ERP : un NetSuite en croissance voit la France prête pour le cloud

L’ERP cloud dédié aux PME a progressé de 23 % sur l’année. À l’occasion de son évènement annuel, son fondateur promet encore plus de synergie avec Oracle (sa maison mère). Et le Sales Director France entrevoit un décollage du cloud.

L’éditeur d’ERP cloud NetSuite connaît une croissance soutenue en 2020, avec une progression de 23 % de ses revenus par rapport à l’exercice précédent. Ce chiffre a été dévoilé par Evan Goldberg, directeur général et co-fondateur de la société, en amont de l’évènement annuel SuiteConnect, en virtuel cette année.

Aujourd’hui, ajoute le fondateur, « la majorité des éditeurs qui entrent en bourse le font sur NetSuite ». Zoom Info en est le dernier exemple en date (à ne pas confondre avec Zoom). L’éditeur américain a été introduit en bourse pendant la pandémie. « NetSuite a joué un rôle important dans cette aventure », se félicite Evan Goldberg.

L’ERP SaaS, qui cible les PME et les petites ETI (Midmarket), est une filiale d’Oracle depuis son rachat en 2016. Ceci étant, NetSuite a toujours été très lié à sa société mère, même quand celle-ci ne l’était pas encore. Larry Ellison, fondateur d’Oracle, a en effet été l’un des tout premiers investisseurs de NetSuite et le mentor d’Evan Goldberg.

Convergence de NetSuite avec les technologies d’Oracle

C’est donc assez logiquement que le « second ERP » d’Oracle va accélérer les synergies technologiques avec son propriétaire, et cela à un rythme très régulier, promet Evan Goldberg.

Cette « infusion » des technologies d’Oracle dans NetSuite commence par l’infrastructure. À partir de 2021, tous les nouveaux clients de l’ERP cloud auront leur instance hébergée sur le IaaS d’Oracle Cloud, explique Evan Goldberg. « Et nous avons des clients qui sont déjà dessus ».

Le responsable se dit également « très fan de l’UI Redwood », la nouvelle interface unifiée, repensée en profondeur pour être plus lisible et ergonomique, des applications d’Oracle.

Il y aura « des convergences et une coopération très étroite » dans les développements de l’interface utilisateur, continue Evan Goldberg, qui voit arriver davantage d’interfaces conversationnelles (assistants vocaux, etc.) à base d’intelligence artificielle dans NetSuite – exactement comme dans la suite Fusion d’Oracle. À plusieurs reprises, le responsable a résumé cette approche en une formule : « la meilleure UI, c’est pas d’UI » (« Best UI is no UI »).

Cette convergence aura tout de même des limites. « Il y a beaucoup de choses proches [entre Fusion pour les grands groupes et NetSuite pour le Midmarket]. Mais il y a aussi une tonne de choses qui sont différentes. C’est d’ailleurs pour cela que vous ne pouvez pas construire une seule et même application pour des sociétés de 10 personnes et des entreprises de 100 000 », souligne-t-il.

« Bientôt, vous verrez [dans NetSuite et Fusion] des choses comme des rapports de dépenses drastiquement simplifiés. Mais le processus pour traiter un justificatif de note de frais dans une grande entreprise étant très différent de celui d’une PME, plus complexe en fait, il y aura des différences d’approches ».

Clients français de NetSuite

Côté clients, NetSuite affiche de fortes ambitions en France depuis son arrivée sur ce marché. Mais il se montre plutôt frileux pour citer des noms d’entreprises locales ayant choisi son ERP cloud. En tout cas en dehors d’un secteur de prédilection : le numérique.

« Nous avons développé des fonctionnalités conformes aux meilleures pratiques pour les entreprises françaises de différents secteurs. »
Eric LiardNetSuite

Au Royaume-Uni, l’éditeur a communiqué sur Unisnacks, un fournisseur de confiseries, de produits alimentaires et de boissons de marques asiatiques pour les supermarchés britanniques comme Tesco ou Sainsbury’s. D’après le communiqué de presse envoyé à nos confrères britanniques, pour gérer ses stocks et ses opérations, Unisnacks utilise « SuiteSuccess Wholesale Distribution », le vertical « Retail » de NetSuite.

Mais de ce côté-ci de la Manche, les références égrenées prudemment depuis plusieurs années sont quasiment toutes celles de (plutôt jeunes) éditeurs.

« NetSuite a aidé de nombreuses organisations françaises – comme Aircall, Contentsquare et Uptime [N. D.R. : ou Doctolib] – à croître, à s’adapter au changement et à construire leur avenir », explique cette année encore Éric Liard, Sales Director France au MagIT. « Nous travaillons avec plus de 30 % des entreprises du Next40 – ces entreprises connaissent une croissance rapide et sont tournées vers l’international et le numérique. Elles ont besoin d’un outil évolutif et agile pour soutenir leurs ambitions. Pour elles, l’ERP cloud est la seule option crédible ».

