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Big Data et AI Paris : les salons au temps de la pandémie

Très attendu, un des plus gros salons IT français a finalement bien eu lieu cette semaine. Cette année, il était scruté aussi bien pour les tendances du domaine, qu’il pouvait révéler, que pour son organisation elle-même.

« Il y a un peu de monde, mais pas trop, au moins les distances sont respectĂ©es Â». Cette petite phrase, prononcĂ©e par un visiteur et volĂ©e au dĂ©tour d’un couloir sur le salon Big Data et AI Paris, rĂ©sume Ă  merveille l’édition 2020 de ce double Ă©vènement.

Initialement prévu pour mars, puis décalé à deux reprises, Big Data et AI Paris était très attendu. Pour le contenu, certes (lire ci-après). Mais aussi, voire surtout, pour observer in situ ce que serait un salon par temps de pandémie.

La réponse amène plusieurs remarques.

Respect strict des consignes et évènement hybride

La première est que la communautĂ© française, de l’IA, du Big Data et de la Data Science, semble largement plus respectueuse et rigoureuse que la moyenne de la population : le port du masque a Ă©tĂ© strict, aussi bien sur les stands que dans les salles (tĂ©moignages, parcours technique, etc.). Et il a Ă©tĂ© portĂ© correctement, nez compris (contrairement Ă  « tous ceux qui n’arrivent pas Ă  comprendre que le nez fait partie intĂ©grante de l’appareil respiratoire Â», comme le dit avec une ironie cinglante, mais juste, un collègue du MagIT). La probabilitĂ© de propagation du virus a donc Ă©tĂ© ramenĂ©e Ă  son plus bas ; la semaine Ă  venir dira si elle Ă©tait nulle.

Deuxième enseignement, la fréquentation sur site a été modérée, mais, a priori, satisfaisante.

Le salon Big Data Paris 2020
Le salon Big Data Paris 2020

Certains exposants, comme Indexima par exemple, estiment mĂŞme que l’audience Ă  leurs sessions techniques a Ă©tĂ© quasiment la mĂŞme que sur un Big Data « classique Â». L’organisateur, lui, avance sur son site officiel la venue d’environ 5 000 personnes, et autant en ligne sur la plateforme dĂ©veloppĂ©e pour l’occasion (qui n’a pas Ă©tĂ© exempte de bugs, un problème classique lorsque l’on essuie les plâtres).

« Notre mission est de crĂ©er la rencontre et d’apporter une information de qualitĂ©. Nous sommes heureux d’avoir rĂ©ussi Ă  mener Ă  bien cet objectif [dans ce contexte particulier] en rĂ©unissant 11.000 visiteurs en physique et en digital et avec les interventions en confĂ©rences et en ateliers des acteurs clĂ©s de la filière Big Data et AI », se rĂ©jouit ClĂ©mence Simmelide, Directrice ConfĂ©rences.

CĂ´tĂ© exposants, tous les noms importants Ă©taient lĂ , les « anciens Â» (Qlik, Tableau, IBM, Microsoft, SAP, SAS, etc.), comme les « nouveaux Â» (Databricks, Thoughtspot, Toucan Toco, DigDash, etc.). Enfin, presque tous lĂ .

L’impression Ă©tait en effet Ă©trange de passer devant certains stands, vides, avec kakemono, bannière et table installĂ©s, mais personne avec qui Ă©changer. C’était par exemple le cas de celui d’Oracle Cloud. « Nous y Ă©tions en mode virtuel ; et notre client La Poste sur notre solution Big Data Ă©tait prĂ©sent physiquement, pour un retour d’expĂ©rience Â», nous a prĂ©cisĂ© un porte-parole de l’éditeur. La rĂ©alitĂ© mixte Ă©tait donc bien au rendez-vous.

Embarquer les métiers

Sur le fond, parmi les stands les plus populaires, celui de Dataiku montrait bien que l’éditeur d’origine française est en train de devenir incontournable. Juste Ă  cĂ´tĂ©, comme pour un marquage serrĂ©, Alteryx affichait lui aussi une belle frĂ©quentation. Autre « star Â», GCP de Google est visiblement devenu une plateforme de prĂ©fĂ©rence pour les spĂ©cialistes de l’IA. Confirmation avec une session technique sur GCP qui a, d’un coup, rempli une salle (ce qui n’indique en rien que ses concurrents sont dĂ©laissĂ©s, mais qui montre bien que Google sĂ©duit de plus en plus).

Dans les salles justement, les tĂ©moignages ont lancĂ© d’autres « signaux faibles Â» (comme les aiment les analystes de la donnĂ©e).

Premièrement, de grands noms de l’économie française Ă©taient lĂ , avec des projets en production, des usages mĂ©tiers concrets et des ROI Ă  prĂ©senter. On citera pĂŞle-mĂŞle Suez, Carrefour, Monoprix, Orange, L’OrĂ©al, BNP Paribas, Air France, La Poste, Pernod-Ricard, Club Med, Faurecia, AXA, Engie, Total ou encore Renault et Airbus (liste non exhaustive) ; confirmant le constat de l’annĂ©e passĂ©e, sur la mise en production rĂ©elle du Machine Learning (voire du Deep Learning). Subtile nuance cette annĂ©e : les organisations planchent de plus en plus sur la meilleure manière d’embarquer les mĂ©tiers dans ces projets pour qu’ils utilisent (encore mieux) les insights.

Deuxièmement, ces diffĂ©rents cas ont traduit en creux le triomphe du cloud public, que ce soit pour le IaaS ou le PaaS – avec par exemple la prĂ©sence extrĂŞmement forte de la plateforme de Snowflakes.

Le nom de Dataiku (qui communique pourtant peu lui-même sur ses clients) était aussi présent sur les slides de beaucoup de ces comptes.

Vers la « frugalitĂ© des donnĂ©es Â» ?

Enfin, la thĂ©matique du « small data Â» ou de « l’IA frugale Â» â€“ comme on voudra l’appeler â€“ est en train d’émerger. En clair, comment faire de l’IA et entraĂ®ner des algorithmes quand on ne dispose pas de jeux de donnĂ©es plĂ©thoriques, par exemple quand le prĂ©sent diffère radicalement du passĂ© ? (RĂ©ponse aux prochaines Ă©ditions ?)

Pour clĂ´turer le salon, les TrophĂ©es de l’Innovation ont rĂ©compensĂ© Total Direct Énergie qui a « mis en place une organisation d’équipe transverse capable de partager une analyse commune entre les services Â» (oĂą l’on revient Ă  la problĂ©matique de la diffusion de la donnĂ©e), ainsi que la startup Fashion Data (pour un projet d’IA Ă©cologique) et Quinten (avec un projet d’IA appliquĂ©e Ă  la santĂ© publique) bien dans l’air du temps.

Une chose que les algorithmes prĂ©dictifs ne peuvent malheureusement pas dire est : quel sera l’avenir des salons IT ? Les organisateurs de Big Data Paris ont pour leur part, d’ores et dĂ©jĂ , donnĂ© rendez-vous au public l’annĂ©e prochaine, Ă  la rentrĂ©e. Sans pour autant prĂ©ciser plus la date. On a beau faire du Big Data, comme le dit le dicton : « la prudence est mère du succès Â».

N. B : l’auteur de l’article a prĂ©sentĂ© des retours d’expĂ©riences sur le salon

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