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Gestion de données : SAP prône une « transition en douceur » vers le cloud

La semaine dernière, SAP s’adressait à sa communauté de développeurs lors d’un TechED 2020 virtualisé. L’occasion de dévoiler les mises à jour et évolutions de ses produits de gestion de données, désormais hybrides. Le groupe allemand ne souhaite pas brusquer ses clients historiques.

Au lieu de mener son TechEd à Barcelone, SAP conduit son événement en ligne et à l’heure américaine, COVID oblige. Lors des itérations physiques de ce rendez-vous, l’éditeur allemand s’adressait plus directement aux développeurs et aux profils IT par le biais de sessions spécifiques. Cette année, Juergen Mueller, CTO du groupe, a présenté les annonces seul dans un décor virtuel. Selon toute vraisemblance, les responsables de la communication ont compris que les clients souhaitent mieux appréhender la direction technique de SAP.

En conséquence, le CTO a répondu aux interrogations de la communauté avec beaucoup plus de transparence que l’année dernière. « Il s’agit d’un keynote très différent. [Ilrépond] à des questions qui n’auraient pas fait surface publiquement, mais qui auraient formé un grondement sourd en arrière-plan », écrit Dennis Howlett, analyste et cofondateur de Diginomica, dans un tweet repris par le CTO.

Et si la communication de SAP a misé sur l’apport de fonctionnalités low-code/no-code, la conférence visait principalement à décrire l’avenir de ses produits phares.

À commencer par la relation de SAP avec le cloud. Il ne fait aucun doute que les clients de l’éditeur emploient majoritairement des produits sur site, même si de plus en plus de grands comptes adoptent ses solutions cloud. Selon les dires de ses responsables, il tente de ménager ceux qui ne l’ont pas rejoint dans son nuage informatique. En ce qui concerne la gestion de données, il a annoncé en 2019 le prolongement du support de BusinessObjects 4.3 et de BW/4HANA jusqu’en 2027.

HANA Cloud : SAP souhaite lui aussi unifier les usages analytiques

Lors du TechEd 2019, le groupe allemand mettait l’accent sur ses SAP HANA Cloud Services. Cette année, Juergen Mueller, CTO chez SAP, a vanté les capacités hybrides de SAP Hana Cloud. La base de données managées peut désormais épauler des systèmes on premise, que ce soit des SGBD SAP, l’ERP S/4HANA ou non.

HANA Cloud contient des fonctionnalités de fédération, de virtualisation et de réplication des données en temps réel pour les faire transiter des applications BI sur site vers SAP Data Warehouse Cloud, Analytics Cloud (SAC), un outil BI ou des logiciels personnalisés hébergés en cloud. HANA Cloud conserve son statut de SGBD multimodèle capable d’effectuer des traitements OLAP et OLTP, de gérer des requêtes SQL, des graphes ou encore des données géospatiales.

Mais selon Erik Marcadé, directeur SAP Labs Paris il s’agit de « proposer une transition en douceur vers le cloud ». « Il y a déjà le passage de HANA on premise vers HANA Cloud avec un connecteur dédié. Désormais, nous apportons le support de Sybase ASE et IQ dans la version cloud », déclare-t-il.

L’éditeur défend cette solution hybride pour ajouter des capacités in-memory et du stockage à moindres coûts. Il s’agit de donner un coup d’accélérateur à des systèmes sur site plus difficile à modifier, avec pour contrepartie une dépendance au réseau.

De même, Juergen Mueller a présenté une extension de la plateforme SOA SAP NetWeawer pour se connecter à Enteprise Messaging cloud service. Ce composant doit permettre de faire communiquer en temps réel les ERP ECC et SAP Cloud Platform grâce à une architecture orientée événement.

« Notre force provient ce parc on premise. Le but du jeu ce n’est pas de se mettre ces clients à dos, mais de leur donner petit à petit les moyens de transiter vers le cloud s’ils le souhaitent. »
Erik MarcadéDirecteur SAP Labs Paris

« C’est la politique générale de SAP : nous ne forçons pas les clients à migrer vers le cloud. C’est pour cette raison que nous avons étendu des dates de fin de maintenance pour être certains de leur laisser le temps d’adapter leurs stratégies. Notre force provient de ce parc on premise. Le but du jeu ce n’est pas de se mettre ces clients à dos, mais de leur donner petit à petit les moyens de transiter vers le cloud s’ils le souhaitent », complète le directeur.

Une gestion des données unifiée… et hybride

En ce sens, SAP HANA Cloud n’est plus seulement une DBaaS, elle se transforme peu à peu en un data lake propulsé par une couche ACID. Oui, SAP s’inscrit sans le dire dans la mouvance Lakehouse qui agite le secteur, mais y ajoute un zeste hybride, ce à quoi un acteur comme Databricks se refuse (en tout cas pour le moment). « Quand vous combinez HANA Cloud, qui est le moteur de Data warehouse Cloud, et les briques qui l’entourent, vous obtenez la même proposition de valeur », estime Erik Marcadé.

