Voix, vision, prédictif et GenAI : les quatre axes IA de Nomadia
Aux algorithmes de recherche opérationnelle, l’éditeur français de FSM et de CRM, Nomadia ajoute progressivement de nouveaux modèles d’IA au sein de ses logiciels.
D’après la dernière édition du Top 250 de Numeum et EY, 74 % des éditeurs font de l’IA une de leurs trois priorités technologiques (58 % en 2022). Et en matière d’IA, la GenAI occupe une place prépondérante dans les feuilles de route. Ils sont ainsi 40 % des éditeurs du Top 250 à l’avoir intégrée dans leur offre. Pour 42 %, ce chantier sera réalisé durant les deux prochaines années. Le spécialiste du Field Service Management et du CRM, Nomadia, à l’image du marché de l’édition logicielle, investit dans ce secteur.
Priorité à l’IA pour l’efficacité opérationnelle
L’IA n’est pas une nouveauté pour l’éditeur, souligne cependant Alexis Berger, AI Product Lead de Nomadia. L’éditeur développe des algorithmes de recherche opérationnelle depuis quelques décennies à des fins de planification et de simulation. Ces développements se poursuivent.
« Depuis 4 ou 5 ans, de nouvelles techniques » s’y ajoutent, poursuit le porte-parole. Nomadia s’intéresse en particulier aux applications de l’IA en matière de reconnaissance d’image et de texte, mais aussi de génération de contenu. Le groupe entend toutefois se focaliser sur les cas d’usage axés sur l’efficacité opérationnelle – tout en tenant compte d’enjeux de frugalité.
Pour sa stratégie produit, Nomadia a déterminé quatre axes : Vision AI, Predictive AI, Generative AI et Speech AI.
Sur l’axe « vision AI », l’éditeur cible les algorithmes de traitement d’image, par exemple dans le but de détecter une anomalie au sein d’une photo ou des objets. « Predictive AI » englobe les usages des modèles prédictifs, sur la base d’un historique de données, afin de prédire des évènements. L’IA générative n’est plus à présenter. « C’est le sujet un peu hype depuis trois ans à présent », souligne Alexis Berger.
« Nous sommes convaincus que la voix est l’interface numérique de demain. »
Alexis BergerAI Product Lead, Nomadia
Reste que c’est au niveau de la voix et donc de Speech AI que Nomadia identifie « le plus grand potentiel » pour ses logiciels métiers.
L’ambition : « apporter la voix comme une interface à part entière. Nous sommes convaincus que la voix est l’interface numérique de demain », anticipe le responsable. « Nous devons absolument l’interfacer avec nos solutions. »
C’est donc sur l’axe de la reconnaissance vocale que l’éditeur a initié ses développements.
Les atouts multiples de la voix dans les applis mobiles
Se qualifiant « d’acteur de la mobilité », Nomadia couple la brique back-office et l’application mobile. L’intégration de la voix dans l’app est par conséquent perçue comme une source « d’atouts » multiples.
Au travers de la reconnaissance vocale, l’éditeur a développé une fonction de rédaction automatique de rapport, confie Franck Laugier, head of data. La fonctionnalité se destine aux techniciens sur le terrain avec pour but d’exploiter leurs voix pour saisir des informations dans des formulaires.
Nomadia espère des gains de productivité et une amélioration de l’expérience utilisateur. Une expérimentation a été menée sur l’application Gazoleen, à destination des entreprises d’entretien, de maintenance et de SAV.
Pour Franck Laugier, les usages les plus évidents du vocal concernent le FSM. Il assure cependant que le speech AI a vocation à « se déporter dans tous les cœurs de métier de Nomadia », soit le CRM, la logistique, l’optimisation de tournées, etc.
La computer vision pour traiter les litiges
Sur la reconnaissance d’image (Vision AI), l’éditeur identifie un premier axe de travail possible : les litiges (pour les interventions et livraisons). L’IA est considérée comme une réponse à la problématique de la sécurisation des preuves terrain.
