Cloud : AWS EC2 ou AWS Lightsail ? Le grand comparatif

EC2 est plus personnalisable, là où Lightsail est livré clés en mains. Les deux services de machines virtuelles d’AWS ont chacun des avantages bien distincts et l’on aurait tort de ne comparer que leurs tarifs.

Les entreprises qui déploient des applications sur le cloud public d’AWS pourraient envisager d’utiliser les instances virtuelles du service Lightsail, car celui-ci simplifie grandement l'intégration et la facturation de plusieurs services fonctionnels. Ainsi, les développeurs tireront avantage d’Amazon Lightsail pour créer rapidement des sites web et des applications grâce à des configurations prêtes à l’emploi. Ce service est moins personalisable qu'Amazon EC2, mais il est plus facile à déployer et ses coûts sont plus simples à estimer.

Lightsail est un service de serveurs privés virtuels (VPS) préconfigurés en puissance de calcul, en capacité de stockage, avec leur mise en réseau, leur DNS, voire avec un moteur de base de données (SGBD), un répartiteur de charge, ou encore le support des applications au format container. Leur tarif forfaitaire peut même comprendre un service CDN prêt à l’emploi pour transférer leurs contenus dans des caches régionaux, au plus près des utilisateurs situés dans d’autres zones géographiques.

Cette simplicité n'est toutefois pas sans inconvénients. Amazon EC2 offre bien plus d’options pour créer, déployer et administrer les applications. EC2 reste par ailleurs la locomotive des services AWS, avec S3. Mais pour certains besoins précis, d’appoint, Lightsail pourrait bien être votre option la plus avantageuse.

Pourquoi utiliser Lightsail ?

Amazon Lightsail est destiné aux entreprises qui souhaitent mettre en service un serveur sans avoir à se soucier de tous les détails de tarification, de configuration et de gestion associés à un déploiement AWS classique.

Les développeurs peuvent l'utiliser pour créer des projets simples, comme un blog, un site web ou une plateforme de commerce électronique de base, en utilisant des applications et des configurations standard. Par exemple, pour mettre en place et configurer un blog WordPress, il suffit de sélectionner une plateforme et un modèle de configuration, c’est-à-dire une instance WordPress préconfigurée. Lightsail présente une poignée d'options à un prix mensuel fixe.

Pour faire la même chose dans EC2, il faut provisionner la machine virtuelle, lui ajouter du stockage en mode bloc Elastic Block Store (EBS) ou en mode objet S3, provisionner l'image de son système, puis configurer les différentes ressources et les applications.

Avec Lightsail, le même modèle de base peut être créé en quelques clics. Cela en fait également un environnement d'essai intéressant pour tester de nouvelles applications ou fonctionnalités avant de les déployer sur des instances réelles. La limite, toutefois, est la marge de manœuvre inexistante en ce qui concerne les caractéristiques liées à la performance. Impossible par exemple d’ajouter des cœurs virtuels pour soutenir des fonctions de traitement vidéo ou d’analyse.  

Lightsail ou EC2 : la comparaison des caractéristiques

Lightsail est conçu pour la vitesse de mise en œuvre et la simplicité d’utilisation. Ses instances sont en définitives des instance EC2 regroupées avec d'autres services AWS et l’ensemble est livré clés en main. L’utilisateur, de son côté, n’a pas accès au détail des composants AWS sous-jacents. Cela est d’ailleurs un problème pour pouvoir comparer une instance Lightsail à un même ensemble de services assemblés à la main.

Concernant EC2, les équipes informatiques tailleront une configuration sur-mesure. Chaque élément ayant sa propre structure de prix, il est possible de bâtir l’environnement le plus optimal pour déployer des applications avec exactement ce qu’il faut de performances et de coût.

Dans le cadre de cette comparaison, nous allons mettre en lumière certaines fonctionnalités de Lightsail et tâcher de trouver les fonctions similaires dans AWS que l’on configurer sur une base EC2. Tous les prix indiqués ci-dessous sont basés sur la région Est des États-Unis.

1/ Puissance de calcul et stockage bloc. En ce qui concerne les options liées à la puissance, les deux offres sont sans commune mesure. Lightsail propose sept tailles de serveurs virtuels, contre plus de 250 pour EC2. Lightsail grimpera au maximum jusqu’à huit cœurs et 32 Go de mémoire, alors que les instances EC2 peuvent atteindre 128 cœurs et 3 900 Go de mémoire. Notez cependant que l’intérêt d’EC2 n’est pas tant d’offrir des configurations plus puissantes. Il est surtout de proposer des option splus granulaires.

La taille des disques SSD de Lightsail varie de 20 à 640 Go. EC2 offre beaucoup plus de souplesse, mais dans la plupart des cas, vous ne pourrez pas vous contenter du stockage EBS livré avec la formule EC2 choisie. Il faudra attacher manuellement du stockage bloc alors que tout cela est préconfiguré dans Lightsail.

Le point à noter est que, si d’aventure votre configuration Lightsail devenait trop étroite pour votre projet, il est trivial de l’exporter (via un snapshot) vers une instance EC2 plus classiques.

