Cet article fait partie de notre guide: Le grand guide du « cloud souverain »

Souveraineté : OVHcloud défend ses avantages économiques

L’hébergeur a récemment réuni les éditeurs français pour les encourager à préférer des infrastructures locales. À la clé, l’opportunité pour de simples PME et TPE de vendre des solutions aux pouvoirs publics.

Petit Ă  petit, le message d’un cloud souverain se propage dans l’entourage de l’hĂ©bergeur OVHcloud, qui a rĂ©cemment dĂ©butĂ© la commercialisation d’une offre de cloud privĂ© labĂ©lisĂ©e « cloud de confiance Â». Fin septembre, en marge de son entrĂ©e en bourse, le fournisseur organisait une confĂ©rence Ă  l’attention des Ă©diteurs de solutions SaaS sur le sujet. L’enjeu ? Marteler qu’il ne s’agit plus simplement de se libĂ©rer des contraintes tarifaires et contractuelles que leur imposent les gĂ©ants amĂ©ricains AWS, Azure ou GCP. La souverainetĂ© reposerait sur des raisons bien plus critiques pour leurs activitĂ©s.

« L’Europe est demandeuse d’acteurs qui puissent libĂ©rer le cloud, parce que l’Europe a besoin de se transformer en respectant ses valeurs de libertĂ© et de transparence. Â»
Michel PaulinPDG OVHcloud

« La souverainetĂ©, c’est aussi un enjeu de rĂ©putation. Il y a de plus en plus une pression de l’opinion publique pour comprendre comment les donnĂ©es sont utilisĂ©es. Un vĂ©ritable patriotisme Ă©conomique est en train de se dĂ©velopper. La norme chez les gĂ©ants amĂ©ricains, c’est la prison. L’Europe est demandeuse d’acteurs qui puissent libĂ©rer le cloud, parce que l’Europe a besoin de se transformer en respectant ses valeurs de libertĂ© et de transparence Â», a lancĂ© sur scène Michel Paulin, le PDG d’OVHcloud.

Un argumentaire patriotique repris en chĹ“ur par Mohammed Sijelmassi, le directeur technique de l’intĂ©grateur Sopra Steria : « Il ne s’agit pas de se recroqueviller sur nous-mĂŞmes. Il s’agit de mettre en valeur les capacitĂ©s techniques que nous avons en France pour bâtir des solutions. Mais attention, je ne vous parle pas de refaire une Ă©nième copie des suites collaboratives amĂ©ricaines. Je vous parle de bâtir des solutions qui n’ont pas d’équivalent ailleurs. Des solutions de supply chain, par exemple. Â»

« Et pour bâtir ces solutions, vous devrez vous appuyer sur beaucoup de donnĂ©es, sur beaucoup de puissance de calcul. Vous avez donc besoin du cloud. Mais comment voulez-vous dĂ©montrer les capacitĂ©s techniques europĂ©ennes si vous vous appuyez sur des couches techniques qui ne sont pas europĂ©ennes, qui Ă©chappent Ă  nos rĂ©glementations ? Â», ajoute-t-il.

« La souverainetĂ©, c’est l’opportunitĂ© pour les Ă©diteurs de SaaS de faire quelque chose de diffĂ©rent. Il faut que nos logiciels ne soient plus des alternatives, mais soient Ă  l’image de notre culture. Nos donnĂ©es nous appartiennent. Il n’y a pas de raison qu’elles soient exploitĂ©es ailleurs. C’est tout le sujet du RGPD. Le RGPD c’est l’histoire de l’Europe qui a rĂ©ussi Ă  imposer au monde une nouvelle conception des donnĂ©es. C’est Ă  partir de cette histoire que nous devons bâtir la suite Â», a entonnĂ© Thomas FaurĂ©, le PDG de l’éditeur de logiciels Whaller.

Des infrastructures cloud au service des éditeurs français

Évidemment, OVHcloud appelle ces Ă©diteurs Ă  venir installer leurs solutions sur ses infrastructures. Et, de prĂ©fĂ©rence, sur ses infrastructures de cloud privĂ©, oĂą des serveurs entiers leur sont rĂ©servĂ©s. L’hĂ©bergeur propose deux formules. Le Bare Metal correspond Ă  des serveurs nus sur lesquels les Ă©diteurs dĂ©ploient leurs propres copies des piles système : couche de virtualisation, systèmes d’exploitation, etc. Le Hosted Private Cloud correspond Ă  des serveurs oĂą ces couches sont prĂ©installĂ©es, en l’occurrence VMware ou Nutanix, et oĂą les Ă©diteurs n’ont plus qu’à dĂ©poser leurs applications sous forme de VMs ou de containers.

Pour l’heure, seule la formule Hosted Private Cloud existe en version SecNumCloud, c’est-à-dire que son utilisation par les administrations ou par les entreprises françaises les plus critiques a été validée par l’ANSSI.

