MDM : SaaS, IA, ESG, les priorités de Stibo Systems en 2025
L’éditeur danois du MDM multidomaine STEP termine sa transition vers le cloud et le SaaS. Dans un même temps, il renforce son offre en matière d’IA générative et d’ESG, tout en essayant d’étendre sa présence chez ses clients.
En 2020, Stibo Systems entamait sa migration vers un modèle économique SaaS, après avoir déployé une distribution PaaS de sa plateforme STEP. Il avait fait le choix de s’appuyer sur un socle Apache Cassandra (et non plus Oracle). Puis, il avait proposé ses produits PIM et MDM sur Microsoft Azure et AWS.
Quatre ans plus tard, environ 350 de ses 500 clients ont opté pour sa plateforme « cloud native SaaS », s’appuyant (essentiellement) sur Cassandra et Kubernetes.
« Aujourd’hui, plus des deux tiers de nos clients ont adopté notre solution SaaS », confirme Mickaël Pluchon, directeur avant-ventes EMEA chez Stibo Systems. Parmi eux, Schneider Electric, McDonald’s, Saint-Gobain, Adidas, ou encore Bonduelle. « Nous allons embarquer les derniers clients en mode SaaS dans les douze prochains mois. Cela veut dire que nous n’aurons plus de clients on premise dans un an environ ».
« Nous savons pertinemment que certains clients ne voudront jamais passer en SaaS pour diverses raisons politiques ou stratégiques. Cependant, nous ne pouvons pas proposer une solution pour tout le monde ».
Mickaël PluchonDirecteur avant-ventes EMEA, Stibo Systems
L’éditeur a donc pris une résolution radicale, en toute conscience. « Nous savons pertinemment que certains clients ne voudront jamais passer en SaaS pour diverses raisons politiques ou stratégiques », poursuit Mickaël Pluchon. « Cependant, nous ne pouvons pas proposer une solution pour tout le monde et nous nous concentrons sur la demande actuelle : le SaaS ».
En 2024, la branche logicielle (Systems et DX) du groupe Stibo A/S rapportait que 79 % de son chiffre d’affaires (1,106 milliard de couronnes danoises, près de 148 millions d’euros) provient de revenus récurrents.
Une offre exclusivement SaaS sur Microsoft Azure
Exit également AWS. « Notre offre SaaS est 100 % hébergée sur Microsoft Azure », indique le directeur avant ventes. « Il y a deux-trois ans, nous offrions encore nos solutions chez AWS et Azure. Avec la maturité du SaaS, les clients sont de plus en plus exigeants sur les niveaux de disponibilité. Proposer un taux de disponibilité de 99,5 %, ce n’est pas suffisant, les clients réclament 99,9 % ».
Cela supposerait une très bonne connaissance des infrastructures sous-jacentes. Aussi, puisque Stibo Systems cible des industriels et de grands noms de la distribution, « Microsoft Azure est la plateforme qui a la plus forte adhérence auprès de [ses] clients ».
Stibo entretient un partenariat avec Microsoft. Les clients peuvent se procurer ses solutions via la marketplace Azure. L’éditeur danois a également rejoint le programme Microsoft AI Cloud Partner, lui permettant d’intégrer les services d’IA du géant du cloud dans ses produits, ainsi que Microsoft Fabric. La plateforme concurrente à Snowflake et Databricks serait de plus en plus mentionnée dans les appels d’offres.
IA : Stibo Systems multiplie les initiatives
« En matière d’IA, notre objectif est de rester agnostiques », assure le directeur avant ventes. « L’IA vient en complément du MDM ou le MDM alimente l’IA artificielle, je pense que ce sont les deux cas d’usage majeurs ».
Pour l’accès à différents modèles, Stibo Systems s’appuie principalement sur Azure AI Foundry.
Ce deuxième cas d’usage consistant en quelque sorte à faire d’un MDM ou d’un PIM la base d’une architecture RAG est d’ailleurs le scénario privilégié par les clients de l’éditeur.
« Certains de nos clients imaginent que l’IA résoudra tous leurs problèmes. C’est faux, [...] mais il reste un potentiel à exploiter ».
Mickaël PluchonDirecteur avant-ventes, EMEA, Stibo Systems
« Certains de nos clients imaginent que l’IA résoudra tous leurs problèmes. C’est faux », lance Mickaël Pluchon. « C’est bien là où c’est difficile, c’est que le message marketing, il est très souvent trompeur. Ça ne résout pas tous les problèmes, bien loin de là, mais il reste encore un vrai potentiel à exploiter ».
L’année dernière, l’éditeur a démontré le développement d’un RAG s’appuyant sur son moteur de recherche Elasticsearch et Azure AI.
Stibo Systems propose surtout des algorithmes de « matching », de classification, de détection d’anomalies, d’enrichissement de données, de cartographies des syndications et d’extraction d’entités nommées. Des services mis à jour dans la version 2024.4 de la plateforme MDM, lancée en décembre.
Aussi, le service professionnel de Stibo Systems lance à partir de ce mois de mars un « Generative AI Accelerator Package ». C’est un moyen de tester la génération de textes à partir de données, d’images, ou de PDF dans STEP, ainsi que la génération d’images ou la traduction de textes.