2/ Les containers. Les développeurs peuvent utiliser les containers Lightsail comme un moyen relativement simple pour charger des images de leurs applications au format Docker ou similaires. Toutefois, ce service ne bénéficie pas des contrôles précis d'Amazon Elastic Container Service (ECS) ou d'Amazon Elastic Kubernetes Service (EKS).

Les containers Lightsail coûtent beaucoup plus chers que leurs ressources brutes. Le service de containers coûte de base 7 dollars par mois pour un quart de vCPU avec 512 Mo de RAM. Et il peut monter jusqu'à 160 dollars par mois pour quatre vCPU avec 8 Go de RAM. Une instance EC2 de base, sans système de container préinstallé, coûte 3,74 $. Avec 8 Go de RAM et 4 vCPU, son tarif est de 133 $. En revanche, tous les services de containers Lightsail comprennent un quota de transfert de 500 Go par mois, alors qu’il faut débourser 45 $ supplémentaires pour avoir la même chose avec EC2.

Mathématiquement, on pourrait en conclure que Lightsail est plus intéressant financièrement. Mais l’intérêt n’est pas là : son intérêt est surtout de pouvoir immédiatement tester en cloud le fonctionnement de ses containers.

3/ La répartition de charge. Les load-balancers Lightsail répartissent le trafic entre les instances situées dans différentes zones de disponibilité (AZ). Cela permet de résoudre les problèmes d’élasticité et d'améliorer les performances comme la redondance. Le load-balancer gère également les certificats.

Néanmoins, les équilibreurs de charge de Lightsail ne sont pas conçus pour gérer des volumes de trafic élevés, ni même constants. AWS recommande aux développeurs d'utiliser EC2 avec Application Load Balancer pour les charges de travail qui supposent de traiter plus de 5 Go de données par heure, ou plus de 400 000 nouvelles connexions par heure, ou plus de 15 000 connexions actives en même temps.

Le prix du service de répartition de charge Lightsail est de 18 dollars par mois. Avec EC2, les développeurs peuvent choisir entre des load balancers classiques, applicatifs, réseau, de passerelle. Ces services sont facturés sur la base de la consommation, de sorte que les coûts dépendent de la quantité du trafic.

4/ Le CDN. Les développeurs peuvent ajouter à leur configuration un CDN Lightsail qui, via le réseau Amazon CloudFront, servira à stabiliser les performances des applications quelle que soit la région du monde depuis laquelle on y accède. Cette solution est utile pour les sites Web, blogs compris, dont les ressources telles que les feuilles de style CSS, le code JavaScript, les images et les vidéos peuvent être placés au plus près des visiteurs afin de réduire les temps de réponse. Cela contribue également à réduire la charge sur le serveur, ce qui peut améliorer les performances globales.

Le CDN ne fonctionne pas pour les ressources AWS autres que Lightsail. EC2, lui, utilise directement Amazon CloudFront, ou des services CDN tiers. En même temps, EC2 est plus adapté aux configurations complexes, aux charges de travail qui nécessitent beaucoup de requêtes ou de streaming vidéo.

De base, le CDN Lightsail fournit 50 Go de déport par mois gratuitement, la première année, puis 2,50 $ par mois les suivantes. La formule la plus chère autorise 500 Go de déport par mois pour 35 $ par mois. Concernant Amazon CloudFront, le trafic est facturé en fonction des transferts de données sortants et des requêtes HTTP. La tarification des transferts de données varie, les niveaux de volume les plus élevés se traduisant par des tarifs au Go.

5/ Le service de base de données. AWS propose un moteur de base de données dans les instances de Lightsail dites standard et haute disponibilité. Cela simplifie la question de savoir quel moteur choisir pour une base de données MySQL, ainsi que les efforts pour lancer, sécuriser, surveiller et maintenir la base.

Le service assure automatiquement une sauvegarde continue de la base de données, récupérable sur les sept derniers jours. Les développeurs peuvent configurer des sauvegardes de plus longue durée avec des snapshots, facturés à part. Ces offres sont plus coûteuses que des instances Linux ou Windows sur lesquelles configurer soi-même une base SQL et leurs capacités de transfert sont beaucoup plus limitées.

L’instance servant à exécuter la base de données commence à 15 $ par mois pour 1 Go de RAM, 40 Go de stockage et 100 Go de transferts de données. Le tarif grimpe à 115 $ par mois pour 8 Go de RAM, 240 Go de stockage et 200 Go de transferts de données. Le niveau de haute disponibilité, qui ajoute la prise en charge de la redondance, avec basculement vers des serveurs situés dans différentes régions d'AWS, est facturé le double de ces tarifs.

Les bases de données Lightsail n'offrent pas le niveau de performance ou de débit que des services des bases de données plus perfectionnés, comme MongoDB ou Cassandra, peuvent exiger. Dans ces cas-là, on préférera se tourner vers des instances EC2, avec un stockage SSD, avec des IOPS configurables.