« Nous avons choisi d’hĂ©berger nos solutions chez OVHcloud parce qu’il Ă©tait important de dire Ă  nos clients que leurs donnĂ©es Ă©taient stockĂ©es dans un endroit unique, sur lequel ils avaient une maĂ®trise totale Â», lance Marie le Pargneux, en charge du dĂ©veloppement commercial de Tehtris, un Ă©diteur qui Ă©dite des solutions de neutralisation des cybermenaces.

« La rĂ©alitĂ© en cybersĂ©curitĂ©, c’est que la sophistication croissante des malfaiteurs Ă©largit la surface d’attaque et accĂ©lère la vitesse de propagation. Nous avons rĂ©cemment mesurĂ© qu’une attaque pouvait dĂ©sormais infecter 500 machines par minute depuis un seul serveur compromis. Dans ces conditions, il ne s’agit pas seulement de savoir se protĂ©ger, il faut aussi investiguer les donnĂ©es, donc avoir un accès complet aux systèmes. C’est ce que nous permet OVHcloud Â», dit-elle.

« OVHcloud n’est pas qu’un fournisseur. Nous avons trouvĂ© chez eux des gens Ă  l’écoute de tous les projets, mĂŞme les plus petits. C’est un partenaire qui nous fait entrer et collaborer dans son Ă©cosystème europĂ©en Â», indique Thomas FaurĂ©.

« Nous n’avons aucun conflit d’intĂ©rĂŞts avec nos clients Â», lance Michel Paulin. « Au contraire, mĂŞme. Les pouvoirs publics font des appels d’offres pour des solutions SaaS, pas pour des solutions IaaS. C’est-Ă -dire que nous ne sommes mĂŞme pas concernĂ©s. C’est vous, nos clients, qui ĂŞtes concernĂ©s par ces appels d’offres Â», a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  l’assistance, qui a très bien compris la comparaison avec l’e-commerçant Amazon (AWS) et les Ă©diteurs Microsoft (Azure) comme Google (GCP).

« Nous ferons tout pour vous aider Ă  obtenir le label SecNumCloud sur vos solutions. Nous vous aiderons Ă  faire du marketing. Nous ne ponctionnerons pas 20 % de vos revenus sur les solutions que vous prĂ©senterez sur notre marketplace. Nous appuierons vos prospections auprès des entreprises publiques, nous vous accompagnerons en rendez-vous pour leur rappeler que toute exportation de donnĂ©es sensibles est dĂ©sormais il-lĂ©-gale ! Â» a scandĂ© le PDG face Ă  la foule des Ă©diteurs venus l’écouter.

Permettre aux PME et TPE de vendre des solutions à l’État

Clou du spectacle, Nadi Bou Hanna, le directeur de la DINUM (direction interministérielle du numérique) est intervenu pour détailler de nouveaux programmes susceptibles de favoriser les solutions des éditeurs français dans les appels d’offres des entreprises publiques.

« Nous appelons donc dès Ă  prĂ©sent les PME, les TPE qui dĂ©veloppent des solutions innovantes et susceptibles d’intĂ©resser les pouvoirs publics, Ă  se faire connaĂ®tre sans plus attendre. Â»
Nadi Bou HannaDirecteur DINUM

« Les services publics, les collectivitĂ©s pourront dĂ©sormais faire appel Ă  la Commande Directe : afin de favoriser le test de solutions innovantes, d’amorcer des initiatives, ces services publics pourront passer directement commande de produits coĂ»tant moins de 100 000 â‚¬, sans avoir besoin d’attendre que la solution en question soit officiellement rĂ©fĂ©rencĂ©e dans le catalogue de la centrale des achats publics. De plus, la DINUM a dĂ©sormais un nouveau rĂ´le de fonds d’investissement. C’est-Ă -dire qu’une collectivitĂ© peut faire appel Ă  sa capacitĂ© de financer cet achat innovant, Ă  hauteur de 100 000 â‚¬. Â»

Bien entendu, les éditeurs français ne pourront bénéficier de cet appui pour placer leurs solutions parmi les traditionnels produits américains qu’à la condition que ces solutions fonctionnent depuis un cloud de confiance. Donc qu’elles soient hébergées soit chez OVHcloud, soit chez 3DS Outscale.

« Nous appelons donc dès Ă  prĂ©sent les PME, les TPE qui dĂ©veloppent des solutions innovantes et susceptibles d’intĂ©resser les pouvoirs publics, Ă  se faire connaĂ®tre sans plus attendre. Nous avons Ă  cette fin mis en place un portail, le catalogue GouvTech, depuis lequel elles peuvent Ă©valuer leur offre au regard des besoins et les mettre en avant Â», ajoute Nadi Bou Hanna.

« Il faut abandonner le rĂ©flexe de victimisation : l’État est Ă  prĂ©sent ouvert Ă  adopter vos solutions innovantes Â», a-t-il conclu.

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