Commerciaux et techniciens sont amenés à réaliser des photos lors de leurs interventions pour mesurer la qualité du service rendu. Mais encore faut-il que l’image respecte des critères de qualité suffisants. Via de la reconnaissance d’image, Nomadia a développé une fonctionnalité chargée d’analyser cette qualité. « L’idée est de prévenir qu’une photo n’est pas conforme et qu’il faut en reprendre une », indique Alexis Berger.
Dans ce domaine de la vision, l’éditeur prévoit également de coupler OCR et LLM pour saisir automatiquement des données. Ce couplage combine reconnaissance de caractère et saisie automatique dans un formulaire. Appliquée à la livraison de colis, l’application permet par exemple de photographier une étiquette et d’extraire les données associées pour les copier dans un outil métier pour leur digitalisation.
Au travers d’un algorithme de reconnaissance d’image intégré à Nomadia Delivery, l’éditeur envisage un autre usage, offline et online, sur la preuve de livraison. L’algorithme permettra, lors d’une tournée, d’identifier le nombre de colis d’une livraison et leur présence sur la photo.
« Le colis n’est pas la preuve de livraison unique. Nous avons donc d’ores et déjà commencé à travailler sur des apprentissages avec d’autres preuves », signale le head of data de l’entreprise.
Augmenter la planification de visites dans le CRM
Des développements sont aussi en cours sur le prédictif.
Pour ses clients CRM, Nomadia a identifié une problématique récurrente : la priorisation des visites. « En moyenne, un commercial itinérant passe deux à trois heures par semaine à préparer ses visites », évalue Franck Laugier. Pour simplifier ce processus, l’éditeur propose de déléguer l’ingestion des données à l’application et son IA embarquée. Le traitement se traduit alors par la génération d’un score « et d’actions à mener au sein du magasin ».
Le but est aussi de standardiser le processus à l’ensemble des vendeurs.
Toutes les entreprises ne partagent cependant pas la même vision du marché et des priorités de visite. Dans un premier temps, Nomadia a donc choisi de développer un « algorithme à la fois générique et spécifique. » L’algorithme est identique pour tous, mais chaque client peut le personnaliser, « à un point assez important, de façon à définir sa propre stratégie et la nature des visites à prioriser », précise Alexis Berger.
Ces développements en IA sont en cours depuis plusieurs mois. L’éditeur juge, sur la base de PoC et de « données neutres », que les résultats sont « extrêmement concluants ». Un pilote avec un client est programmé cet été.
La communication des résultats en situation réelle est annoncée pour octobre, lors de la conférence Nomadia Sales.
La GenAI pour l’intégralité des clients
Les cas d’usage des IA précédentes s’appliquent à un produit ou une gamme. Avec la GenAI, l’éditeur cible à l’inverse la totalité de ses clients. L’utilisation de LLM se concentre sur la génération de texte, appliquée notamment au géocodage pour l’optimisation de route.
Le géocodage consiste à convertir une adresse en coordonnées GPS. Chaque année, Nomadia traite plus de 100 millions d’appels en géocodage. Avec l’IA « nous allons améliorer quasiment la moitié des adresses mal géocodées », anticipe l’entreprise.
Plus globalement, Nomadia annonce son intention « d’accélérer » et d’« intensifier » l’utilisation de l’IA. L’éditeur entend par exemple généraliser le recours à la dictée vocale dans ses logiciels.
En parallèle, d’autres usages de l’IA sont explorés. C’est le cas par exemple de la détection des erreurs dans les données et du mapping automatique. Pour rendre la base de connaissance de ses produits logiciels plus accessible, Nomadia regarde en outre du côté du RAG et des chatbots.
Enfin, l’éditeur prévoit de déployer de l’IA agentique dans la gestion de tournées. Des PoC ont déjà été menés, avec à la clé « des cas d’utilisation très probants » sur le FSM et la livraison qui permettent d’assister les planificateurs. Voire d’automatiser « presque intégralement » – annonce l’AI product lead de Nomadia.