Ensuite, SAP Data WareHouse cloud profite de la disponibilité d’une offre standalone nommée Dataflow Builder. L’outil low-code doit simplifier l’intégration de données structurées et semi-structurées au format JSON et XML dans SDW Cloud. Il s’agit en clair d’un ETL pour combiner ces types de données depuis des espaces de stockage dans le cloud, des SGBD ou S/4HANA. Pour les transformations les plus poussées, comme de l’extraction de texte, data flow builder permet de manipuler des scripts. SAP fournit une librairie de scripts et promet le support de Python 3, ainsi que de Pandas et Numpy. Les opérations ETL/ELT peuvent être effectuées en temps réel ou planifiées.

Le builder comprend également une capacité nommée Story Designer, pour bâtir des modèles de données à partir des informations intégrées dans Data Warehouse Cloud et de les explorer via de la data visualization traditionnelle. « Nous réutilisons quelque chose qui existait déjà dans Data Intelligence. Nous transformons des fonctionnalités en service et nous les déployons dans plusieurs produits », précise Erik Marcadé. « Mais il s’agit d’ouvrir SAP Data Warehouse Cloud à davantage de sources de données telles que les dépôts Amazon S3 ».

SAP HANA Cloud
Un exemple de connexion hybride et multicloud avec HANA Cloud.

En parlant de data model, l’éditeur a présenté One Domain Model, un modèle de données commun pour les objets métiers dans SAP Business Technology Platform. Pour l’instant, celui-ci est compatible avec les ensembles de processus RH (Recruit to retire). Les autres grands mécanismes identifiés par SAP bénéficieront de cette unification.

Dans la même veine, SAP Graph est un outil de construction d’API apportant une couche d’uniformisation pour des systèmes sources existants. Il doit « emballer » des API legacy pour faire circuler les données au sein des différents produits utilisant le One Data Model. L’éditeur entend ainsi « simplifier le développement d’applications destinées aux métiers administratifs des entreprises ».

Un passage au cloud à plusieurs vitesses

Pour rappel, des analystes financiers promettaient à la fin du mois d’octobre un « avenir sombre » pour l’entreprise qui après avoir dévoilé ses résultats financiers avait vu son cours en bourse lourdement chuter. Ceux-ci lui reprochaient sa forte empreinte sur site alors que le marché s’oriente vers le cloud. D’autres experts pointaient les efforts importants de SAP pour s’adapter techniquement, mais le temps long du développement et de la migration des clients ne correspondent pas à l’instantanéité de la finance moderne.

Erik Marcadé s’exprime plus aisément à ce sujet sur son domaine d’expertise : SAP Analytics Cloud. Dans les colonnes du MagIT, nous évoquions le projet de La Poste, qui a choisi d’unifier sa couche de reporting sur SAC. Ce ne serait pas une généralité.

« Il y a un certain nombre de clients BusinessObjects qui sont clients de SAP Analytics Cloud, mais pas forcément pour les mêmes usages. La situation est plus hétérogène que vous l’imaginez et nous observons beaucoup de cas différents ».

« Il y a un certain nombre de clients BusinessObjects qui sont clients de SAP Analytics Cloud, mais pas forcément pour les mêmes usages. La situation est plus hétérogène que vous l'imaginez et nous observons beaucoup de cas différents. »
Erik MarcadéDirecteur SAP Labs Paris

Toutefois, le passage de BusinessObjects vers SAC serait en bonne voie selon le directeur SAP Labs Paris.

« La progression d’Analytics Cloud est très bonne. Je n’ai pas les chiffres publics, mais je vois mes tableaux de bord interne et je peux vous dire que [ce produit] fonctionne bien », assure-t-il. « Nous souhaitons faciliter la transition des outils de reporting sur site de toute la base installée BusinessObjects et ajouter la composante de construction de rapports ».

SAP Analytics Cloud s’adapte à l’analytique en temps réel

SAP Analytics Cloud comprend plusieurs fonctionnalités dites intelligentes rassemblées sous les appellations Smart Features et Predictive Planning.

Ces outils d’analytique avancée doivent faciliter la découverte, la préparation de données, leur visualisation ou encore apporter des recommandations adossées à des prévisions ou des indicateurs.

« Notre point différenciateur, c’est de proposer dans une plateforme unique du planning, de l’analytique et du prédictif. Pour l’instant, nous sommes les seuls à le faire », déclare fièrement Erik Marcadé.

Mais les utilisateurs ne seraient pas, pour l’heure, très friands de ces capacités intelligentes. « Les clients ont pris des habitudes quant à la manière d’exploiter les produits. Nous n’avons pas franchi la généralisation des usages de l’analytique avancée », tempère-t-il. Ils recherchent d’abord la performance ».

L’équipe du directeur du SAP Labs Paris concentre son activité sur l’optimisation des accès aux informations.

 « Nous souhaitons améliorer en particulier la vitesse d’accès aux données en direct et des requêtes BI, l’agilité du predictive planning et la scalabilité concernant de gros volumes de données », assure Erik Marcadé.

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