SAP : forte croissance du cloud sur le début 2024

Le chiffre d’affaires de SAP pour le premier trimestre 2024 indique une croissance solide. Les clients semblent planifier de plus en plus de migrations vers le cloud et mettre en œuvre de plus en plus de fonctionnalités IA.

Stimulée par la croissance du cloud, SAP a annoncé de bons résultats pour le premier trimestre de l’année.

Son chiffre d’affaires cloud, au premier trimestre, a augmenté de 25 % pour atteindre 3,9 milliards d’euros. SAP a indiqué par ailleurs que son « current cloud backup » (CCB) a augmenté de 28 % pour atteindre 14,2 milliards d’euros. SAP définit le CCB comme le montant des revenus cloud signés contractuellement et que l’entreprise prévoit de comptabiliser au cours de l’année à venir. Sur la période, ses bénéfices d’exploitation s’élèvent à 1,5 milliard d’euros, en augmentation de 19 % par rapport à l’année précédente.

Pour montrer les progrès dans la migration de sa base installée sur site vers le cloud, SAP a également introduit une nouvelle catégorie, Cloud ERP Suite (centrée sur S/4HANA Cloud Public Edition). Le chiffre d’affaires du premier trimestre de Cloud ERP Suite a augmenté de 32 % pour atteindre 3,2 milliards d’euros.

« Cloud ERP Suite contient tous les modules core de notre offre : de la finance, à la gestion des dépenses en passant par les ressources humaines, la supply chain ou BTP », explique Christian Klein, PDG de SAP, lors d’un échange avec les investisseurs et les analystes. « Ensemble, ces modules ont la même portée fonctionnelle que notre ERP monolithique (sic) sur site. »

Les trois moteurs de la croissance de SAP

La croissance de SAP repose sur trois moteurs, ajoute-t-il : Rise with SAP, l’offre préférentielle (voire unique) qui vise à migrer la base installée des grandes entreprises de SAP vers le cloud ; Grow with SAP, pour les nouveaux clients (principalement des petites et moyennes entreprises et des filiales) ; et les innovations en matière d’Intelligence artificielle qui ont été développées ou qui seront lancées dans les années à venir. À cette fin, des fonctionnalités d’IA seront infusées dans l’ensemble du portefeuille de produits et Joule, l’assistant d’IA générative de l’éditeur allemand, augmentera les interfaces de ces outils pour l’expérience utilisateur.

Côté « grands nom », SAP souligne que le chocolatier Lindt & Sprüngli, le fabricant mondial SKF et l’entreprise aérospatiale Curtiss-Wright sont devenus de nouveaux clients. Maersk, l’entreprise mondiale de transport maritime, a par ailleurs adopté BTP comme plate-forme d’intégration et de développement pour l’ensemble de son existant IT (SAP et non SAP).

Le programme de restructuration interne de SAP, qui est centré sur la transition de l’entreprise vers l’IA et le cloud, « progresse mieux que prévu, en particulier en ce qui concerne l’embauche de nouveaux talents », se réjouit M. Klein.

« Ce programme nous aidera à saisir les opportunités de croissance tout en augmentant notre efficacité, entre autres, en encourageant l’utilisation interne de l’IA », continue-t-il. « Nous prévoyons des gains d’efficacité de l’ordre de plusieurs dizaines de millions en intégrant l’IA dans l’ensemble de nos processus ».

La restructuration interne, qui a été dévoilée en janvier, devrait affecter environ 8 000 employés de SAP, avec des programmes de congés volontaires et des requalifications internes. M. Klein précise toutefois que l’effectif global de l’entreprise à la fin de l’année devrait être le même que celui de la fin 2023.

Des bases saines… si SAP garde ses clients dans son giron

Pour Josh Greenbaum, directeur d’Enterprise Applications Consulting, la croissance du cloud au cours du premier trimestre est un indicateur de la bonne santé des revenus à venir. Il reste un énorme potentiel de migrations – de la base de clients ECC sur site et des premiers utilisateurs de S/4HANA – qui attend d’être exploité. Mais ce constat peut être à double tranchant.

« Il y a encore de nombreuses implémentations cloud à faire et, en théorie, beaucoup de nouveaux revenus nets à saisir. D’autant que les premiers clients de S/4HANA ont plus fait des implémentations techniques que des projets de transformations [digitales] », constate M. Greenbaum. « Il y a donc un grand potentiel pour SAP avec ces milliers de clients de S/4 qui veulent véritablement, aujourd’hui, se transformer ».

Revers de la médaille, SAP doit garder ces clients lorsqu’ils envisagent le cloud. Comme ces projets obligent à tout revoir (souvent des déploiements greenfield, avec un « clean core », en laissant les spécifiques et en s’adaptant à la standardisation des processus apportée par l’application), ils ouvrent la porte à d’autres alternatives que SAP, souligne-t-il.

SAP dans la tendance du secteur

Plus largement, pour Liz Herbert, analyste principal chez Forrester, la croissance de SAP au premier trimestre s’inscrit dans les tendances actuelles du secteur de l’ERP. Tous les éditeurs tentent d’amener leurs clients à moderniser leurs systèmes avec le cloud et commencent à mettre en œuvre davantage de fonctionnalités d’IA.

« Une grande partie des recettes de SAP liées au cloud ne provient pas encore de clients pleinement opérationnels sur le cloud. »
Liz HerbertForrester Research

Mais il resterait encore beaucoup à faire. Et certains revenus comptabilisés comme étant cloud ne sont pas encore des implémentations, souligne-t-elle. « C’est l’un des défis que SAP doit encore relever, car une grande partie de ses revenus “cloud” ne provient pas encore de clients qui sont pleinement opérationnels sur ce cloud ».

La restructuration de SAP est également une tendance générale de l’industrie IT. Les éditeurs tentent de rassembler des ressources pour répondre à leurs besoins en matière de cloud et d’évolution de l’IA, ajoute Liz Herbert. Ils réduisent leurs effectifs ou restructurent certains postes pour répondre à leurs nouveaux besoins de compétences.

« C’est un signe de la transition majeure qui est en cours, non seulement avec l’IA, mais aussi avec la conversion au cloud, qui exige un type de travail différent », avance M. Herbert. « Les entreprises de tous les secteurs, mais particulièrement celles du secteur IT, doivent procéder à certains de ces changements pour rester pertinentes ».

La restructuration semble en tout cas avoir satisfait Wall Street. Mais le résultat global reste à déterminer, tempère Josh Greenbaum. « L’action SAP a augmenté, mais il y a beaucoup de bouleversements en interne – comme toujours dans ce genre de restructurations – et il faudra attendre un peu pour voir quel en sera l’impact à long terme ».

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