Dossier : comment les USA régulent les puces d’IA

Introduction

Le fonctionnement des intelligences artificielles repose essentiellement sur des puces accélératrices américaines fabriquées à Taiwan.

D’une part, les USA veulent profiter de leur position dominante pour imposer des règles commerciales au reste du monde. Il s’agit en particulier d’imposer des quotas et même des taxes sur leurs exportations de puces de calcul pour s’assurer que les meilleures IA seront américaines, vendues par des entreprises américaines, avec des normes américaines. Et surtout pas chinoises.

D’autre part, le fait que ces mêmes puces soient produites en Asie est un sujet auquel le gouvernement américain accorde la plus grande attention économique. L’administration Biden avait imaginé le CHIPS Act, un plan de subventions publiques à hauteur de 52,7 milliards de dollars pour relancer l’implémentation des usines de semiconducteurs sur le sol des USA. Outre rapatrier des emplois, il s’agissait surtout de ne plus jamais subir de pénurie en cas de logistique internationale paralysée par une pandémie mondiale.

L’Administration Trump a une autre approche, bien à elle : taxer les semiconducteurs que les marques américaines ont fait fabriquer à l’étranger. Officiellement pour les encourager à convaincre leurs fournisseurs de déménager aux USA. D’ici là, ces taxes (le taux de 100 % est sérieusement envisagé pour la fin de l’année) ne seraient que des droits de douane supplémentaires, dans la politique protectionniste que l’actuel président étatsunien avait annoncée dès sa campagne électorale.

Mais il y a des obstacles. La Chine, le grand rival commercial des USA, est en ordre de marche pour ne surtout pas se laisser faire. Elle achète tous les GPU que l’Américain Nvidia peut lui vendre, ce qui incite ce dernier à jouer double jeu. Huawei, son champion national des puces, contourne l’interdiction d’accéder aux usines taiwanaises en y faisant fabriquer ses accélérateurs par des sociétés-écrans.

En attendant que les investissements massifs dans une industrie nationale des semiconducteurs portent leurs fruits, tous les coups semblent bons pour donner aux IA chinoises Deepseek et Qwen la chance d’être plus concurrentielles que les IA américaines.

Concernant le déménagement des usines de semiconducteurs sur le sol américain, l’humeur est plutôt à la temporisation. Les leaders du marché, le Taiwanais TSMC, en ce qui concerne les puces de calcul, et le coréen Samsung, pour le secteur des mémoires, ont des chaînes de production en chantier. En Arizona et au Texas.

Mais du bout des lèvres, ils expliquent que ces usines ne fabriqueront jamais les semiconducteurs dernier cri. Juste des générations obsolètes, pour des gammes de puces moins chères. En filigrane, ces projets déplaceraient le surcoût payé en droits de douane par les clients américains, vers un surcoût du personnel américain payé par TSMC et Samsung. Les intéressés semblent manquer de motivation.

1Domination-

Devenir le gendarme de l’IA mondiale

2Chine-

Le rival no 1 des USA est aussi le meilleur client étranger de l’Américain Nvidia

3Taxes-

Déplacer la production de semiconducteurs sur leur sol américain

4TSMC-

Le no 1 des semiconducteurs reste ancré à Taiwan