Mais est-ce à dire que NetSuite France ne cible que ce secteur des scale-ups ? Éric Liard assure que non.

« La France est essentielle au succès de NetSuite, autant dans la zone EMEA que dans le monde […] Nous avons développé des fonctionnalités conformes aux meilleures pratiques pour les entreprises françaises de différents secteurs », répond-il au MagIT.

Ces fonctionnalités « localisées » séduiraient donc au-delà du secteur du numérique. « En France, nous travaillons en étroite collaboration avec le secteur du Retail, du Manufacturing et des sociétés de service – particulièrement dans les secteurs de la finance, de l’assurance et du consulting », liste Éric Liard. « Les fonctionnalités et les modules verticalisés dédiés à certains secteurs que nous avons intégrés dans la suite sont très bien adaptés à ce type d’organisations ».

Le décollage du cloud

Point intéressant, tout comme Laurent Jacquemain d’Infor, Éric Liard a constaté qu’en 2020 le marché français se convertissait à l’ERP en mode cloud.

« Les organisations françaises n’ont jamais été aussi prêtes » se réjouit-il. « Le passage au travail à distance depuis le début de l’année 2020 ne va faire qu’accélérer cette tendance ».

« Les organisations françaises n’ont jamais été aussi prêtes [pour l'ERP Cloud]. »
Eric LiardNetSuite

« Ces derniers mois, les équipes financières et opérationnelles qui utilisaient des solutions sur site n’ont pas été capables de s’adapter, de réagir et de travailler de la même façon que celles qui utilisaient un ERP cloud – elles, au contraire, ont connu une transition harmonieuse et sans heurts vers le travail à distance », continue-t-il.

Éric Liard y entrevoit une opportunité pour le futur. « Même les organisations les moins connectées, ou les plus conservatrices sur le plan technologique ont pu constater les avantages que pourrait leur apporter le cloud ».

On espère donc que NetSuite pourra partager des références françaises dans l’industrie et la distribution pour ajouter le témoignage à cette analyse optimiste.

Lire aussi : notre entretien avec Franck Cohen, ex-SAP, sur les atouts majeurs de l’ERP cloud par rapport aux ERP traditionnels sur site.

« SuiteNess » vs « Best of Breed »

Face à des acteurs comme Sage et Quickbooks, Evan Goldberg a également réaffirmé les avantages d’une approche de « suite complète d’outils métiers » (ce qu’il appelle la « Suiteness » dans un jeu de mot anglais avec « Sweetness », la « douceur »).

Pour lui, il s’agit d’un élément clef de différenciation vis-à-vis de briques « best of breed » – un argument qui est d’ailleurs exactement le même chez Oracle depuis plusieurs années. « Et nous continuons sur cette voie avec SuitePeople [N. D.R. : le module RH], SuiteBilling, etc., etc. ».

Nouvelles fonctionnalités de NetSuite en 2020

Côté mises à jour produits, justement, les annonces ont été nombreuses. À commencer par le module finance avec de nouvelles capacités de gestion de trésorerie qui « aideront les clients à se connecter facilement à des milliers d’institutions financières dans le monde – ces connexions importent automatiquement les transactions et les soldes de comptes dans NetSuite », explique l’éditeur.

Pour les responsables de chaînes d’approvisionnement, NetSuite promet des « capacités d’exécution automatisée », afin de « répartir leurs stocks […] en exécutant les commandes automatiquement, en fonction de critères prédéfinis, comme les délais de livraison, les coûts d’expédition ou le taux de couverture ». D’autres nouveautés devraient « aider à aligner l’offre et la demande avec de nouvelles capacités de planification des besoins et un référentiel dédié qui garantit que les entreprises peuvent facilement contrôler, exécuter et examiner les commandes », promet le communiqué de NetSuite.

Dans les RH, SuitePeople se dote de la gestion de performance pour « gérer et administrer de manière centralisée les processus d’évaluations – ce qui améliorera d’autant l’efficacité de la gestion des performances et augmentera l’engagement des employés grâce à une mise à jour et un suivi actif et en temps réel des objectifs ».

Evan Goldberg a également vanté les nouveautés de SuiteCommerce, qui devraient permettre une gestion plus facile des boutiques de e-commerce des « petits » clients de l’ERP.

Enfin, et de manière plus transverse, un « entrepôt analytique » qui intègre les technologies BI d’Oracle Cloud « améliorera la prise de décision en agrégeant plusieurs sources de données, et en effectuant des modélisations de scénarios complexes en s’appuyant sur les données à l’instant T ou sur des analyses prédictives ».

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