ne sont pas couverts par nos solutions traditionnelles, c’est-à-dire qui ont besoin d’une latence inférieure à une milliseconde quand ils lisent une information », dit Phil Bullinger, le PDG d’Infinidat.

Il suggère que les clients qui lui ont fait cette demande pour une solution équipée de SSD ne savent peut-être pas exactement de quoi il en retourne. Ces clients seraient en l’occurrence des hébergeurs de cloud privés. Phil Bullinger rappelle que ses baies ont été initialement conçues pour apporter, aux grandes entreprises de la finance et aux industriels, le meilleur compromis entre vitesse, prix et grandes capacités. Le succès de ses solutions aurait manifestement débordé au-delà des cibles initiales.

Une différence de latence dans 5 % des cas

L’InfiniBox SSA utilise le même système et les mêmes algorithmes d’analyse continue que l’InfiniBox équipée de disques durs. En revanche, le nouveau modèle n’a plus de SSD SATA dans ses trois nœuds de cache.

« D’une certaine manière, le produit est plus simple. Il utilise exactement la même architecture pour cheminer les données et exécute exactement les mêmes fonctions de stockage de haut niveau (déduplication, compression…). Mais évidemment, avec un back-end tout SSD, nous n’avons plus besoin d’ajouter les mêmes SSD au milieu. », commente Phil Bullinger. Il précise qu’éliminer les SSD au niveau des trois nœuds frontaux leur permet de communiquer plus rapidement entre eux et avec les tiroirs de SSD en aval.

La première configuration présentée par le constructeur, L’InfiniBox SSA F4304S, dispose de 2,3 To de cache et offre une capacité maximale brute de 546 To. Elle est équipée de SSD SAS avec cellules TLC, plus durables et plus rapides en écriture que les SSD QLC. Avec les algorithmes de réduction de données, la capacité utile grimpe jusqu’à 1,092 Po. Cette baie atteint, selon son constructeur, 1,5 million d’IOPS et un débit de 26,8 Go par seconde. Autre caractéristique, cette baie n’est utilisable qu’en mode bloc, c’est-à-dire comme un SAN et non comme un NAS.

Comparativement, le modèle InfiniBox F6300 traditionnel dispose d’un cache composé de 3 To de RAM et de 368 To sur des SSD SATA. La capacité brute de ses tiroirs de disques durs va de 1 à 4 Po, ce qui correspond à une capacité utile allant de 2,5 à 10 Po. Ses performances sont de 2 millions d’IOPS en mode NAS et de 1,4 million d’IOPS en mode SAN.

Infinidat propose également les Infinibox F4300 et F2300 de plus faible capacité, ainsi qu’une appliance de sauvegarde InfiniGuard.

Dans 95 % des cas, l’InfiniBox et l’InfiniBox SSA fournissent toutes les deux aux serveurs des données déjà situées dans leur cache, soit avec une latence identique qui varie entre 20 et 40 microsecondes (μs) selon la charge de travail. Dans les 5 % de cas restants, c’est-à-dire lorsqu’il faut récupérer les données depuis les tiroirs de disques, le modèle SSA affiche une latence de 200 μs à 300 μs, contre plus d’une milliseconde pour le modèle InfiniBox tout court.

L’enjeu de concurrencer les baies 100 % Flash

Selon Infinidat, il est possible de constituer un pool de stockage SAN en mixant des Infinibox et des Infinibox SSA. En l’occurrence, il ne s’agit pas vraiment d’un cluster global – il n’est pas possible qu’elles aient le même namespace. Il s’agit plutôt de baies autonomes entre lesquelles il est facile de déplacer les données grâce à un outil fourni par le constructeur.

« Toutes nos baies seront gérées ensemble par nos outils d’administration. Nous proposons ainsi des outils de monitoring à distance, de maintenance prédictive. »
Phil BullingerPDG d'Infinidat

« Toutes nos baies seront gérées ensemble par nos outils d’administration. Nous proposons ainsi des outils de monitoring à distance, de maintenance prédictive. Ces outils peuvent montrer qu’à un certain moment il devient utile de déplacer des données de l’Infinibox à disques durs vers l’Infinibox SSA », explique Phil Bullinger.

Ken Steinhardt, le directeur technique d’Infinidat, estime que les entreprises n’auront pas besoin de cumuler des Infinibox et Infinibox SSA pour atteindre de plus grandes capacités. « Si vous tenez à ce qu’elles s’apparentent à un même système logique, vous pouvez appliquer entre elles le mode de réplication actif-actif. Dès lors, si l’une des deux baies souffre d’un incident, toute la charge de travail basculera automatiquement sur la seconde », argumente-t-il.

Paul Nashawaty, analyste chez Enterprise Strategy Group, estime que l’uniformité des outils entre les deux modèles devrait en tout cas permettre aux entreprises de limiter leurs frais d’administration. D’ordinaire, en effet, elles utilisent un environnement pour piloter les baies de disques durs et un autre pour les baies de SSD.

Selon lui, surtout, l’existence de ce nouveau modèle avec SSD devrait permettre à Infinidat de mieux se positionner face aux modèles 100 % Flash que proposent Dell EMC, Hitachi Vantara et Pure Storage.

« La plupart des entreprises qui nous ont choisis disent que nous sommes compétitifs avec pratiquement toutes les baies 100 % Flash du marché, car nous sommes moins chers à niveaux de performances équivalentes », enchérit Ken Steinhardt.

On notera toutefois que l’InfiniBox SSA ne supporte pas actuellement les SSD avec connectique NVMe, réputés cinq fois plus rapides que ceux en SAS/SATA. Toutefois, Phil Bullinger laisse entendre que les SSD NVMe pourraient arriver à l’occasion d’une prochaine révision de la gamme. « Vous pouvez imaginer comment évoluera notre catalogue. Proposer des tiroirs entièrement NVMe est logique », conclut-il.

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