Avec CloudOps, HPE fait un pas de plus pour remplacer VMware

La suite logicielle ajoute à l’hyperviseur maison VME des possibilités d’administration et de continuité d’activité. L’objectif est de proposer une alternative à VMware Cloud Foundation.

HPE a plus que jamais l’intention de concurrencer lui-même VMware. Après avoir lancé son propre hyperviseur VME en novembre dernier, entretemps renommé Morpheus, l’éditeur le dote à présent d’une plateforme logicielle HPE CloudOps complète. Elle est censée servir à bâtir de véritables clouds privés, exactement comme le tout récent Cloud Foundation 9 de VMware (VCF 9).

Une évolution logique : VME/Morpheus était lui-même présenté comme une solution de virtualisation de secours pour les clients de VMware. Le contexte est que ces clients acceptent mal les fortes augmentations de leurs tarifs depuis que VMware a été racheté par Broadcom.

« La grande réinitialisation de la virtualisation est arrivée, et le cloud privé de marque HPE est votre feuille de route pour un avenir meilleur », a ainsi lancé Antonio Neri, le PDG de HPE (en photo en haut de cet article), lors de la conférence annuelle HPE Discover qui vient de se tenir à Las Vegas.

Convaincre les clients de VMware de migrer n’est qu’une partie de l’enjeu. Pour HPE, il s’agit surtout de les convaincre de préférer sa solution à celles de Nutanix, Red Hat ou Proxmox, qui bataillent depuis plus longtemps pour vendre leur suite de virtualisation alternative. Cela suppose deux choses : offrir les meilleures fonctions et être aussi indépendant du matériel qu’eux. Deux sujets sur lesquels HPE doit progresser.

Juste trois fonctions : virtualisation, administration, sauvegarde

« HPE se positionne directement avec l’approche du système d’exploitation pour cloud hybride, celle qui a été inventée par Broadcom lorsqu’il a racheté VMware. À raison, puisque HPE dispose d’éléments contractuels et techniques pour le faire. Cependant, comme pour les autres concurrents de VMware, parvenir à atteindre le même niveau fonctionnel prendra du temps », estime l’analyste Keith Townsend, du cabinet de conseil The Advisor Bench.

« HPE dispose d’éléments contractuels et techniques pour le faire. Cependant, comme pour les autres concurrents de VMware, parvenir à atteindre le même niveau fonctionnel prendra du temps. »
Keith TownsendAnalyste, The Advisor Bench

Techniquement, CloudOps agglomère l’hyperviseur Morpheus, le logiciel d’administration d’infrastructure globale OpsRamp et le logiciel de sauvegarde (et de reprise d’activité après incident) Zerto. Tous sont issus de rachats que HPE a effectués au cours des cinq dernières années.

« Ce n’est qu’un début », a précisé Antonio Neri. Selon lui, CloudOps deviendra au fur et à mesure une plateforme de virtualisation de plus en plus complète. À la question de savoir s’il était toujours un partenaire de VMware ou désormais un concurrent, Antonio Neri a qualifié la relation entre HPE et VMware de « coopétition » (contraction de coopération et compétition). Selon lui, cela signifie que HPE vend des serveurs pour exécuter VMware ou son concurrent CloudOps selon la demande des clients, mais les clients demanderaient en ce moment une alternative à VMware.

L’un des prochains ajouts à CloudOps pourrait être la technologie de connectivité SD-WAN (qui permet de créer des réseaux privés entre les succursales et un datacenter central ou des services en cloud). Le problème actuel semble que HPE ne sait toujours pas s’il pourra fournir le SD-WAN de Juniper, l’équipementier réseau qu’il essaie de racheter depuis des mois.

Cette acquisition est pour le moment bloquée par les autorités de la concurrence américaine, pour une raison qui n’a rien à voir avec les infrastructures de datacenters. Il se trouve qu’aux USA HPE et Juniper sont tous les deux des vendeurs de bornes Wifi et que leur fusion, qui mettrait fin à leur concurrence sur les prix, pourrait être défavorable aux clients américains.

CloudOps fonctionnera-t-il en dehors des produits HPE ?

Par ailleurs, pour être équivalent aux solutions de virtualisation de Nutanix et Red Hat, il faudrait que CloudOps puisse aussi fonctionner sur d’autres machines que celles de HPE. Pour l’instant, l’hyperviseur Morpheus n’est vendu qu’avec des équipements HPE pour lesquels il est validé.

« HPE devra également veiller à l’interopérabilité de CloudOps avec des solutions d’administration tierces qui se standardisent chez les entreprises. »
Steven DickensAnalyste, HyperFrame Research

« La plupart des clients intéressés par les logiciels d’infrastructure ont probablement un mélange de logiciels et de matériel, ce qui signifie que HPE devra construire ses futurs logiciels sans avoir à l’esprit ses propres capacités matérielles », estime Steven Dickens, analyste pour le cabinet de conseil HyperFrame Research.

Plus que les serveurs eux-mêmes, Steven Dickens conçoit que tout ce qui n’est pas encore dans CloudOps – la virtualisation du stockage, la virtualisation du réseau – sera compensé par une interconnexion directe avec les produits de stockage (Alletra) et de réseau (Aruba) de HPE.

« HPE devra également veiller à l’interopérabilité de CloudOps avec des solutions d’administration tierces qui se standardisent chez les entreprises : Ansible, HashiCorp, Splunk... », ajoute-t-il.

« En fait, le principal problème que les clients ont avec VMware n’est pas tant les nouveaux tarifs que la relation de confiance qui a été abîmée. Pour que les gens adoptent CloudOps, il faudra que, au-delà de ses fonctions et de son prix, la plateforme logicielle ne donne pas l’impression qu’elle va restreindre la liberté des utilisateurs », conclut un observateur qui n’a pas souhaité indiquer son nom.

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