« En matière d’IA générative, il y a encore un point bloquant : la mise à l’échelle », estime Mickaël Pluchon. « Les modèles répondent en quelques secondes, ce qui n’est pas souhaitable quand il faut traiter des millions de données. Je pense que ce problème sera réglé dans un avenir proche ».
Au vu des principales fonctionnalités de la version 2025.1 de STEP, disponible depuis ce mois de mars, les demandes des clients sont moins prospectives.
Stibo Systems dit améliorer la latence des connexions à son environnement Workbench Launcher en parallélisant les téléchargements, en renforçant sa robustesse et en allégeant les mises à jour. Il a également revu un tableau de bord et son système de notifications afin de suivre le statut de produits et le processus de validation des données associées. Enfin, il ajoute un connecteur bidirectionnel pour Salesforce permettant de fusionner des données et de les rechercher avant d’en créer de nouvelles.
« Il s’agit d’empêcher la création de doublons dans le CRM », explique Mickaël Pluchon.
Des « cartes » pour suivre la conformité ESG
Stibo Systems a d’autres priorités. L’une d’entre elles concerne la gestion des données ESG et le respect de certaines réglementations, dont la CSRD.
« Les nouvelles directives européennes sur la déforestation par exemple, qu’on le veuille ou non, sont relatives à des données de référence », illustre Mickaël Pluchon. « Savoir quel est le taux de produits recyclés dans mon packaging, savoir d’où provient telle ou telle matière dans un produit, jusqu’à preuve du contraire, tout ça, ça reste vraiment des données de référence. Et beaucoup de sociétés aujourd’hui n’ont pas encore pris ce tournant ».
« Savoir quel est le taux de produits recyclés dans mon packaging, savoir d’où provient telle ou telle matière dans un produit, jusqu’à preuve du contraire, tout ça, ça reste vraiment des données de référence ».
Mickaël PluchonDirecteur avant-ventes EMEA, Stibo Systems
En ce sens, Stibo Systems propose des « Sustainability Data Cards » depuis 2022. « Ce sont des compléments de données présentes dans le MDM qui se rattachent aux produits, aux fournisseurs ou aux lieux », explique le directeur avant-ventes. « Cela permet de vérifier si les informations remplies par l’entreprise et ses fournisseurs sont conformes aux exigences de différentes régulations. C’est quelque chose qui est fortement réclamé par nos clients ».
Des calculs sont effectués afin de vérifier si la fiche produit est conforme aux différentes évaluations liées aux réglementations. Les données de référence peuvent être combinées avec d’autres en provenance de plateformes tierces.
Selon Stibo Systems, un PIM classique ne serait pas en mesure d’offrir le même niveau d’information. « Pour couvrir le triptyque produit-lieu-fournisseur, il faut un MDM multidomaine », martèle Mickaël Pluchon.
L’éditeur tente ainsi de propager ses logiciels de plusieurs divisions des entreprises.
« De plus en plus de clients, particulièrement les grands distributeurs, après avoir commencé dans des domaines spécifiques comme les produits, élargissent l’usage de notre MDM en intégrant les données des fournisseurs et des distributeurs », vante le directeur avant ventes. Un argument qui revient dans la bouche des porte-parole de concurrents comme Informaticaou Semarchy.
En ce sens, Stibo Systems mise sur des relations à long terme. « Quand il est correctement déployé, un MDM est une solution stratégique qui accompagne une entreprise huit à dix ans », ajoute-t-il.
Migration vers S/4HANA Cloud : un MDM peut avoir son rôle à jouer
Un dernier volet intéresse Stibo Systems : la migration vers S/4HANA Cloud. L’éditeur peine toutefois à convaincre massivement ses interlocuteurs.
« Les clients ont certainement plus confiance dans une société de conseil qui va leur recommander une architecture type pour la migration de leurs données. C’est sûrement elle qui devrait propager le message », avance Mickaël Pluchon. Et d’évoquer le cas d’un prospect revenu vers Stibo Systems, deux ans après un premier rendez-vous.
« Nous lui avions expliqué qu’un MDM pouvait l’aider à migrer ses données vers S/4. Il était convaincu qu’il allait pouvoir faire le chemin seul avec les outils de SAP. Il n’a pas réussi », poursuit-il. « Aujourd’hui, il a déjà six mois de retard dans son projet de migration ».
Le directeur avant ventes le reconnaît sans phare : l’ajout d’un MDM à un projet de migration vers S/4HANA Cloud ne coûte pas moins cher. « C’est davantage une facilité pour respecter les délais de migration », note-t-il. « Avec la fin du support d’ECC qui se rapproche, les dossiers arrivent dans l’urgence ».
Des clients, dont Bosch, utilisent le MDM STEP dans le cadre de leurs projets de migration. Dans le cas de l’équipementier allemand, il s’agit de migrer 40 ERP vers S/4HANA Cloud.
« Beaucoup de clients qui avaient déjà notre solution de MDM ont utilisé directement l’outil pour faire leur migration sans nous consulter, puisqu’ils le maîtrisaient déjà », constate le directeur avant-ventes de Stibo Systems.