Une instance Lightsail peut néanmoins fonctionner avec d'autres services de bases de données présents sur AWS. Lightsail est compatible avec Amazon DynamoDB, Amazon Relational Database Service (RDS) et Amazon Aurora. Cela dit, il faudra certainement se connecter à un espace de cloud privé (VPC) pour que cela fonctionne.

La technique du peering peut être utilisée pour se connecter à de nombreux autres services AWS, mais pas tous. L'appairage n'est pas nécessaire pour un petit sous-ensemble de services, notamment Amazon S3 et Amazon CloudFront.

Lightsail ou EC2 : la comparaison des tarifs

Les coûts d'Amazon Lightsail sont inférieurs à ceux des instances EC2 quand on souhaite utiliser des ressources de base. Par exemple, pour une machine virtuelle Linux, la plus petite instance Lightsail, avec 512 Mo de RAM et 20 Go de stockage SSD, coûte 3,50 $ par mois. L’instance équivalente sur le service EC2 est la machine virtuelle t3.nano, dont le prix est de 0,0052 $ par heure, soit environ 3,74 $ par mois. Cependant, ce type d'instance EC2 n'inclut pas les coûts du stockage sur SSD ni celui du transfert de données. Avec une quantité de stockage SSD similaire à celle du forfait Lightsail, t3.nano revient à 5,34 $ par mois.

En haut de gamme, le forfait Lightsail de 160 $ par mois comprend une VM avec 32 Go de RAM, 640 Go de stockage sur SSD et 7 To de transferts de données. Cette offre est comparable à la machine virtuelle t2.2xlarge, qui comprend 32 Go de RAM pour 267,26 $ par mois sans stockage, ou 318,50 $ par mois avec 640 Go de stockage sur SSD.

En outre, les prix des machines virtuelles Windows Lightsail sont plus élevés que ceux des variantes Linux en raison des frais de licence. Les offres Windows commencent à 8 $ par mois pour 512 Mo de RAM, 30 Go de SSD et 1 To de transferts de données et vont jusqu’à 240 $ par mois pour 32 Go de RAM, 640 Go de stockage sur SSD et 7 To de transferts de données.

1/ Le coût des transferts. Certains frais de transfert sortants sont inclus avec Lightsail, mais pas avec EC2. Les forfaits Lightsail comprennent de 1 à 7 To de transferts de données gratuits, en fonction de la taille de l'instance. Les instances EC2 coûtent toujours 0,09 $ par Go transféré après le premier gigaoctet. Cela peut représenter 90 $ supplémentaires pour 1 To et 630 $ pour 7 To de données sortantes transférées par mois.

Le coût du transfert de données est l'un des plus grands différentiels entre Lightsail et EC2. Notez cependant qu’il n'est pas simple de faire évoluer dynamiquement les services Lightsail, que ce soit pour augmenter ou réduire leurs caractéristiques en fonction de la charge. A terme, cela peut entraîner des coûts plus élevés, surtout si vous devez sur-provisionner des ressources pour vous préparer aux pics.

2/ Attention au dé-commissionnement. En théorie, un développeur démarre une instance Lightsail et l’arrête lorsqu'elle n’est pas utile, pour économiser ses frais. En pratique, AWS facture toujours les instances Lightsail, même lorsqu’elles sont arrêtées. Pour suspendre le compteur, un développeur doit sauvegarder l'instance, puis la supprimer de Lightsail. L'entreprise doit par ailleurs s'acquitter d'une option pour conserver une adresse IP statique - afin de maintenir la continuité du serveur Web – quand elle n'est plus associée à l'instance Lightsail. Cette option ajoute 0,005 $ par heure ou 3,60 $ par mois.

Chaque compte est par ailleurs limité à vingt instances Lightsail, cinq adresses IP statiques et trois zones DNS. Cela peut convenir dans les cas d'utilisation simples, mais il est peu probable qu'une entreprise parvienne à mettre en place un déploiement Lightsail d’envergure dans ces limites.

Un inconvénient majeur est que Lightsail n'évolue pas dynamiquement aussi bien qu’EC2. Tout avantage apparent du point de vue des coûts peut finir en dépenses supplémentaires, car on aura tendance à sur-provisionner des ressources qui ne seront quasiment jamais consommées par peur de manquer.

Et chez les concurrents d’AWS ?

Plusieurs concurrents d’AWS proposent eux aussi des serveurs virtuels privés clés en main, notamment Google GCP et DigitalOcean. Ils offrent chacun des avantages légèrement différents. Par exemple, DigitalOcean s'attache à simplifier l'expérience des développeurs en provisionnant des services standard sous forme de « Droplets », sans aucun besoin d’administration. DigitalOcean propose également une interface utilisateur conviviale qui facilite la création d'une vaste bibliothèque d'instances préconfigurées. Son prix est comparable à celui de Lightsail.

En revanche, le prix chez Google GCP est plus élevé. Par exemple, une instance avec 2 Go de RAM et 50 Go de stockage coûte 20,73 $ par mois, contre environ 10 $ pour une offre comparable chez AWS ou DigitalOcean. Toutefois, GCP dispose d'une meilleure intégration avec ses autres services, notamment ses différents outils d'IA.

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