Infinidat se transforme pour devenir un grand du stockage

La startup proposait déjà des baies SAN/NAS avec une technologie de cache inédite pour doper les performances. En changeant de tête, elle s’ouvre désormais à Kubernetes et au protocole S3.

Changement de tête, ouverture à Kubernetes et, toujours, des baies de disques SAN/NAS hautement performantes avec des éléments moins chers qu’ailleurs : la startup Infinidat s’active pour parvenir à s’imposer parmi les grands constructeurs du stockage. Son fondateur, Moshe Yanai, vient de quitter son poste de PDG pour laisser les rennes au commercial Kariel Sandler et au financier Nir Simon. Il les juge plus aptes, pour encadrer une activité vouée, dit-il, à « l’hypercroissance ».

Simultanément, Infinidat lance un pilote CSI pour que ses baies InfiniBox servent désormais de stockage persistant aux clusters de containers Kubernetes. La solution a reçu l’aval officiel de VMware pour son Tanzu Kubernetes Grid, de Red Hat pour OpenShift et de Google pour Anthos. Elle devrait toutefois fonctionner sur n’importe quelle autre distribution Kubernetes.

Ce pilote permet à Kubernetes d’accéder à une baie Infinibox en mode SAN, via une connectique FC ou iSCSI, ou en mode NAS, via le protocole NFS TreeQS. Il s’agit d’une implémentation particulière de NFS, dans laquelle Infinidat a ajouté un système de quotas pour mieux encadrer l’usage des répertoires. Le pilote apporte des fonctions de provisionnement dynamique, de changement de taille des volumes à la volée, de sauvegardes/restaurations à partir de snapshots, d’import de données situées ailleurs et de clonage des volumes.

En l’occurrence, le clonage fonctionne vers d’autres Infiniboxes, ou vers Neutrix Cloud – le service de stockage en ligne d’Infinidat – du moment qu’ils font partie de la même Elastic Data Fabric. Il s’agit de l’entité qui réunit de manière logicielle toute la flotte des baies Infinidat physiques ou virtuelles que possède une entreprise. Il est à noter que les données situées sur l’espace de stockage Neutrix Cloud sont directement accessibles aux clusters de containers exécutés depuis les clouds publics AWS, Azure et GCP, en mode web – c’est-à-dire sans pilote SCI.

Un cache en RAM pour être aussi performant que les baies 100 % Flash

À capacité équivalente, les InfiniBoxes sont vendues comme des baies de stockage moins chères et plus performantes que les solutions 100 % Flash. Moins chères, car elles se composent majoritairement de disques durs traditionnels. Et plus performantes, parce que la lenteur de ces derniers est amplement compensée par un cache en RAM aussi efficace en écriture qu’en lecture.

« Nos clients nous voient comme un concurrent des baies Flash moitié moins cher », lance Moshe Yanai, lors d’une édition virtuelle de l’IT Press Tour, un événement qui présente aux journalistes les dernières innovations en matière de stockage et auquel LeMagIT a pu participer.

Dans cette solution, chaque fichier est découpé en morceaux de 64 Ko et ceux-ci sont répartis sur les disques durs. Lors d’une lecture, la baie charge dans son cache les morceaux en faisant fonctionner en parallèle tous les disques concernés. Le fichier est ainsi transmis bien plus rapidement au serveur que sur les baies de stockage 100 % Flash, où il est lu de manière séquentielle depuis un seul SSD. Chez la concurrence, les baies de stockage n’utilisent en effet un cache en RAM que pour les écritures.

« Nos Infiniboxes sont si performantes qu’elles ne gagneraient rien à utiliser de coûteuses mémoires Optane », explique Yair Cohen, le responsable des produits chez Infinidat, sans citer de concurrents en particulier. LeMagIT croit comprendre qu’il fait ici référence à Pure Storage et Dell EMC, deux marques qui ont récemment équipé leurs baies de modules Optane et qui, surtout, semblent obséder les dirigeants d’Infinidat. Pure Storage est aujourd’hui une marque incontournable dans les grandes entreprises – dont les banques – alors qu’il était lui aussi, il y a peu, une startup. Dell EMC a quant à lui basé toute sa réputation sur les baies Symmetrix/VMax, lesquelles avaient été inventées par Moshe Yanai, le fondateur d’Infinidat.

Bientôt du NVMe-oF, du S3 et des disques d’avant-garde

Une Infinibox offre 10 Po de capacité utile dans une armoire rack entière de 42 U. Cette solution se compose de trois nœuds serveur Linux qui totalisent 96 cœurs et 4,1 To de RAM. Ces serveurs pilotent huit tiroirs JBOD dotés d’un total de 816 disques durs pour une capacité brute de 4,1 Po. La différence entre les capacités brutes et utiles s’explique par l’utilisation – comme partout ailleurs désormais – d’algorithmes de compression et de déduplication. Une telle configuration atteint 1,05 million d’IOPS en lecture et 1,19 million d’IOPS en écriture.

Infinidat compare cette configuration aux baies de stockage Bryce Canyon VII utilisées chez Facebook. Ces dernières ont également, sur 42U, trois serveurs Linux. Ils totalisent 48 cœurs plus 768 Go de RAM et ils pilotent six JBODs contenant en tout 432 disques durs, pour une capacité totale de 1,7 Po, à la fois brute et utile. « Dans un cas, l’InfiniBox consomme 0,84 watt par To utile. Dans l’autre, la Bryce Canyon VII consomme 6 watts par To », dit Moshe Yanai.

« D’ici à quelques mois, nous proposerons donc sur nos InfiniBoxes l’export de leurs contenus en S3. »
Yair CohenResponsable des produits, Infinidat

« En fait, nos baies sont aussi peu chères que des baies de stockage objet. Cependant, nous comprenons que les entreprises souhaitent tout de même archiver les contenus de leurs baies SAN/NAS de production vers une baie secondaire en mode objet. D’ici à quelques mois, nous proposerons donc sur nos InfiniBoxes l’export de leurs contenus en S3 », ajoute Yair Cohen.

Le protocole S3 est l’un des trois axes de développement technologique que va suivre à présent Infinidat. Le second est une connexion NVMe-over-Fabrics pour communiquer en SAN avec les serveurs ; on ignore néanmoins encore quelle connectique, via FC, via RoCE ou via TCP, sera implémentée. Le troisième est l’utilisation de disques durs qui atteignent plus de 20 To de capacité grâce à des procédés avant-gardistes. Yair Cohen cite l’écriture assistée par micro-ondes et la lecture avec deux têtes, toutes deux annoncées par Western Digital et Seagate.

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